Automobile : les Vingt-Sept approuvent la fin des voitures thermiques neuves dès 2035

Par latribune.fr  |   |  849  mots
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En 2035, il ne sera plus possible d'acheter des véhicules qui roulent à l'essence ou au diesel. Les 27 Etats membres de l'UE ont approuvé cette nuit le projet de la Commission de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves en Europe à cette date-là. L'Italie et l'Allemagne ont néanmoins obtenu la possibilité d'envisager un feu vert à l'avenir pour des technologies alternatives comme les carburants synthétiques (e-carburants) ou motorisations hybrides rechargeables si celles-ci permettent de supprimer totalement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules.

Malgré l'opposition de l'Italie vendredi dernier qui demandait de reporter l'entrée en vigueur de l'interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035, les Vingt-Sept ont, cette nuit, approuvé la mesure proposée l'an dernier par la Commission européenne, laquelle reste encore à discuter avec les eurodéputés. Concrètement, cette mesure, qui doit contribuer à atteindre les objectifs de réduction de 55% des émissions de CO2 d'ici à 2050, mettra fin à  à la commercialisation de voitures et véhicules utilitaires légers essence et diesel dans l'Union européenne à partir de 2035, ainsi que des hybrides (essence-électrique).

Carburants synthétiques

L'Italie et l'Allemagne ont néanmoins obtenu des Vingt-Sept  la possibilité d'envisager un feu vert à l'avenir pour des technologies alternatives comme les carburants synthétiques (e-carburants) ou motorisations hybrides rechargeables si celles-ci permettent de supprimer totalement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules. Lundi en effet, la ministre allemande de l'Environnement Steffi Lemke avait fait cette demande. Actuellement en cours de développement, la technologie des carburants de synthèse consiste à produire du fuel à partir de CO2 issu notamment des activités industrielles en utilisant de l'électricité bas-carbone, dans une approche d'économie circulaire. La filière automobile fonde en effet de gros espoirs sur ces nouveaux carburants qui permettraient de prolonger l'utilisation des moteurs thermiques. Une problématique similaire à celle de l'aviation où de nombreux acteurs misent davantage sur des carburants durables que sur l'avion à hydrogène.

Par ailleurs, les ministres européens de l'Environnement ont également approuvé « l'amendement Ferrari », soit une une extension de cinq ans de l'exemption des obligations en matière de CO2 accordée aux constructeurs « de niche » ou ceux produisant moins de 10.000 véhicules par an, jusqu'à fin 2035.

Le casse-tête des bornes électriques

Pour Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'écologie française, qui présidait la réunion, « cela constitue un grand défi pour notre industrie automobile ». Elle a estimé qu'il s'agissait d'une « nécessité » face à la concurrence chinoise et américaine qui a largement misé sur les véhicules électriques considérés comme l'avenir de l'industrie.

Les défis à relever sont colossaux, notamment pour produire suffisamment de batteries électriques. « Il faut accélérer la production, on a déjà construit trois usines, il faut qu'on continue à construire des usines de batteries électriques de façon à ce que nos véhicules électriques soient produits au maximum en France. Et puis bien entendu installer des bornes de recharge», soulignait récemment Bruno Le Maire, le ministre des finances, en rappelant un « point majeur » :  celui de « produire beaucoup d'électricité ».

Le déploiement des bornes de recharge reste l'un des points les plus difficiles à résoudre. Le chemin à parcourir est colossal, notamment dans les pays du sud et de l'est de l'Europe, pour satisfaire la demande de la Commission européenne, de quadriller l'UR « de points de charge tous les 60 kilomètres le long des principales routes ». Mais, sur les autoroutes, dans les supermarchés et centres commerciaux, copropriétés..., les projets se multiplient.

Pas plus tard que la semaine dernière par exemple, le groupe de services Spie et un fonds commun à plusieurs sociétés d'autoroutes ont annoncé le lancement  fin 2022 de leur propre réseau de stations de recharge ultra-rapide pour voitures électriques. A côté des réseaux des constructeurs automobiles et des groupes pétroliers, ce réseau appelé "e-Vadea" disposera de 13 premières stations sur les autoroutes des réseaux APRR et Vinci, entre le nord-est et le sud-est de la France. Chaque station comportera jusqu'à 12 points de charge, avec des puissances allant de 150 à 300 kilowatts.

Même les hôtels s'y mettent. Ainsi, dès fin 2022, des bornes de recharge de véhicules électriques vont être déployées dans les hôtels des enseignes du groupe Accor tels que F1, Ibis, Mercure ou Novotel, par la société Electra qui a conclu un accord avec AccorInvest, propriétaire de murs et exploitant hôtelier d'un parc de 800 hôtels.

Des panneaux solaires sur les toits

Anticipant les difficultés, quelques startups, mais aussi des géants de l'automobile, commencent à installer des panneaux solaires sur leurs nouvelles voitures électriques, promettant un peu d'autonomie supplémentaire.

Plusieurs modèles dotés de panneaux solaires sont attendus dans les prochains mois. « Même si un toit de voiture ne peut pas charger entièrement la batterie en un jour, il peut engranger assez d'énergie pour vous ramener de votre travail à votre domicile », signale un spécialiste de l'énergie à l'université du Wisconsin. Il faut quand même du soleil, cette technologie n'exempte pas l'effort important qui doit être fait autour du déploiement de bornes électriques et de leur accessibilité.