Aliments "bio" : le marché accélère

Par Giulietta Gamberini  |   |  519  mots
Deux tiers des exportations bio sont du vin.
En 2015, les ventes ont progressé de presque 15% par rapport à l'année précédente. La production sur le sol français a aussi bénéficié de cet essor du marché : les surfaces bio ont augmenté de 23%.

Ininterrompue depuis 1999, la croissance du marché français des aliments biologiques enregistre un nouveau bond. En 2015, les ventes ont atteint une valeur de 5,76 milliards d'euros, soit 14,7% de plus que l'année précédente, a révélé mercredi 25 mai l'Agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique (Agence Bio). Désormais, neuf Français sur dix consomment des produits bio, dont 65% au moins une fois par mois. Les rayons frais et épicerie sont les plus appréciés.

La vente directe et les magasins spécialisés ont le vent en poupe

Cette croissance intéresse la consommation à domicile comme la restauration collective. Dans le cadre de cette dernière, le secteur scolaire est le plus concerné, poussé par la forte demande des parents : trois quarts des établissements proposent ainsi désormais des aliments bio. Globalement, en 2015, le marché bio représentait 3,2% des achats alimentaires de la restauration à caractère social, contre 0,6% en 2008.

Quant à la consommation à domicile, si les grandes et moyennes surfaces représentent 45% du marché, la vente directe et les magasins spécialisés sont les circuits qui progressent le plus. Le nombre de distributeurs a ainsi crû de 8% en 2015.

Le "Made in France" progresse

Cercle vertueux, l'engouement des Français pour le bio dope aussi la production locale : malgré la croissance du marché, en 2015 trois quarts des produits bio consommés dans l'Hexagone étaient "Made in France". Les exportations ont par ailleurs elles aussi crû de 27%, pour atteindre la valeur de 435 millions d'euros - dont les deux tiers représentés par le vin.

Cette performance est rendue possible par la progression des producteurs et des surfaces bio, respectivement de 9% et 23% en 2015 par rapport à l'année précédente, explique l'agence, soulignant que chaque mois de l'année dernière a comptabilisé plus de 200 nouvelles fermes bio. En 2015, 6,5% des fermes et 5,1% du territoire agricole français étaient bio ou en voie de le devenir, la moitié étant située dans trois régions : Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées; Auvergne et Rhône-Alpes; Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes. Si toutes les filières bio sont concernées par la hausse, le secteur des grandes cultures affiche un développement sans précédent, ce qui nourrit l'espoir que fin 2017 les meuniers français pourront répondre à la croissance du marché en s'approvisionnant totalement en blé bio de l'Hexagone.

100.000 emplois

Globalement, en 2015, les secteurs de l'agriculture biologique, de la transformation et de la distribution de ses produits représentait ainsi plus de 100.000 emplois en équivalent temps plein en France, dont "seulement" 2.000 dépendant des actions de contrôle spécifiques à ces activités. Les emplois agricoles bio constituent 10% du total des emplois agricoles français.

Et la tendance positive pour cet "or vert" semble se confirmer pour 2016, puisque les premiers résultats du premier trimestre attestent d'une croissance du marché d'environ 20%. 93% des consommateurs bio interrogés déclarent d'ailleurs qu'ils maintiendront voire augmenteront leur niveau d'achats bio en 2016, relève l'Agence Bio. "A ce rythme, le marché pourrait atteindre les 10 milliards d'euros à l'horizon 2020", va jusqu'à espérer son président Didier Perréol.