Colère des agriculteurs  : la FNSEA, « inquiète » du silence du gouvernement, menace de reprendre les actions

Par latribune.fr  |   |  817  mots
Arnaud Rousseau, patron de la FNSEA, a expliqué qu'il doit être reçu par le Premier ministre Gabriel Attal mardi après-midi mais que « depuis 10 jours », il n'a « pas eu de rencontre ministérielle ». (Crédits : © ARNAUD FINISTRE/AFP)
A moins de deux semaines de l'ouverture du salon de l'Agriculture, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a mis en garde le gouvernement d'une reprise des actions des agriculteurs si des efforts concrets ne sont pas réalisés d'ici là.

[Article publié le lundi 12 février 2024 à 08h19 et mis à jour à 10h31] La FNSEA ne désarme pas. « On n'est pas dans le bon tempo (...), il faut accélérer le tempo », a averti le patron du premier syndicat agricole, Arnaud Rousseau, au micro de BFMTV, dimanche. Résultat, il envisage même une reprise des actions des agriculteurs si des efforts concrets ne sont pas réalisés d'ici l'ouverture du salon de l'Agriculture dans moins de deux semaines (24 février-3 mars). Les services du Premier ministre ont confirmé ce lundi que Gabriel Attal recevra la FNSEA et les Jeunes agriculteurs mardi après-midi.

Lire aussiPrix alimentaires : quelles sont ces centrales d'achat européennes accusées de torpiller les lois Egalim des agriculteurs

L'occasion de faire un point d'étape. Arnaud Rousseau déplore toutefois que, « depuis 10 jours » et la suspension des barrages et actions des agriculteurs, il n'a « pas eu de rencontre ministérielle » ni avec le ministre de l'Agriculture ni avec le Premier ministre, et « pas de point de suivi ».

« Il reste 12 jours » avant l'ouverture du salon, « que tout le monde fasse son travail », a-t-il asséné.

« Quand il n'y a pas de réunion programmée, pas de coup de fil passé, oui ça nous inquiète », notamment sur le plan élevage.

« Nous on a mis des propositions très concrètes sur la table (...). Si on se moquait de nous, évidemment que ça ne pourrait pas se passer dans les conditions classiques de l'accueil du président de la République le premier samedi d'ouverture du salon », a menacé Arnaud Rousseau.

Après deux semaines de blocages de routes et d'actions parfois tumultueuses, les manifestants ont levé le camp début février à la suite de trois salves d'annonces du Premier ministre Gabriel Attal sur des sujets aussi divers que les pesticides, les retraites des exploitants ou la viande de synthèse.

Lire aussiLes derniers blocages levés, les agriculteurs ont les yeux tournés vers le Salon de l'agriculture

Menace d'une nouvelle mobilisation

« On veut voir des décisions concrètes qui se voient dans les exploitations », a ajouté le patron de la FNSEA, même si « on comprend que, concernant la loi, on a besoin d'un peu de délai ». Il avait évoqué le 2 février l'idée d'une loi d'ici le mois de juin.

« Personne n'a intérêt à nous balader. Parce que s'il n'y a pas de rendez-vous, à la fin on reviendra », a-t-il martelé dimanche, esquissant une nouvelle fois une possible reprise du mouvement des agriculteurs.

La Coordination rurale, le deuxième syndicat agricole en France, a de son côté « très apprécié » la nomination d'Agnès Pannier-Runacher, comme ministre déléguée à l'Agriculture, auprès de Marc Fesneau. De par ces anciennes fonctions, secrétaire d'État à l'Economie et ministre déléguée à l'Industrie « elle a une connaissance avancée de l'industrie agroalimentaire », a estimé sa présidente, Véronique Le Floc'h, auprès de l'AFP.

Lorsqu'il s'agira de mener des contrôles sur les industriels ou les coopératives, « elle doit savoir à quelle porte frapper, elle saura à qui donner les bons ordres à la DGCCRF » la répression des fraudes, « ainsi qu'au ministère des Finances ». Et alors que Marc Fesneau parle principalement avec la FNSEA, « elle semble plus ouverte » à la discussion avec d'autres syndicats, a ajouté la responsable syndicale.

Michel-Edouard Leclerc tacle le ministre de l'Agriculture

Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique du leader de la distribution E.Leclerc et invité samedi de l'émission C l'hebdo sur France 5, s'en est pris au ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, dans un climat tendu entre le gouvernement et les distributeurs sur fond de crise agricole.

« C'est incroyable quand même, le ministre de l'Agriculture passe son temps à nous diviser ! » a déclaré le porte-voix de Leclerc en réponse à une question sur ses relations avec les agriculteurs. « Je ne sais pas ce qu'il veut faire », a-t-il repris, déplorant ne pas connaître le « plan » du ministre et ne pas être associé à son élaboration. Marc Fesneau et Michel-Edouard Leclerc se livrent depuis plusieurs semaines un bras de fer par médias interposés.

Le ministre de l'Agriculture fustigeait par exemple fin décembre sur X (ex-Twitter) les « propos intempestifs » de l'industriel, qui « n'a jamais servi qu'une cause : la consolidation de ses seuls profits ». Michel-Edouard Leclerc a redit ne pas être opposé à la loi Egalim, qui vise à protéger la rémunération des agriculteurs. Il a pointé du doigt les transformateurs.

Selon lui, « 40% des acheteurs de l'agriculture ne respectent pas la loi Egalim ». Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé la semaine dernière avoir identifié 124 contrats, signés entre industriels et distributeurs dans le cadre des négociations commerciales, qui ne respectent pas cette loi et a envoyé des injonctions pour contraindre les entreprises concernées à s'y conformer.

(Avec AFP)