Rejets de C02 des voitures en Europe : Berlin obtient un nouveau report

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  408  mots
Berlin a obtenu le report d'un vote sur les prochaines normes d'émissions de C02 des voitures. L'Allemagne demande que l'objectif contraignant des 95 grammes de C02 par véhicule soit fixé pour 2024 et non 2020!

Berlin, qui soutient l'industrie automobile allemande, n'a pas encore gagné. Mais il a  remporté une bataille. Les Etats membres de l'Union européenne ont accepté ce lundi de différer un vote sur le report ou pas de l'objectif  de réduction des rejets de CO2 des voitures à 95 grammes par kilomètre. "La présidence (du conseil des ministres) va contacter le Parlement européen pour tenter avec la Commission d'explorer les possibilités de flexibilité et trouver un compromis", a annoncé le ministre de l'Environnement lituanien, Valentinas Mazuronis, à l'issue d'une réunion avec ses homologues à Luxembourg.

"Nous nous engageons à trouver un résultat le plus rapidement possible, mais les marges de manoeuvre sont très étroites", a-t-il averti à l'adresse du ministre allemand, Peter Altmaier. En juin dernier, un accord avait été trouvé entre les capitales européennes et le Parlement pour les modalités d'une réduction de plus de 130 grammes aujourd'hui à 95 grammes de CO2 au kilomètre, d'ici à 2020, le plafond d'émissions de gaz à effets de serre des voitures particulières.

Les constructeurs allemands inquiets

L'Allemagne avait accepté cet accord très contraignant. Mais, poussé par son industrie automobile qui juge l'objectif trop ambitieux, Berlin a ensuite demandé à ses partenaires de donner quatre ans de plus aux constructeurs.

Logique: les marques allemandes se sont faites les spécialistes du haut de gamme, avec des voitures plus grosses et puissantes et donc rejetant de facto plus de C02. Berlin ne veut pas compromettre le succès de ses constructeurs, dont les ventes sont en plein boom, notamment hors d'Europe, avec à la clé de gros profits.

Renault, PSA, Fiat moins contraints

Paris, lui, ne voit pas de raison de remettre en question l'accord de juin dernier. Renault, PSA mais aussi Fiat, se trouvant davantage cantonnés - à leur grand dam d'ailleurs - dans les petits véhicules (à faibles marges), ils doivent fournir moins d'efforts pour réduire le C02 de leurs voitures. Car, en règle générale, plus un modèle est petit et léger, moins il consomme et donc rejette moins de gaz à effets de serre. Ils sont donc moins sur la sellette. Ils voient même dans cet objectif de l'Union une façon de handicaper leurs redoutables rivaux d'outre-Rhin.

La demande de nouvelles consultations a été appuyée par sept pays, Estonie, Hongrie, Pologne, Portugal, République tchèque, Royaume-Uni et Slovaquie. La France et l'Espagne ne s'y sont pas opposées.