Rafale : la Belgique claque la porte à la France

Par Michel Cabirol  |   |  698  mots
"Nous ne pouvons que constater que les Français ne souhaitent pas participer à la compétition telle que définie par la décision du Conseil des ministres du 17 mars" (lançant l'appel d'offres), a expliqué le ministre belge de la Défense, Steven Vandeput.
Le ministre de la Défense Steven Vandeput a affirmé mercredi que la France n'avait pas répondu à l'appel d'offres de la Belgique pour l'achat de 34 avions de combat. Selon lui, la France ne souhaite pas participer à la compétition. A Paris, on estime que Bruxelles, qui ne s'est pas encore prononcé sur la proposition de "partenariat approfondi" de la France, n'a pas fermé la porte au Rafale.

C'est une demi-surprise, la France s'est mis hors-jeu en Belgique en ne répondant pas aux règles de l'appel d'offres pour l'acquisition de 34 avions de combat destinés à remplacer les F-16 belges, selon l'agence de presse Belga. Le ministre de la Défense Steven Vandeput a constaté mercredi ce défaut de la France : "je ne vois aucun élément qui n'aurait pas permis à la France de remettre une proposition gouvernementale détaillée conformément à ce qui était demandé dans le RfGP (l'appel d'offres lancé en mars par le ministère de la Défense, ndlr)", a-t-il affirmé en commission de la Défense de la Chambre.

La ministre de la Défense Florence Parly n'a remis "aucune offre de prix, ni aucune réponse n'a été transmise par la France aux 164 questions posées aux candidats dans le RfGP et qui aurait dû constituer, en substance, la proposition gouvernementale attendue", a précisé Steven Vandeput. Il se fonde sur une analyse juridique de la proposition du gouvernement français, elle estime qu'elle n'est pas recevable "car elle n'entre pas dans la procédure de marche public lancé le 17 mars 2017. En conséquence, "nous ne pouvons que constater que les Français ne souhaitent pas participer à la compétition telle que définie par la décision du Conseil des ministres du 17 mars" (lançant l'appel d'offres), a-t-il assuré.

Quid du partenariat approfondi?

Par ailleurs, le ministre de la Défense a souligné qu'il revenait au gouvernement fédéral dans son ensemble de répondre à une proposition de "partenariat approfondi" formulée début septembre par Paris autour du Rafale. Toutefois, selon le ministre, si le gouvernement continue à "prendre en compte" la proposition des Français, il s'exposerait ainsi à de vives critiques. Cette déclaration laisse donc entendre que l'on se dirige bien vers un rejet de la proposition et, donc, un duel entre le F-35 de l'américain Lockheed Martin et l'Eurofighter Typhoon du consortium européen Eurofighter (BAE Systems, Airbus et Leonardo). Pour autant, au ministère des Armées, on estime que la Belgique, qui ne s'est pas encore prononcée sur la proposition de partenariat approfondi de la France, n'a pas fermé la porte à Paris.

"C'est au gouvernement de décider ce qui doit se passer avec la lettre (du 6 septembre dernier) de ma collègue française", Florence Parly, sur un partenariat approfondi et structurant bâti autour de l'avion de combat Rafale du groupe Dassault Aviation, a expliqué le ministre.

En outre, selon la RTBF,  la lettre de deux pages envoyée par la ministre française a été rédigée en français. Il s'agit là d'une première erreur de procédure, le document devant être rédigé en anglais. Et, selon les informations de la radio et télévision belge RTBF, le nom du ministre belge Steven Vandeput aurait même été écorché par son homologue française.

La proposition française

Dans le cadre de l'offre française, la ministre des Armées, Florence Parly, a proposé à son homologue belge Steven Vandeput "la mise en place d'un partenariat approfondi" entre les deux pays, "pour répondre au besoin exprimé par l'armée de l'air belge", avait expliqué début septembre le ministère des Armées dans un communiqué. La France propose un "partenariat structurant", qui pourrait prendre la forme d'un accord intergouvernemental.

Selon le ministère, ce partenariat comprendrait la fourniture du Rafale. Plus précisément, la Belgique prendrait part à la définition du standard de l'avion de combat tricolore ainsi qu'aux modernisations de l'appareil. Ce partenariat comprend également "une coopération approfondie entre nos deux armées de l'air dans les domaines opérationnels, de formation et de soutien, ainsi qu'une coopération industrielle et technique impliquant des entreprises des deux pays".

"Cette proposition d'un partenariat global allant bien au-delà des seuls équipements militaires consoliderait la relation ancienne et profonde entre nos deux pays, a estimé le ministère de la Défense. Elle contribuerait au renforcement de l'Europe de la Défense et de son autonomie stratégique, à une période où celle-ci est plus que jamais nécessaire".