Blé : une production « satisfaisante en quantité », mais la météo a des effets sur la qualité

Du fait d'exportations en berne et des pluies qui ont altéré la qualité du blé dans certaines régions de France, les professionnels craignent une saturation des capacités de stockage. Cette année, la production française de blé tendre, la céréale du pain, devrait atteindre 35,6 millions de tonnes, en hausse de 3,5% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, selon les prévisions du service statistique du ministère de l'Agriculture.
Au 7 août, la récolte était achevée à 89% sur l'ensemble de la France (contre 94% en moyenne de 2018 à 2022).
Au 7 août, la récolte était achevée à 89% sur l'ensemble de la France (contre 94% en moyenne de 2018 à 2022). (Crédits : Reuters)

Alors que la moisson de blé en France s'annonce « satisfaisante en quantité », les professionnels appréhendent une « saturation » des capacités de stockage. Et pour cause, les silos se remplissent plus vite qu'ils ne se vident, du fait d'exportations en berne.

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La production française de blé tendre, la céréale du pain, devrait atteindre 35,6 millions de tonnes. Elle se révèle en hausse de 3,5% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, selon les prévisions du service statistique du ministère de l'Agriculture. Le record remonte à 2015, avec plus de 40 millions de tonnes.

Une qualité moindre dans certaines régions

La qualité de la récolte est « pour l'essentiel » aux « niveaux attendus par les marchés », ont rapporté la semaine dernière l'Etablissement national des produits de l'agriculture et de la mer (FranceAgriMer) et les institut techniques des grandes cultures (céréales et oléagineux), Arvalis et Terres Inovia.

Les récoltes d'orges (estimées à 9,4 millions de tonnes pour l'orge d'hiver et 2,7 millions pour celle de printemps) « satisfont aux exigences de qualité brassicole » (la confection de la bière), pour la plupart, selon les trois organismes. Une partie de la moisson de blé tendre a toutefois été « contrariée par les pluies estivales », ont-ils noté. La qualité des récoltes dans les régions côtières de la Manche doit ainsi faire l'objet selon eux d'« une attention particulière ».

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Le risque est en effet d'avoir des grains trop humides, pas assez chargés en protéines pour faire du pain. Le blé est alors déclassé pour nourrir les animaux plutôt que les humains.

L'alimentation du bétail, un marché bientôt saturé ?

Au 7 août, la récolte était achevée à 89% sur l'ensemble de la France (contre 94% en moyenne de 2018 à 2022), mais seulement à 66% en Normandie (contre 85% sur cette moyenne). En Bretagne, la moitié du blé (51%) était récoltée, contre 84% habituellement à la même époque.

Responsable exportations de céréales de Sénalia, le premier agro-logisticien du port de Rouen, Alain Charvillat fait le constat d'« une campagne avec deux récoltes », l'une avant les pluies et l'autre n'ayant véritablement débuté que la semaine dernière.

Premier port céréalier d'Europe de l'Ouest, Rouen voit passer 50% des exportations françaises et un cinquième des exportations européennes, avec une moyenne de cinq millions de tonnes par an. Les grains récoltés après les pluies seront « entre 50% et 70% en qualité fourragère », c'est-à-dire bons pour l'alimentation animale, avec « des rendements très altérés », avance ainsi Alain Charvillat. Ce marché de l'alimentation du bétail risque d'être saturé, l'ensemble du nord de l'Europe ayant connu des précipitations affectant potentiellement la qualité des grains.

Le blé russe privilégié

Dans l'ensemble, le début de la campagne d'exportation 2023-2024 est marqué par un recul des expéditions européennes face notamment au blé russe, meilleur marché et « très présent » y compris au Maghreb dont la France est habituellement le principal fournisseur, constate Damien Vercambre d'Inter-Courtage.

« Quand pourra-t-on vendre ? » s'interroge ce dernier, alors « qu'on sait pertinemment que nos blés ne sont pas compétitifs » par rapport aux blés russes. En attendant, les nouvelles récoltes s'ajoutent aux précédentes.

Des agriculteurs aux logisticiens portuaires en passant par les coopératives, « aucune structure n'a les moyens de stocker l'ensemble des collectes », estime Pierre Delamare, représentant de la coopérative Noriap, qui rassemble des agriculteurs du Havre à Dunkerque. Au point que, selon Alain Charvilliat, « une saturation logistique fin août, début septembre » est « possible » au vu des modestes prévisions à l'export.

Le marché des céréales évite la surchauffe

Les cours des céréales, bien que suspendus aux tensions en mer Noire, demeurent lestés par les bonnes prévisions de récoltes dans l'hémisphère nord associées à la faible demande en provenance de Chine. Sur le marché européen, les cours du blé tendre, la céréale du pain, tournaient autour de 230 euros la tonne à brève échéance mercredi vers 14h30 GMT, un niveau comparable aux jours précédant la rupture de l'accord céréalier, il y a un mois.

Moscou a mis fin à cet accord qui permettait aux céréales ukrainiennes, depuis l'été 2022, de quitter les ports du sud du pays malgré le blocus mis en place par la Russie. Depuis l'expiration de l'accord, le nombre des attaques en mer Noire a augmenté de part et d'autre et l'armée russe a frappé à plusieurs reprises Odessa, mais aussi les ports fluviaux d'Izmaïl et Reni. Importante source de revenus pour Kiev, les céréales empruntent d'autres voies pour sortir du pays : fleuves, rail et route, mais les volumes ainsi acheminés sont moindres.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 17/08/2023 à 13:41
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Bonjour, est oui , s'est Moche , le soleil est les alternances de pluits ons pénalité les récoltes ... bien sur , mais la production est en hausse de 3,5 % , une catastrophe....MDR. Non, ils faut retenir que le problèmes s'est surtout le cours de l...

à écrit le 17/08/2023 à 13:04
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"la météo a des effets sur la qualité"...mais... "La qualité de la récolte est « pour l'essentiel » aux « niveaux attendus par les marchés »" et "une production « satisfaisante en quantité »" : bon bah, c'est bon, non ?! Cet hiver, nous manquerons de...

à écrit le 17/08/2023 à 10:16
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Regardez la France vue du ciel comme dirait l'autre... ils en ont fait une usine à ciel ouvert !! Une usine agricole ! plus de trace de forets endémiques, on ne sait même plus qu'elles sont les espèces indigènes, ils ont planté des conifères qui ont...

à écrit le 17/08/2023 à 8:43
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Si j'ai bien compris, il vaut mieux avoir du "blé" à la banque que dans un silo.

à écrit le 17/08/2023 à 8:20
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Ok ok, donc les prix du blé français ukrainien qui a Le covid vont exploser car il y a des pbs de stockage car y a trop de blé!!! On a bien compris le message?

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