Renault invente la voiture à 2.500 euros

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  557  mots
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Gérard Detourbet prendra, le 1er janvier, la responsabilité d'une équipe Renault-Nissan pour développer notamment une plate-forme de véhicule à très bas coûts, trois fois moins cher qu'une Dacia Logan. En dépit d'un prétendu démenti publié par l'AFP, La Tribune maintient l'intégralité de ses informations exclusives.

Après avoir gagné le pari de la voiture à bas coûts, Renault veut se lancer dans le véhicule ultra-économique, deux à trois fois moins cher, selon des sources internes. Le responsable jusqu'ici de la gamme Entry (Logan, Sandero, Duster) chez Renault, Gérard Detourbet, prendra, au 1er janvier, la direction d'une équipe commune Renault-Nissan, chargée de développer l'ensemble des modèles d'entrée de gamme pour l'Alliance... et notamment une plate-forme et un moteur pour un futur véhicule à 2.500 euros !

Une première alors que la célèbre Dacia Logan démarre aujourd'hui à 7.700 euros (en France). Cette gamme de petits véhicules ultra-simplifiés n'aurait toutefois a priori aucun rapport avec les projets un temps étudiés avec l'indien Bajaj, lesquels ont apparemment fait long feu. Même si un certain nombre d'idées, qui auront germé à cette occasion, seront naturellement reprises.

Ce nouveau programme révolutionnaire est évidemment destiné à une production et une commercialisation dans les pays émergents les plus pauvres. Mais ces modèles pourraient aussi avoir leur place sur le marché européen, à terme. Le PDG de Renault et Nissan, Carlos Ghosn, a plusieurs fois réitéré que l'Alliance devait explorer ce créneau inédit, sur lequel n'existe aujourd'hui que la... Tata Nano indienne, au succès mitigé (voir ci-contre).

Au dernier Salon de Francfort, en septembre, Gérard Detourbet nous confiait qu'il « travaillait beaucoup » sur une voiture au-dessous des Dacia Logan et Sandero, d'un gabarit de Renault Twingo (3,60 mètres environ). Pour permettre en particulier à Renault de pénétrer réellement le segment du « Carro popular » au Brésil. Mais le projet de voiture à 2.500 euros ne devrait pas reprendre la plate-forme des Dacia, beaucoup trop onéreuse pour un tel projet minimaliste. L'un n'empêche cependant pas l'autre, les segments étant totalement différents.

Renault est d'autant plus légitime pour défricher un nouveau terrain et lancer un tel programme qu'il aura été le pionnier du véhicule à bas coûts, lancé à l'initiative de l'ancien président de Renault, Louis Schweitzer, avec la Dacia Logan roumaine de 2004. Le constructeur au losange compte ainsi produire cette année 750.000 à 800.000 véhicules de la gamme à bas coûts Entry. Et ce, sous les marques Dacia mais aussi Renault en Amérique latine, en Russie, en Iran... Soit davantage qu'en 2010 (700.000). Le groupe vise la barre du million vers 2013. Grâce à la montée en puissance du 4×4 Duster, fabriqué en Roumanie et au Brésil, bientôt en Russie, en Inde, en Colombie. Mais aussi au démarrage de l'usine géante de Tanger, au Maroc, début 2012, qui fabriquera le monospace compact Dacia Lodgy et un dérivé utilitaire. Les Logan et Sandero seront par ailleurs renouvelées fin 2012-début 2013.

Défavorable à l'image de Renault, qui a de plus en plus de mal à vendre des modèles de la gamme moyenne supérieure et a fortiori du haut de gamme, l'offre Entry est toutefois un fort contributeur à la rentabilité du constructeur ! Économies d'échelle obligent.

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