Jaguar descend en gamme avec une rivale des BMW 3 et Audi A4

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  578  mots
La seule photo officielle de la Jaguar XE
Après l'échec de l'ancienne X-Type, Jaguar avait dit adieu à la démocratisation. Mais les temps changent. Sous la houlette de son actionnaire indien Tata, la firme anglaise revient à la charge. Elle présentera à la rentrée une originale berline de gamme moyenne, la XE, pour contrer les BMW 3, Audi A4, Mercedes C

Plus jamais. Après l'échec de la "petite" X-Type, Jaguar avait juré qu'il ne ferait plus que des "grosses" voitures et se consacrerait au très haut de gamme. Mais, entre-temps, la célèbre firme anglaise a changé de mains. L'américain Ford l'a revendue, en 2008, à l'indien Tata. Et, aujourd'hui, la marque au félin s'apprête... à relancer une concurrente directe des Audi A4, BMW 3, Mercedes C, voire Citroën C5 ou Renault Laguna.

JLR (Jaguar Land Rover), le constructeur issu du rapprochement du label de luxe et du spécialiste non moins britannique du 4x4 sous la houlette du consortium indien, va dévoiler, au prochain Mondial de l'automobile parisien début octobre, la nouvelle berline XE, destinée à "démocratiser" de nouveau Jaguar. Le lancement est prévu à la mi-2015. Et un dérivé 4x4 "Crossover" devrait suivre.

750.000 unités à terme

Ce modèle inédit devrait largement contribuer à l'objectif des 750.000 ventes annuelles pour la fin de la décennie. C'est le président de JLR Canada, Lindsay Duffield,  qui avait avancé cet objectif l'an passé, que le constructeur n'a pas officiellement annoncé. A plus long terme, c''st pas moins d'un million d'unités que vise la firme "British". JLR a écoulé l'an dernier 425.006 véhicules, un record, en hausse de 19%. JLR, dont les usines tournent à plein régime en trois équipes, a vendu 348.338 Land Rover (+15%) et 76.668 Jaguar (+45%). Au premier trimestre 2014, JLR a accru ses volumes de 8% à 124.776.

Sur le premier semestre fiscal 2013 (période du 1er avril au 30 septembre), le bénéfice avant impôt avait grimpé de 42% à 1,08 milliard de livres (1,28 milliard d'euros). Le profit net s'est élevé à 811 millions (961 millions d'euros, +49%).

Pour la nouvelle XE, rien n'est trop beau. JLR a investi en effet 1,5 milliard de livres (1,8 milliard d'euros) dans des nouvelles installations. Des ateliers dédiés produiront à Solihull la XE sur une toute nouvelle plate-forme flexible à structure en alumimium - inédit dans cette gamme - pour faire baisser le poids. A la clé: 1.700 embauches. 

Une nouvelle usine de moteurs a été aussi créée  à Wolver Hampton, moyennant 500 millions (605 millions d'euros) pour produire une nouvelle génération de mécaniques plus petites et sobres à quatre cylindres de 2 litres de cylindrée à essence et diesel. Du coup, Jaguar promet une XE émettant moins de 100  grammes de CO2 au kilomètre dans sa version la plus sobre... Comme une citadine! La plate-forme pourra aussi être utilisée ultérieurement par des modèles de gamme supérieure et la marque soeur Land Rover.

Usines en Chine, au Brésil

Avec ces nouveaux modèles mais aussi un tout nouveau 4x4 compact chez Land Rover, le remplaçant du Freelander qui sera présenté cette année, JLR a le vent en poupe. Le groupe va en outre commencer à produire l'an prochain en Chine, avec une capacité de 130.000 unités annuelles. Et ce, en co-entreprise avec le chinois Chery. JLR démarrera ensuite une production  au Brésil, avec un potentiel initial de 24.000 unités par an, qui pourra vite grimper à 40.000.

Après des années de marasme, JLR veut se faire une place aux côtés des allemands dans le haut de gamme. Tata est bien décidé à pousser son label anglais prestigieux, avec qui il se montre très généreux. Une belle revanche vis-à-vis de l'ex-colonisateur britannique pour le consortium indien, qui fabrique pour sa part des camions vétustes et des voitures de bas de gamme.