Coronavirus : un vendredi 13 "hors normes" pour la grande distribution

Par Giulietta Gamberini  |   |  446  mots
Pour des catégories de "produits sensibles" (pâtes, riz, sucre, papier toilettes...), la hausse a même atteint 174%. (Crédits : Pixabay / CC)
Le lendemain de la première allocution télévisée du président de la République, les ventes de produits de grande consommation ont plus que doublé.

Tout au long du week-end, au fil des rumeurs anticipant un confinement général, les supermarchés et les magasins ont été pris d'assaut. Mais la période sans précédent qu'est en train de vivre la grande distribution française s'est ouverte dès le jeudi 12, jour de la première allocution télévisée sur le coronavirus du Président de la République, lorsque les ventes ont crû de plus de 30% par rapport aux jeudis précédents.

Le lendemain, cette hausse a pris des proportions "hors normes": le chiffre d'affaires des produits de grande consommation a plus que doublé, en croissant de 107%, montrent les premiers chiffres de ventes et de disponibilité en rayon publiés aujourd'hui par le groupe d'information marketing Nielsen.

"Vendredi 13 mars restera pour longtemps une journée record pour la grande distribution", analyse donc le cabinet.

Neuf produits sur dix disponibles

Pour des catégories de "produits sensibles" (pâtes, riz, sucre, papier toilettes...), la hausse a même atteint 174%. Et "les ventes ont bondi dès les ouvertures des magasins, avec parfois 6 ou 7 fois plus de produits vendus en plus sur ces tranches horaires, par rapport à un vendredi habituel", note Nielsen. Dans le détail, les achats des pâtes ont été multipliés par 5, ceux de papier-toilettes par 3,5, les achats de sucre par 3.

La grande distribution a toutefois globalement tenu le coup, grâce à un "travail spécifique sur la chaîne logistique" des produits les plus demandés, "parfois au détriment de catégories moins indispensables dans ce contexte", qui a permis un réapprovisionnement plusieurs fois par jour, note Nielsen. Malgré quelques disparités, 93% des produits de grande consommation étaient ainsi disponibles, et 90% des plus sensibles.

"Des bouleversements (...) dans le paysage de la distribution"

Il sera néanmoins "difficile de maintenir" un tel niveau de disponibilité, estime Nielsen, qui explique:

"Le facteur limitant n'est pas nécessairement la couverture de stock en entrepôts mais en réalité plutôt la quantité de camions disponibles pour acheminer toutes ces quantités d'un niveau inédit".

La cabinet anticipe en effet "des bouleversements (...) dans le paysage de la distribution".

"Les magasins les plus proches des consommateurs, et situés dans des zones à forte densité d'habitations et d'emplois, auront des niveaux de vente inédits sur plusieurs semaines. Ils bénéficieront en effet du report des circuits hors domicile et de restauration collective qui sont à l'arrêt, à l'exception de l'activité de livraison de repas", précise Daniel Ducrocq, directeur du service Distribution de Nielsen.

Cette pression concernera les surfaces de vente, mais encore plus les drive et les activités de livraison.