PSA et Renault vont présenter des voitures ultra-sobres au Mondial de l'auto

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  688  mots
Le Renault Eolab consommerait 1 litre aux cents
Citroën va dévoiler au prochain Mondial de l'auto à Paris le concept C4 Cactus Airflow 2L, censé afficher une consommation de 2 litres aux cents seulement. Peugeot exposera pour sa part un "démonstrateur" Peugeot 208 2L Hybrid Air. Et Renault ira plus loin avec l'Eolab, un prototype qui consommerait un litre à peine. Mais, la production en série n'est pas pour tout de suite.

Basses consommations, faibles rejets de CO2. C'est la priorité au Mondial de l'auto, qui ouvrira ses portes au public du 4 au 19 octobre prochain. Citroën va ainsi dévoiler le concept C4 Cactus Airflow 2L, censé afficher une consommation théorique de 2 litres aux cents... selon des normes d'homologations extrêmement éloignées de la réalité. Il n'empêche. Le véhicule recourt à la technologie "Hybrid Air" (une mini-motorisation à essence 3 cylindres, un système de stockage d'énergie sous forme d'air comprimé et un ensemble composé de deux moteurs-pompes hydrauliques).  L'aluminium ou le carbone l'allègent de 100 kilos par rapport au petit break surélevé de série.

Peugeot exposera pour sa part un "démonstrateur" Peugeot 208 2L Hybrid Air, avec la même technologie que le Citroën. Plus fort encore: Renault présentera pour sa part un véhicule plus exclusif et avant-gardiste, mais aussi plus éloigné d'une éventuelle production de série, l'Eolab, un prototype qui consommerait un litre à peine aux cent kilomètres. A la clé, un allégement de 400 kilos et une double motorisation hybride essence-électrique rechargeable.

2 litres aux cents représentent environ 50 grammes de CO2 au kilomètre pour une citadine, ce qui est effectivement très faible, la moitié de ce que proposent aujourd'hui en moyenne les petites voitures. Un litre de consommation, c'est la moitié: moins de 25 grammes. Constructeurs et équipementiers, réunis au sein de la "Plateforme de la filière automobile" (PFA), ont présenté mercredi l'état d'avancement du programme de recherche et développement pour des véhicules consommant 2 litres aux cents seulement, dont l'impulsion a été donnée par le gouvernement il y a deux ans.

Ticket d'entrée élevé

Malheureusement, toutes ces technologies ne sont pas pour tout de suite, surtout à des prix "démocratiques".  L'allègement en recourant à des matériaux moins lourds coûte cher. L'hybridation est aussi onéreuse. Et il faut que ces voitures demeurent fonctionnelles et pas totalement désagréables à conduire... Le prototype "Hybrid Air" de PSA que nous avons conduit  dernièrement était franchement déplaisant.

Il n'est d'ailleurs même pas certain que la technologie "Hybrid Air" puisse voir le jour. Développée avec l'équipementier allemand Bosch, combinant moteur à essence et air comprimé, cette technologie prétendument révolutionnaire permet d'abaisser les consommations en ville de 45% selon le constructeur, ainsi que les émissions de CO2 qui leur sont corrélées. Mais PSA cherche à s'associer à un autre constructeur.

Car le ticket d'entrée est élevé. Chez PSA, on évoque officieusement  une somme de "500 millions d'euros". Pas question donc de se lancer seul. "Il n'y a pas d'engagement industriel aujourd'hui. Si on ne trouve pas de partenaires, on n'y va pas. A ce jour, les négociations avec d'éventuels partenaires n'ont pas abouti", précisait récemment Karim Mokaddem, Directeur du projet.

Spécialisation dans les petits modèles

Contraints à leur corps défendant de se spécialiser dans les véhicules petits et compacts, suivant en cela la descente en gamme du marché hexagonal, les constructeurs français sont plutôt avancés dans les véhicules à mini-moteurs peu consommants et donc peu prodigues en rejets de CO2. D'une faiblesse - le poids écrasant des petits modèles à faibles marges dans ses ventes -, PSA essaye de faire une force.

Les Peugeot et Citroën vendues neuves en Europe émettaient "en moyenne 116 grammes en 2013 et on devrait être à 110-112 grammes cette année", se félicite Gilles le Borgne, Directeur de la recherche et du développement de PSA. Le groupe est très en-dessous de la moyenne européenne !

La flotte de véhicules neufs - toutes marques confondues - mis sur le marché l'an dernier dans l'Union européenne affichait en effet un niveau moyen d'émissions de CO2 de 127 grammes par kilomètre, en baisse de 4% par rapport à 2012, indiquait fin avril l'Agence européenne pour l'environnement (AEE). A l'horizon 2020,  "nous visons 93,7 grammes en moyenne", indique Gilles le Borgne, ce qui placerait toujours PSA en-dessous des normes d'émissions moyennes visées par la Commission européenne pour 2021 (95 grammes).