Mali : treize militaires français tués en opération contre des djihadistes

Par Michel Cabirol  |   |  908  mots
Deux hélicoptères, un Cougar et un Tigre (photo), sont entrés en collision, s'écrasant à courte distance l'un de l'autre.
Treize militaires français engagés au sein de l'opération Barkhane sont morts au Mali lors d'un accident entre deux hélicoptères, un Tigre et un Cougar.

Article réactualisé à 15h10

La France paie un lourd, un très lourd tribut à la sécurisation de la bande sahélo-saharienne. Treize militaires français engagés au sein de l'opération Barkhane, qui mobilise 4.500 soldats tricolores, sont morts lundi peu avant 20 heures lors d'un accident entre deux hélicoptères, un Tigre et un Cougar, dans le Liptako malien. Des soldats d'élite aguerris et rompus aux engagements dans des conditions extrêmes, a précisé mardi la ministre des Armées, Florence Parly, lors d'une conférence de presse en présence du chef d'état-major des armées, le général François Lecointre. "Selon toute vraisemblance, un abordage entre ces deux aéronefs évoluant à très basse altitude serait à l'origine de l'accident. Ils participaient à une opération d'appui aux commandos de la force Barkhane qui étaient au contact de groupes armés terroristes", a expliqué l'état-major des armées dans un communiqué publié ce mardi.

"J'ai appris avec une profonde tristesse que 13 militaires de l'opération Barkhane ont péri hier soir, lundi 25 novembre 2019, lors de l'accident en vol de deux hélicoptères de l'armée de Terre au Mali, au cours d'une opération de combat", a annoncé la ministre des Armées, Florence Parly dans un communiqué publié mardi matin. Elle ira très prochainement à Gao pour rendre hommage aux soldats morts pour la France en compagnie du général Lecointre et du chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Thierry Burkhard

Pour sa part, le président de la République a salué avec "le plus grand respect la mémoire de ces militaires de l'armée de terre, six officiers, six sous-officiers, et un caporal-chef, tombés en opération et morts pour la France dans le dur combat contre le terrorisme au Sahel", selon un communiqué publié mardi par l'Elysée. Il s'est incliné "devant la douleur de leurs familles et de leurs proches et leur adresse ses plus sincères condoléances, en les assurant de l'indéfectible solidarité de la Nation". Emmanuel Macron devrait présider une cérémonie qui devrait se ternir "dans les jours prochains" aux Invalides en hommage aux 13 soldats tués dans un accident aérien au cours d'une opération de combat.

Collision entre un Cougar et un Tigre

Engagés au sol depuis le 22 novembre, des commandos parachutistes traquaient sur la route entre Gao et Ménaka un groupe de terroristes, débusqués quelques heures plus tôt, qui évoluaient en pick-up et à motos. Très rapidement, ils ont été renforcés par des hélicoptères et une patrouille de Mirage 2000. Un hélicoptère Cougar, avec à son bord six commandos de montagne et un chef de mission, a alors été engagé "pour coordonner l'ensemble des moyens, tout en étant en mesure d'intervenir pour assurer l'extraction immédiate d'un élément au sol", a expliqué l'état-major des armées.

Mais vers 19h40, pendant la manœuvre au cours d'une nuit très noire et destinée à préparer l'engagement de l'ennemi, l'hélicoptère Cougar et un Tigre sont entrés en collision, s'écrasant à courte distance l'un de l'autre. Aucun des militaires embarqués n'a survécu. Une opération de secours et de sécurisation de la zone d'accident est en cours. De nombreux moyens de la force Barkhane sont encore engagés. Pour le chef d'état-major des armées, cet accident est survenu dans des "circonstances particulières" et "dans des conditions opérationnelles exigeantes", a fait observer le général Lecointre : "par nuit noire sous le feu ennemi".

"Les pilotes envoyés en opération sont formés, expérimentés (...) C'était une opération difficile, de nuit, de niveau 5", a-t-il expliqué. "C'est un accident avec des hélicoptères qui manœuvraient pour détecter l'ennemi au sol".

Treize militaires morts pour la France

Les treize militaires morts au combat sont les deux membres d'équipage du Tigre du 5e  Régiment d'hélicoptères de combat (5e RHC), les cinq membres d'équipage du Cougar
(5e  RHC également), quatre opérateurs du Groupement commandos montagne (GCM) du 4e  Régiment de chasseurs (4e RCH), un opérateur GCM du 93e Régiment d'artillerie de montagne (93e RAM) et un opérateur GCM du 2e Régiment étranger du génie (2e REG). Soit six officiers, six sous-officiers et un caporal chef. Le chef d'état-major des armées s'est incliné avec "une profonde tristesse devant la mémoire de ces treize militaires, morts pour la France", selon le communiqué de l'état-major des armées. Au total, 38 militaires français sont morts au Mali depuis le début des opérations en 2013 lancées par François Hollande.

"Une enquête est ouverte afin de déterminer les circonstances exactes de ce drame", a souligné la ministre des Armées, Florence Parly dans le communiqué. Les boites noires des deux hélicoptères, qui n'ont pas de dispositif anti-collision pour des raisons de discrétion opérationnelle, ont d'ailleurs pu être récupérées, a précisé le général François Lecointre lors de la conférence de presse. Le Bureau d'enquête et d'analyse (BEA) s'est saisi du dossier, qui n'est "pas un accident ordinaire", a martelé le chef d'état-major des armées.