Le tout diesel, c'est fini ?

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  690  mots
La part des voitures diesel dans le marché auto total en France régresse. Les immatriculations de voitures neuves à gazole ont chuté de 12,5% en France le mois dernier.

Le diesel, c'est fini? On n'en est pas là. Mais, après une ascension irrésistible en France et en Europe, les voitures à gazole, si vilipendées par les prétendus écologistes mais si efficaces en rejets de CO2, marquent le pas face aux véhicules à essence. En novembre dernier, les immatriculations de voitures neuves à gazole ont chuté de 12,5 % en France.  Sur onze mois, elles reculaient même de 14,3% à 1.087.235 unités. Les modèles diesel ne représentent plus que 67,3% du marché tricolore total. La décrue est amorcée. Les voitures neuves à gazole pesaient 73% du marché hexagonal l'an dernier... et 77% en 2008 !

"Ce rééquilibrage naturel est durable et nous confirmons notre prévision d'un marché automobile à 50% essence, 50% diesel en 2020", pronostique du coup le CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles). Du coup, "le parc automobile dans son ensemble va suivre cette évolution avec un décalage de sept ans", précise le CCFA.

Modèles de plus en plus chers

Mais que s'est-il donc passé? Tout d'abord,  si les taxations sur le gazole en France demeurent un peu plus faibles que sur l'essence, les véhicules diesel se sont beaucoup renchéris en eux-mêmes avec le recours à des technologies ultra-sophistiquées. Tel le filtre à particules, obligatoire dans l'Union européenne depuis janvier 2011 avec la norme Euro V.

Et ce n'est pas fini. Avec la future norme Euro VI d'anti-pollution en 2014, les moteurs diesel ne bénéficieront plus de dérogations par rapport aux mécaniques à essence comme c'est le cas actuellement. Ce qui obligera les motoristes à traiter définitivement le problème des rejets de NOx (oxydes d'azote). Une vraie usine à gaz.

Euro VI va renchérir les véhicules

Après la dure norme Euro V, Euro VI va rendre les véhicules à gazole encore plus complexes, les renchérissant de plusieurs centaines d'euros selon les experts. Ce qui risque tout bonnement de condamner les motorisations diesel sur les petits véhicules d'entrée de gamme. De facto, bien des citadines aujourd'hui ont perdu en cours de route leurs variantes diesel pour des raisons de coût, telles les petites Peugeot 107 et Citroën C1. Or, comme le marché français s'oriente de plus en plus vers des petits véhicules, cela fait mécaniquement baisser la part des diesels dans les ventes globales.

Autre raison de la (relative) désaffection des clients: plus ces moteurs diesel deviennent efficaces et compliqués, plus le coût d'entretien augmente, avec des tarifs de révisions sensiblement plus onéreux que sur les véhicules à essence équivalents. Et, pis: les pannes, souvent graves, croissent en proportion !

Très sensibles à la qualité du gazole

Les moteurs deviennent notamment très sensibles à la qualité du gazole, avec des conséquences parfois catastrophiques (destruction dudit moteur!). Alors que les diesels simples, lents, robustes (et polluants), s'étaient forgés il y a quelques décennies une sacrée réputation de longévité, les études que nous avons pu voir mettent en exergue un taux de pannes sensiblement supérieur désormais sur les diesels. Et ça risque de s'aggraver avec Euro VI.

Intrinsèquement plus polluants, même si les derniers moteurs le sont bien moins qu'auparavant, les diesels conservent en revanche leur avantage comparatif en matière de consommations et donc de rejets de CO2 qui leur sont corrélés. Les voitures à gazole consomment en effet de 15 à 20% de moins en moyenne que celles fonctionnant au sans-plomb. Dès lors, paradoxalement, le diesel participe grandement à la lutte contre le réchauffement climatique, sachant que le CO2, un gaz à effets de serre n'a rien à voir avec ce qu'on appelle les polluants locaux (oxydes d'azote, particules...).

Les moteurs à essence ont toutefois beaucoup toutefois progressé en matière de consommations, mais un différentiel demeure. Les derniers micro-moteurs trois cylindres, comme ceux de Ford, Renault et PSA, affichent  aujourd'hui de très bonnes valeurs en émissions de CO2. Seulement, voilà, ils deviennent aussi sophistiqués que les... diesels et risquent de voir les taux de panne suivent la même courbe que celles des moteurs à gazole... On ne peut pas tout avoir!