Pourquoi la nomination de Florence Parly au ministère des Armées fait grincer les dents

Par Michel Cabirol  |   |  586  mots
L'arrivée de Florence Parly, une spécialiste des dossiers budgétaires, au ministère des Armées suscite des interrogations. En outre, son mari Martin Vial est Commissaire aux participations de l'Etat.

Décidément Emmanuel Macron aime bien jouer avec les militaires et les industriels de la défense. Après avoir déniché Sylvie Goulard, c'est au tour de la très inattendue Florence Parly de se glisser dans le treillis de ministre des Armées. Personne n'avait pronostiqué son arrivée à l'Hôtel de Brienne, les noms les plus fréquemment cités étant Jean-Pierre Raffarin, président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, Arnaud Danjean, député européen (Les Républicains) spécialiste des questions de défense, les députés de La République en marche, Gwendal Rouillard et Jean-Jacques Bridey, spécialistes également des questions de défense ou encore Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France.

Mais ce qui surprend le plus dans cette nomination dans la communauté industrielle de la défense, c'est que Florence Parly est à la ville l'épouse de Martin Vial, qui n'est autre que le patron de l'Agence des participations de l'Etat (APE) depuis août 2015. Certains avancent qu'on n'est pas loin du conflit d'intérêt entre une ministre chargée de signer des commandes aux groupes de défense et l'APE chargée de gérer le patrimoine de l'Etat. En outre, l'Agence est notamment actionnaire de la plupart des groupes de défense français (Airbus, DCI, DCNS, Nexter, Safran, Thales), Martin Vial siégeant même au conseil d'administration de Thales. Cette nomination soulève quelques interrogations dans la communauté industrielle de la défense... A suivre.

Une budgétaire aux armées

La prise de fonctions de Florence Parly, révélée par Lionel Jospin et inconnue des milieux de la défense, surprend dans les rangs de militaires déjà échaudés par le passage-éclair de l'ex-eurodéputée Sylvie Goulard, qui a préféré démissionner mardi face à l'enquête visant son parti, le MoDem. La nouvelle ministre va faire ses premiers pas vendredi au salon du Bourget où elle va être scrutée. Emmanuel Macron a promis d'atteindre l'objectif des 2% du PIB pour la Défense en 2025 (un budget de plus de 50 milliards d'euros, hors pensions, hors surcoûts des opérations extérieures et hors service national).

Mais les plus sceptiques redoutent un report de l'effort en fin de période, alors que les militaires ne cessent de souligner l'urgence d'une hausse des financements. En 2017, le budget du ministère s'élève à 32,7 milliards d'euros, dont 250 millions issus de recettes exceptionnelles (0,8% du budget), notamment générées par les cessions immobilières. Pour le député (Les Républicains) François Cornut-Gentille, spécialiste des problématiques financières de la Défense, "c'est Bercy qui pilote désormais le ministère de la Défense".

Pour autant, pour les plus optimistes, les compétences de Florence Parly, spécialiste des questions budgétaires, pourraient être un atout précieux dans les négociations toujours musclées entre la Défense et Bercy. "Ce n'est pas un match cordial, il n'y a pas de solidarité gouvernementale, et le Défense est toujours la cible silencieuse dès qu'il s'agit d'arbitrages", avait récemment expliqué Jean-Pierre Raffarin auteur d'un rapport intitulé "2 % du PIB pour la défense". Dès son arrivée au ministère des Armées, Sylvie Goulard avait pu mesurer la bataille qui l'attendait en découvrant des gels de crédits à hauteur de 2,7 milliards d'euros pour 2017.