Premier exportateur mondial de blé, la Russie pourrait être concurrencée par la France en Afrique du Nord

Par Coline Vazquez  |   |  462  mots
La Russie pourrait réaliser un nouveau record d'exportations pour la campagne 2023-2024. (Crédits : IMAGO/Steinach via Reuters Connect)
Pour la campagne 2022-2023, la Russie pourrait atteindre de nouveaux records d'exportation, en particulier vers les pays d'Afrique, avec des prix particulièrement attractifs. Mais l'écart avec le blé français s'est réduit, laissant à l'Hexagone l'espoir de renforcer sa compétitivité auprès des pays d'Afrique du Nord.

Alors que la guerre en Ukraine a fragilisé l'équilibre mondial des exportations de céréales, jusqu'à raviver le spectre d'une crise alimentaire en particulier sur le continent africain, la Russie défend son statut de premier exportateur mondial de blé. « Actuellement, la Russie domine les échanges, confirme Alexandre Marie, chef analyste au sein du cabinet Agritel. Elle pourrait ainsi réaliser un nouveau record d'exportation de 49 millions de tonnes contre 48,1 millions l'an dernier. La part de marché de la Russie approcherait alors, pour la première fois, un quart du commerce mondial ».

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Et elle est surtout « essentielle pour l'équilibre mondial qui est actuellement précaire », ajoute l'analyste selon qui « sans ses exportations, le marché serait obligé de trouver des alternatives. Quelques tonnes supplémentaires seraient disponibles en France et en Europe, mais très vite cela contraindrait à rationner la demande mondiale encore davantage », poursuit-il.

Dons de céréales

D'autant que Moscou tente d'élargir encore davantage son influence sur le continent africain, très dépendant des exportations de céréales. Le président russe, Vladimir Poutine, a d'ailleurs promis lors du sommet Russie-Afrique fin juillet de livrer gratuitement des céréales à six pays africains« Dans les mois qui viennent, nous serons en mesure d'assurer des livraisons gratuites de 25 à 50.000 tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l'Érythrée », a-t-il assuré dans son discours d'ouverture.

De son côté, l'Algérie a fait évoluer son cahier des charges afin de faciliter les importations de blé russe, concurrençant ainsi directement la France. Sans compter que des partenariats ont été passés entre la Russie et le Qatar ou encore Dubaï qui aident les pays en difficultés financières comme l'Egypte dans le financement de leurs importations de blé russe.

La France tente de gagner en compétitivité

Au-delà de ce soutien, les pays importateurs se tournent logiquement vers les denrées les moins chères. Et le blé russe est longtemps apparu comme particulièrement compétitif face à la source française d'approvisionnement. Néanmoins cet écart s'est récemment resserré jusqu'à revenir quasiment nul, signale l'analyste d'Agritel.

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De quoi permettre à la France de reconquérir certains marchés en Afrique. Avec 17 millions de tonnes disponibles à l'exportation pour la campagne 2023-2024, sur 34,8 millions de tonnes qui devraient être produites, la France pourrait ainsi consacrer 9,5 millions de tonnes à ces marchés traditionnels où elle est concurrencée par la Russie. À condition qu'elle parvienne à rester compétitive.