Remotoriser l'A380 ? ce n'est pas le moment dit Airbus à Emirates

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  637  mots
Emirates avait choisi Engine Alliance (une alliance entre General Electric et Pratt&Whitney) pour les 90 premiers exemplaires.
En aparté de la signature d'un accord avec Rolls Royce pour fournir les moteurs des 50 derniers A380 commandés par Emirates, le président de la compagnie du Golfe a indiqué qu'il attendait toujours une décision d'Airbus à propos de la remotorisation de l' A380.

Pas de remotorisation à court terme de l'A380 en dépit des multiples demandes d'Emirates, le plus gros client du super jumbo. Alors que le président de la compagnie du Golfe a encore répété ce vendredi, lors de l'annonce du choix de Rolls Royce pour remotoriser les 50 derniers exemplaires commandés, qu'il attendait toujours une décision d'Airbus sur une version Neo (new engine offer). Il peut attendre longtemps. Peu avant, à Paris, devant l'association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE), Fabrice Brégier, le PDG d'Airbus, est une nouvelle fois resté sourd à cette demande.

"Emirates a décidé de sélectionner Rolls-Royce pour les 50 exemplaires suivants. Il s''agit du moteur actuel de Rolls Royce, il est à disposition, n'y voyez pas là une marque évidente pour le futur", a-t-dit en précisant qu'il entendait la demande de son client, laquelle constitue "une donnée importante".

"Si nous ne le lançons pas alors que le plus gros client veut en acheter, c'est que ce n'est pas le temps pour cela. Le temps, c'était de choisir la remotorisation pour leur 50 A350 dans la définition actuelle puis on verra dans l'avenir", a-t-il déclaré.

Des évolutions un jour

Et d'ajouter : «un jour, il y aura des évolutions sur l'aérodynamique et sur la motorisation comme nous le faisons sur l'ensemble de la gamme, mais il faut les lancer lorsque nous considérons que le temps est venu et qu'il y a un business case (des éléments qui justifient un projet du point de vue des coûts et des bénéfices, ndlr) (...).

Pour Fabrice Brégier, le choix de la remotorisation de l'A380 doit répondre à la même logique que celle qui a conduit à la remotorisation de l'A320. Au préalable, il faut répondre à un certain nombre de questions: "y aura-t-il un marché? est-ce la bonne réponse à ce marché? Quand faut-il le lancer? Quelles sont les conditions de partage des coûts développement? Ce programme sera-t-il rentable à terme? Ce sont des questions classiques que l'on s';est posées pour le lancement de l'A350XWB", a rappelé le président d'Airbus. Sauf que "le marché est plus étroit". "Il faut être vigilant, nous avons des capacités d'investissement qui ne sont pas infinies non plus. Il faut regarder cela dans un cadre raisonné et global", a souligné Fabrice Brégier.

Ce dernier a rappelé que la cabine pouvait être réaménagée, avec plus de sièges en classe économique. Ce qui permettrait de faire baisser les coûts au siège selon lui. Un projet qui n'est pas la priorité d'Emirates qui recherche en fait une augmentation du rayon d'action pour étendre la desserte des Etats-Unis.

Le plus contrat de l'histoire de Rolls Royce

Comme le dévoilait jeudi La Tribune, la compagnie de Dubaï, a annoncé ce vendredi avoir confié, au britannique Rolls-Royce la motorisation de ces derniers 50 A380 commandés en décembre 2013, un contrat portant sur 9,2 milliards de dollars. Rolls-Royce va fournir ses moteurs Trent 900 pour ces A380 qui entreront en service à partir de 2016. Le contrat comprend la fourniture des moteurs et leur maintenance à long terme.

Il s'agit d'un changement de motoristes. Emirates avait choisi Engine Alliance (une alliance entre General Electric et Pratt&Whitney) pour les 90 premiers exemplaires.

"N'ous avons été impressionnés par ses engagements d'amélioration continuelle en terme économique et de performance pour le Trent 900. Ces améliorations ont constitué des facteurs décisifs dans notre choix de ces produits pour 50 de nos A380", a souligné Tim Clark, lors d'une conférence de presse à Londres.

Le directeur général de Rolls-Royce, John Rishton, a salué la "confiance placée par Emirates en notre technologie, avec cette commande qui constitue la plus importante de notre histoire".