Safran va ouvrir de nouvelles usines dans les pays "low cost"

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  649  mots
Philippe Petitcolin, directeur général de Safran (Crédits : R. Meigneux / SIPA)
La création de deux sites pour la maintenance du moteur Leap, l'un en Asie, l'autre en Europe, sera annoncée en 2020. Safran entend par ailleurs créer une autre usine au Mexique pour y transférer des activités de fabrication de cabines d'avions aujourd'hui installées en Californie.

Après avoir fait le choix en début d'année d'ouvrir deux nouveaux sites de production en France, à côté de Bordeaux pour l'une, dans la région lyonnaise pour l'autre, le groupe Safran va également investir dans les pays à faibles coûts de main d'oeuvre.

"Nous allons annoncer en 2020 la création de deux usines spécialisées dans le MRO (maintenance, repair and operations) du moteur Leap. L'une sera en Asie, l'autre en Europe", a expliqué ce lundi soir le directeur général de Safran Philippe Petitcolin lors d'une rencontre avec la presse, en citant comme pays potentiels "l'Inde, le Vietnam, la Pologne et la Roumanie".

Ces deux usines, qui nécessiteront chacune un investissement d'une centaine de millions d'euros, seront mises en service en 2022 pour la première, en 2024-25 pour la seconde. Pour rappel, une usine pour la production de pièces de rechange du moteur Leap vient d'ouvrir en Inde, à Hyderabad.

Succès du moteur Leap

Construit par General Electric et Safran dans le cadre d'une entreprise commune, CFM International, le moteur Leap équipe une partie des A320 Neo, mais aussi les B737MAX aujourd'hui immobilisés depuis le mois de mars et l'avion chinois C919 en cours de certification. Lancé officiellement en 2008, avant d'être choisi par Airbus en 2010 pour la remotorisation de l'A320, ce moteur connaît un succès extraordinaire avec plus de 18.700 exemplaires commandés.

Une autre usine pourrait également voir le jour l'an prochain au Mexique cette fois dans l'activité des cabines d'avions héritée de Zodiac Aerospace, racheté par Safran l'an dernier.

"Nous avons le projet d'ouvrir une nouvelle usine à Chihuahua", a expliqué Philippe Petitcolin. Le groupe est fortement présent au Mexique, non seulement à Chihuahua, mais aussi à Queretaro, à Tijuana et à Mexico.

Visiblement, Safran peut avoir à disposition un site neuf très rapidement ("en trois mois"), et Philippe Petitcolin veut des "retombées positives dès la fin de l'année 2020".

Transfert d'activités de Californie au Mexique

L'idée est de transférer au Mexique des activités de fabrication de cabines d'avions (panneaux, galleys, coffres à bagages...) aujourd'hui installées en Californie. Ceci dans le but de baisser les coûts et "tenir les objectifs économiques" pris lors du rachat de Zodiac Aerospace. La direction de Safran s'était en effet engagée à redresser l'activité "sièges et cabines d'avions" qui était en grande difficulté, et à porter sa rentabilité à 13% à l'horizon 2021-2022, un niveau proche des autres activités de Safran. Au premier semestre, l'activité "intérieur d'avions"était de 5% environ, en hausse d'environ deux points.

"Nous savons que nous allons y arriver, c'est une question de temps", assure Philippe Petitcolin.

"Trou d'air"

Ce transfert d'activités au Mexique vise à compenser le "trou d'air" de livraisons qui se profile en raison de l'absence de prises de commandes enregistrée il y a quelques années par Zodiac Aerospace, quand Airbus et Boeing avait tous deux déréférencés ses produits en raison des problèmes de qualité rencontrés et des retards de livraisons.

"On va le payer maintenant", explique Philippe Petitcolin, exactement "à partir du deuxième semestre 2020 et jusqu'en 2021".

Pour rappel, avant son rachat par Safran, Zodiac a connu une crise industrielle majeure il y a quatre ans, qui s'est traduite non seulement par des gros retards des livraisons de sièges et autres équipements de cabine d'avion, mais aussi par des problèmes de qualité.

Philippe Petitcolin a convaincu les avionneurs de les maintenir dans leur catalogue. Les questions de retard et de qualité ont été effacées et les ventes reviennent. Le groupe vient même de signer un contrat pour fournir les sièges de classe affaires sur les A350 d'une compagnie, dont le nom n'a pas été communiqué. Mais les livraisons ne commenceront pas avant 2022.

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