Place aux tenues camouflage anti-Big Brother

Par Marina Torre  |   |  540  mots
Tout en saluant les révélations d'Edward Snowden sur la NSA, la jeune marque londonienne The Affair répond à la curiosité des antennes Wi-Fi, RFid bluetooth etc par un dispositif “anti-big brother“ qui repousse les (mauvaises ?) ondes. (image tirée de la vidéo de présentation de la marque The Affair)
Les antennes se glissent partout, jusque dans les mailles de nos vêtements. Mais il existe des parades sous forme de vestes, écharpes ou poches protectrices. Histoire de passer en mode furtif grâce aux textiles conçus pour... se déconnecter.

"Inspiré par Orwell, fabriqué pour Snowden". Un slogan qui claque sur sa page Kickstarter et une idée en vogue : protéger sa vie privée désormais compressée en quelques milliers de bits facile à subtiliser et contenus dans nos appareils mobiles. Il n'en fallait pas plus pour réunir en un mois sur le site de crowdfunding près du double des 25.000 livres (environ 31.740 euros) recherchés pour créer cette collection de vêtements conçue pour se soustraire aux yeux électroniques et aux oreilles numériques indiscrètes.

1984

L'argument reste surtout publicitaire. Car, certes, la ligne "1984", créé par la marque londonnienne The Affair, promet de bloquer le passage des ondes cellulaires, Wi-Fi, GPS et RFID. Mais pour cela, elle recourt à un système déjà éprouvé: une simple pochette amovible recouverte d'un matériau spécial dans lequel il suffit de glisser son appareil mobile.

La pochette seule coûte 18 livres (23 euros environ). Pour s'offrir le blazer qui va avec, il faut rajouter 54 livres (68,5 euros) soit 72 livres pour le tout. Problème : UnPocket - c'est le nom de cette poche - "bloque tous les signaux radio émis ou entrant, mais il n'empêche pas votre téléphone de chercher un signal", reconnaissent ses concepteurs. Autrement dit, elle contribue à décharger la batterie du mobile plus rapidement que la normale. D'après les fondateurs de The Affair, pour un iPhone 5, la batterie perdrait ainsi en moyenne de 8% à 11% de son chargement en 8 heures de veille contre 5% à 8% normalement.

Burqa anti-drone

Un autre designer est allé bien plus loin. Adoptant une démarche quasi-artistique, l'américain Adam Harvey, un scientifique à l'origine, vend ainsi depuis 2013 des "burqas  anti-drone". Ces capes mais aussi casquettes, écharpes ou capuches sont fabriquées dans un tissu qui rendent invisibles le dégagement de chaleur du corps humain, limitant les capacités de détection des caméras thermiques. Ce même Adam Harvey avait déjà créé un système de camouflage pour éviter la reconnaissance faciale.

Argument santé

Depuis déjà plusieurs années des fabricants proposent des systèmes de protection contre les ondes, comme cette ceinture de grossesse, ou encore ce tissu « anti-ondes » pour costume d'homme "Made in France" par exemple.

Là, il s'agit plutôt de promouvoir l'argument santé, en raison de la crainte qu'une exposition plus ou moins prolongée avec des ondes (Wi-Fi ou autres) soit nocive pour la santé, notamment pour le développement du fœtus. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), dans une étude publiée en 2013, dit manquer de preuves suffisantes pour conclure à des effets néfastes pour l'adulte ou l'enfant. Mais, par précaution, l'organisme préconise tout de même de privilégier l'usage des kits mains libres pour les appels longs et de "réduire l'exposition des enfants en incitant à un usage modéré du téléphone mobile." Les vêtements anti-ondes n'en sont donc probablement qu'à leurs toutes premières collections.

Smuggler, une entreprise de Limoges, a développé avec l'université de la ville un costume doté d'une poche "blindée" contre les ondes électromagnétiques.

Pour aller plus loin:

>> Géolocalisation : les mouchards numériques envahissent les magasins