Le marché auto européen toujours en crise, malgré les apparences

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  392  mots
Un concessionnaire Renault
Les immatriculations de voitures neuves sont reparties en mars en Europe. Mais ces progressions se font par rapport à des mois sinistrés en 2013. Il manquera cette année encore 3,5 millions de voitures au bas mot par rapport à l'avant-crise.

Tous les grands marchés automobiles européens reprennent des couleurs.  Les immatriculations de voitures neuves ont progressé de 5,4% en mars en Allemagne, premier marché d'Europe, selon les chiffres publiés par l'agence fédérale de l'automobile KBA. Sur le premier trimestre, elles progressent de 5,6%.

En Espagne, c'est encore mieux. Les immatriculations ont grimpé de 10% en mars, d'après l'Association nationale des fabricants d'automobiles (Anfac). Sur l'ensemble du trimestre, les ventes sont même en hausse de 11,8%. la France a enregistré pour sa part une croissance de 8,9% en mars, de 2,9% sur les trois premiers mois. L'Italie a connu, elle, le mois dernier, un quatrième mois consécutif de hausse des ventes de voitures neuves  (+4,9%).

Alors, ça repart? Toutes ces progressions doivent être fortement relativisées. Les croissances  sont en référence à des mois de l'an passé sinistrés. D'ailleurs, le CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles) a immédiatement mise en garde contre une trop grande euphorie: "l'augmentation est importante en pourcentage mais on est vraiment dans le bas de la fourchette en volume. C'est encore la crise". Le CCFA maintient d'ailleurs une prévision de croissance de 1% à peine pour 2014 en France:  "on craint de mauvais mois, on reste assez prudents sur le reste de l'année".

"Les volumes d'immatriculation se situent encore en dessous du potentiel du marché espagnol", indique pour sa part l'Anfac. La progression doit d'ailleurs beaucoup à la forte impulsion apportée par le plan "Pive 5" (primes à la casse). "Nous restons face à une demande intérieure faible. Nous terminerons l'année autour des 800.000 unités", contre... 1,7 million en 2007, avant la crise! Pas de quoi pavoiser, en effet. En Italie, le marché est aussi à un étiage très faible. Pour l'ensemble du marché automobile européen, Carlos Tavares, nouveau patron de PSA, affirmait au dernier salon de Genève début mars qu'il envisageait "une croissance autour de zéro plus en 2014". Pas plus.

Le marché de l'Union européenne (+ Islande, Norvège, Suisse) atteignait à peine 12,3 mlllions de voitures neuves immatriculées l'an dernier, contre 12,5 millions en 2012, 14,5 millions en 2009 et... quasiment 16 millions en 2007! Il manque donc 3,5 millions de véhicules au bas mot par rapport aux chiffres de l'avant-crise... Soit presque 30% des volumes. Malgré des pourcentages de hausse en apparence flatteurs en mars, le marché européen n'est pas vraiment reparti. Très loin de là.