Rafale en Inde : la signature d'un contrat semble peu probable

Par Michel Cabirol  |   |  613  mots
Le Rafale de Dassault Aviation devra encore patienter avant d'atterrir en Inde
Signera, signera pas ? A priori, il manque encore un peu de temps à l'Inde pour signer le contrat commercial portant sur l'acquisition des 36 Rafale lors de la venue de François Hollande à New Delhi. Dassault Aviation et New Delhi discutent encore du prix des avions de combat tricolores.

François Hollande devra patienter. Car a priori les planètes ne sont pas encore tout à fait alignées pour que New Delhi signe un chèque pour l'acquisition de 36 Rafale lors de la visite d'État de trois jours du président français, qui débute dimanche. Rien de grave mais l'Inde et Dassault Aviation discutent encore... du prix, selon des sources concordantes. Il y a quelques jours encore, New Delhi attendait une nouvelle proposition de l'avionneur tricolore.

Pas un nuage à l'horizon

Bref, le Premier ministre indien Narendra Modi ne pourra vraisemblablement pas annoncer une  commande définitive. Tout le reste est prêt, y compris l'accord intergouvernemental (AIG) entre la France et l'Inde. Surtout, il n'y a pas de nuages à l'horizon. La signature du contrat est juste une question de temps. Le montant de la commande est estimé entre 10 et 12 milliards d'euros, hors armements.

Toutefois, l'Inde et Dassault Aviation pourraient signer en début de semaine prochaine un protocole d'accord afin de ne pas faire perdre complètement la face à François Hollande, l'invité d'honneur de la fête nationale ("Republic Day"). Il est également possible que l'accord intergouvernemental soit signé à l'occasion de la visite du Chef de l'Etat, qui va rencontrer Narendra Modi à plusieurs reprises à partir de lundi. "Cette invitation traduit la qualité et le dynamisme du partenariat stratégique entre l'Inde et la France qui sera encore renforcé à cette occasion", avait d'ailleurs jugé l'Élysée dans un communiqué publié le 16 décembre dernier.

Le ministère de la Défense recommande l'achat du Rafale

Le ministère de la Défense indien avait annoncé le 8 décembre dernier dans un communiqué que l'équipe de négociation, qui a été constituée pour discuter des conditions générales de l'achat de 36 Rafale, a "recommandé un projet d'accord". New Delhi expliquait toutefois que les réunions entre l'Inde et Dassault Aviation se poursuivaient.

Ces appareils ainsi que les systèmes associés et les armements devront être livrés "dans la même configuration" que celle exigée dans le cadre du contrat M-MRCA, qui a été annulé par New Delhi. Les appareils avaient été testés et approuvés par l'armée de l'air indienne. En revanche, le ministère a demandé à ce que la France garde une responsabilité dans la maintenance des appareils beaucoup plus longue que dans M-MRCA.

Une flotte d'avions de combat dangereuse

Le Rafale "se rapproche" de son premier contrat en Inde, avait par ailleurs assuré début novembre le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier. "Avec l'Inde, le mot le plus important, c'est la patience", a rappelé Eric Trappier. "Je pense que nous nous rapprochons du but avec un premier contrat pour 36 avions. Ça donnera lieu très certainement à d'autres après". Le Premier ministre indien avait annoncé en avril, lors de sa visite en France, une commande de 36 avions de chasse de Dassault "sur étagère", soit prêts à voler.

Ces avions de combat seront utiles pour protéger l'espace aérien indien. Car lors de ces trois dernières années (de 2013 à fin novembre 2015), l'Inde a comptabilisé 32 violations au total de son espace aérien par des avions de pays étrangers. En outre, durant les dix dernières années entre 2003 et 2013, l'armée de l'air indienne (Indian Air Force ou IAF), quatrième puissance aérienne mondiale, a perdu 38 MiG-21, selon le ministère de la défense indien. L'IAF dispose encore d'une flotte de 254 MiG-21 en service, qui vont progressivement être retirés des bases aériennes, notamment les MiG-21 T-77. Les premiers MiG-21 sont entrés en service dans l'armée de l'air indienne en mars 1963.