Renault et PSA prêts à redémarrer en trombe en Iran

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  829  mots
La Peugeot 405 iranienne
Renault et PSA sont impatients de reprendre des relations normales avec l'Iran où ils bénéficiaient de positions historiques. Renault avoue livrer toujours des collections de pièces pour assembler localement les Logan. Malgré les sanctions, la Peugeot 405 et la Logan (Tondar sur place) restent très populaires en Iran.

L'Iran fait rêver Renault et PSA. Si l'embargo international les empêche de profiter de leurs positions historiques, ils s'impatientent. Chez PSA, on préfère rester prudent et ne pas en parler. Chez Renault, on évoque en revanche volontiers la question, s'agaçant même officieusement de l'alignement du président François Hollande sur les positions américaines, lors de sa visite aux Etats-Unis en février dernier.

Ces "contacts" ne peuvent "pas déboucher aujourd'hui sur des accords commerciaux", avait alors affirmé François Hollande, faisant allusion à une délégation de 116 représentants d'entreprises françaises, menée par le Medef International, qui s'étaient rendus en Iran début février en soulevant de grands espoirs.  Le président de la République a mis en garde ces entreprises, alors que son hôte,  Barack Obama, prévenait que les sociétés étrangères qui prospectaient en Iran le faisaient à "leurs risques et périls", promettant "une pluie de sanctions" à ceux qui rompraient l'embargo...

Contacts avec les partenaires

Même s'ils assurent se conformer aux sanctions internationales, Renault et Peugeot sont toutefois prêts à redémarrer. "Nous avons des contacts normaux avec nos partenaires. On travaille pour redémarrer dès que possible. En juillet, c'est la fin de la période probatoire", nous précisait en début de semaine, dans le cadre du salon de  l'auto de Genève,  Arrnaud Deboeuf, responsable de la gamme "Entry" de Renault. L'Union européenne et les Etats-Unis ont suspendu en janvier 2014 pour six mois renouvelables une partie des sanctions économiques contre l'Iran suite au gel des activités nucléaires du pays.

Les relations ne sont d'ailleurs pas complètement arrêtées. "Nous avons livré en janvier dernier mille collections de pièces en Iran (ndlr : pour l'assemblage local)", poursuit  Arnaud Deboeuf. Selon les statistiques officielles iraniennes de l'IVMA, il s'est du reste vendu 39.500 Renault Tondar (Logan) l'an dernier dans le pays ainsi que 59.300 Peugeot 405 et 27.800 Peugeot 206. Sur le seul mois de décembre, il s'est écoulé 1.280 Tondar,  6.700 Peugeot 405, 4.300 Peugeot 206. Signe que les partenaires locaux ont encore des stocks de pièces et que... le flux ne s'est pas entièrement interrompu.

La 405, très populaire

La très populaire 405 était d'ailleurs l'an dernier la quatrième voiture la plus vendue sur place, la Renault Tondar la cinquième. Les produits sous marque Peugeot s'octroient encore 30% du marché des voitures particulières, Renault 7,5%, toujours d'après les statistiques de l'association des constructeurs IVMA... Le marché iranien des voitures particulières s'est élevé au total à un peu plus de 600.000 unités en 2013.

A noter que l'embargo n'est pas perdu pour tout le monde. Les marques chinoises profitent des sanctions pour les contourner et s'installer tranquillement sur le marché local. Lifan, Chery et autres JAC s'octroient déjà 5,5% du marché iranien.

Potentiel installé de 250.000

Renault dispose d'une co-entreprise industrielle et commerciale locale, dont il possède 51% des parts. Cette co-entreprise a été constituée pour distribuer les composants aux deux groupes industriels locaux  Iran Khodro et Pars Khodro, pour l'assemblage des véhicules, essentiellement des Tondar (Logan), mais aussi quelques Mégane. Le "potentiel installé de 250.000 voitures annuelles" n'est pas négligeable, souligne Arnaud Deboeuf.

Il reste toutefois à s'assurer que "la levée des sanctions sera durable et permettra de fluidifier la disponibilité en devises (ndlr : pour acheter des pièces à Renault afin de produire sur place)", notait pour sa part Gilles Normand, directeur de Renault pour la zone Asie-Pacifique, lors d'une rencontre au salon de New Delhi, début février.  La firme au losange affirme avoir 350.000 véhicules qui roulent en Iran. Un beau parc. Le marché iranien a "pesé 1,4 million d'unités avant les sanctions. On a réussi à en occuper 10%. Et ce marché a un potentiel pour monter à deux millions", assurait Gilles Normand.

Une vieille relation entre PSA et l'Iran

Dans le cas de Peugeot, c'est Iran Khodro qui assemble traditionnellement près de Téhéran des 405 et 206 sous licence avec des pièces produites très majoritairement sur place - notamment pour la 405. C'est en reprenant Chrysler Europe en 1978, que PSA Peugeot Citroën avait trouvé dans la corbeille de mariée les fournitures de pièces pour le modèle Hillmann Hunter de 1966, un véhicule créé par le groupe britannique Rootes devenu entretemps Chrysler UK. Ouf! La Hunter a été assemblée sous licence par Iran Kodro sous le nom de Paykan depuis la fin des années 60 jusqu'à une date récente.

Tout en livrant des pièces pour cette voiture, Peugeot a progressivement ajouté sa 405 (de 1985). La firme tricolore a introduit ensuite sa 206, notamment dans une version spécifique à quatre portes et coffre séparé. L'Iran était même le deuxième débouché du groupe PSA, derrière la France,  avec 467.000 unités en 2010, 457.900 en 2011, 313.000 en 2012 ! Pas étonnant que Renault et PSA veuillent retrouver rapidement leurs solides positions industrielles et commerciales en Iran.