Bornes électriques  : les autoroutes françaises veulent combler leur retard

Par latribune.fr  |   |  544  mots
Sur l'aire autoroutière de Vémars (A1), les nouvelles bornes de 300 kilowatts promettent une recharge à 80% en une vingtaine de minutes pour une trentaine d'euros environ. (Crédits : Fastned)
Les autoroutes françaises veulent visiblement rattraper leur retard en multipliant les ouvertures de stations de recharge électrique, avec des opérateurs de bornes en embuscade. Fastnet, opérateur hollandais, vient ainsi d'inaugurer sur l'autoroute A1 sa plus grande station française.

Sur l'immense aire de Vémars, à quelques kilomètres de l'aéroport de Roissy, Fastned, opérateur hollandais, a inauguré lundi sur l'autoroute A1 lundi sa plus grande station française de bornes électriques. Elles manquaient cruellement sur l'un des tronçons les plus fréquentés d'Europe, ce qui mettait notamment en difficulté les touristes hollandais ou belges.

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Une recharge à 80% en une vingtaine de minutes pour une trentaine d'euros

Dans chaque sens, sous des « ombrières » jaunes et photovoltaïques, des bornes de 300 kilowatts promettent une recharge à 80% en une vingtaine de minutes pour une trentaine d'euros environ, selon le modèle de voiture. L'opérateur prévoit d'y accueillir au début une dizaine d'utilisateurs par jour, beaucoup plus le weekend et pendant les vacances, et jusqu'à 1.000 véhicules potentiellement autour de 2030.

« C'est le début d'une nouvelle ère pour l'autoroute », a lancé Arnaud Quémard, directeur général du groupe Sanef, exploitant de l'A1. Pour s'installer sur cette aire pendant quinze ans, derrière la station-service Shell, Fastned a dû garantir que le nombre de bornes évoluerait avec le trafic, avec des prix « compétitifs », a-t-il ajouté.

Il s'agit aussi de réduire les émissions de CO2 des clients de ces autoroutes du nord de la France, qui atteignent 6,5 millions de tonnes de CO2 par an, soit 1,5% des émissions françaises.

Le ministre des Transports en mission pour rassurer les automobilistes

Le ministre des Transports Clément Beaune, qui était à bord d'une DS hybride, s'est arrêté à Vémars après avoir visité une usine de fabrication de bornes dans le Pas-de-Calais.

« Nous sommes en mesure d'atteindre avant la fin du semestre toutes les aires d'autoroute de France », a souligné Clément Beaune. Il s'agit de rassurer les automobilistes qui passent à l'électrique et qui voudraient faire de longs trajets, ce que permettent de plus en plus les batteries des nouveaux modèles électriques. L'objectif de 100.000 bornes de recharge ouvertes aux voitures électriques en France, fixé initialement pour 2021, devrait être atteint au deuxième trimestre 2023.

 « Il y a un enjeu: trouver du foncier » pour ces remplaçantes des pompes à essence, explique Clément Molizon, délégué général de l'Avere-France, qui rassemble les industriels du secteur.

Pour atteindre la rentabilité, des rachats entre opérateurs semblent « inéluctables »

Parallèlement, « les perspectives de rentabilité s'éloignent pour les exploitants », souligne le cabinet Xerfi dans une note publiée début février. Les importants coûts de déploiement et d'exploitation des stations mais aussi l'envolée des prix de l'électricité compliquent le calcul des opérateurs.

Dans ces conditions, atteindre une taille critique est un prérequis pour amortir les coûts de développement du réseau. Des rachats entre opérateurs semblent dès lors « inéluctables »: ils profiteront « aux acteurs dotés de moyens financiers conséquents pour acquérir des emplacements stratégiques et supporter d'être déficitaires sur une longue période », relève Xerfi.

Face aux chamboulements de ce secteur, l'Autorité de la concurrence a annoncé vendredi s'autosaisir pour examiner « le fonctionnement concurrentiel du secteur des infrastructures de recharge pour véhicules électriques ».

(Avec AFP)