Renault et PSA défendent le diesel depuis Genève

Par latribune.fr  |   |  518  mots
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Les deux constructeurs automobiles français ont rappelé que le diesel était stratégique pour eux. PSA estime que le problème de la nocivité ne se posait plus depuis l'obligation des filtres à particules. Pour Carlos Ghosn, ce débat s'impose surtout pour des questions de finances publiques.

Union sacrée chez les frères ennemis de l'industrie automobile française. Alors que s'ouvre le salon automobile de Genève, un des plus importants salons du monde, les dirigeants de Renault et PSA réagissent à la polémique née la semaine dernière sur la technologie diesel. Hier, Carlos Ghosn, PDG du groupe Renault, s?est prononcé contre toute mesure qui impacterait négativement l?avantage comparatif de l?industrie automobile française.

"Les constructeurs automobiles européens ont un avantage technologique dans le domaine du diesel", a-t-il déclaré à Genève. "Au moment où l'Europe s'enfonce dans une crise, est-ce vraiment le moment de réduire la compétitivité du diesel en changeant les règles?", s'est-il interrogé.

PSA: "Ce sujet est derrière nous"

De son côté, Frédéric Saint-Geours, directeur des marques de PSA, a défendu le diesel comme "une motorisation d'avenir". "Nous sommes absolument convaincus que cette motorisation est une motorisation d'avenir", a-t-il déclaré. "Depuis 2011, les normes font que tous les diesels ont un filtre à particule, ce qui fait que ce sujet est derrière nous", a-t-il poursuivi.

Il faut dire que les constructeurs automobiles français se sont spécialisés sur cette technologie. Les voitures diesels correspondent à la moitié de la production automobile de PSA, tandis que Renault vend quantité de moteurs diesels à Nissan et Mercedes.

Pour Carlos Ghosn, le débat lancé par le gouvernement est essentiellement guidé par des préoccupations financières. "Les gouvernements ont des déficits et doivent trouver de l'argent et ils regardent la moindre opportunité de le faire", a-t-il ainsi déclaré.

Le diesel au coeur des débats

La semaine dernière, la divulgation d?un rapport de la Cour des comptes rendu au gouvernement en décembre dernier a remis la question du gazole au centre des débats. Pour les magistrats de la rue Cambon, la fiscalité sur le diesel représente un manque à gagner de 6,9 milliards d?euros par an à l?Etat. Ils ont également dénoncé un système qui "répond davantage au souci de préserver certains secteurs d'activité qu'à des objectifs environnementaux". Il faut dire que l?achat de voitures diesel (72% des immatriculations neuves en 2012) est motivé par les performances en termes de consommation de carburant, mais également pas une fiscalité moins élevée que pour le Sans Plomb.

Divergences entre ministres

Durant le week end, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif et Delphine Batho, ministre de l?écologie, ont défendu l?idée d?une prime de conversion sans toutefois en donner les détails. En réalité, il existe une divergence de fonds entre les deux ministres. Le premier veut défendre l?industrie automobile française en évitant de s?en prendre au diesel. Tandis que la seconde souhaite en finir avec une technologie qui tue chaque année 40.000 personnes en France du fait de la diffusion de particules fines.

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