En Chine, les ventes de voitures électriques explosent

Par latribune.fr  |   |  965  mots
En août déjà, elles concernaient près d'une vente sur quatre. (Crédits : Reuters)
Alors qu'ils concernaient déjà une vente sur quatre en août dernier, les véhicules électriques chinois ont représenté près de la moitié des ventes en octobre dans le pays. Une belle performance qui porte tout le marché auto et qui s'explique notamment par les subventions accordées par le gouvernement aux consommateurs et par l'arrivée de nouveaux constructeurs qui concurrencent désormais ceux occidentaux qui tentent de rattraper leur retard.

Le marché de l'automobile chinois se porte de mieux en mieux. En témoignent les derniers chiffres de la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles (CPCA) qui indiquent 2,03 millions de véhicules particuliers vendus au mois d'octobre. Soit un bond 10,2% sur un an.

Et la progression est particulièrement marquée du côté des électriques. En août déjà, elles concernaient près d'une vente sur quatre. Soit 551.000 véhicules sur 1,92 million de voitures particulières. Désormais, c'est près d'un sur deux. 919.000 véhicules électriques chinois ont ainsi été écoulés en octobre, soit 45% des ventes totales de voitures dans le pays, selon les chiffres communiqués ce mercredi par la fédération. Cela équivaut à une augmentation de 27,5% sur un an.

Avec une hausse de 11,2% sur un an, la croissance des ventes de voitures électriques dépasse donc largement celle du marché (+2,5%). S'ajoutent aussi plus de 80.000 modèles hybrides.

Et si les véhicules chinois séduisent la clientèle nationale, il en va de même à l'étranger. En effet, la CPCA précise qu'en octobre, les exportations des véhicules chinois électriques ou hybrides ont progressé de +8,2% sur un an, à 112.000 unités. À noter que la Chine est aussi devenue au premier semestre le premier exportateur mondial de voitures, surpassant pour la première fois le Japon, selon les Douanes chinoises.

Pour encourager encore davantage les consommateurs chinois à s'équiper en véhicules électriques, le ministère chinois du Commerce a annoncé en juin dernier le début d'une campagne nationale d'incitation qui doit s'achever en décembre. Il préconise également d'accélérer l'installation de stations de rechargement dans les zones rurales. Il s'agit d'ailleurs de l'une des mesures de soutien ciblé du gouvernement pour parer au ralentissement de l'économie. Sans compter que, ces derniers mois, les constructeurs se sont lancés dans une guerre des prix.

Les subventions chinoises dans le viseur de l'Europe

Mais surtout, pour développer à vitesse grand V du marché de l'auto électrique, le gouvernement chinois a mis en place des subventions à l'achat octroyées. Un soutien financier auquel il a toutefois mis fin depuis décembre 2022, mais qui n'a pas manqué d'attirer l'attention de l'Union européenne. Le 13 septembre dernier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé le lancement d'une vaste enquête sur ces subventions accordées par la Chine à son industrie.

« Les marchés mondiaux sont aujourd'hui inondés de voitures électriques chinoises bon marché, dont le prix est maintenu artificiellement bas par des subventions publiques massives », a ainsi fustigé la patronne de l'exécutif européen, dans le discours sur l'état de l'Union européenne, à Strasbourg.

Si, au terme de son enquête, la Commission constate des infractions aux règles commerciales, elle pourrait infliger des droits de douane punitifs aux véhicules chinois, au risque de déclencher une guerre commerciale avec Pékin.

BYD, le champion chinois de l'électrique

Et les véhicules électriques chinois sont d'autant plus présents que, ces dernières années, des dizaines de marques locales ont vu le jour en Chine, premier marché automobile mondial. Celles-ci rivalisent désormais avec des constructeurs étrangers qui peinent à s'adapter.

Ainsi, en octobre, le géant BYD était le nouveau le champion incontesté de l'électrique dans son pays (plus de 301.000 voitures vendues, soit près de 50% du marché), loin devant l'Américain Tesla (72.115), qui dispose d'une gigantesque usine à Shanghai et prépare l'implantation d'une deuxième pour fabriquer des batteries.

« L'Europe doit agir »

Selon de nombreux experts, la Chine a deux à trois ans d'avance dans la mise en place d'un « écosystème » complet autour de la voiture électrique. « L'Europe doit agir » pour ne pas rater le coche, car « les Etats-Unis y travaillent aussi », a d'ailleurs souligné à ce sujet Ralf Brandstätter, membre du directoire de Volkswagen, auprès de l'AFP.

D'après lui, sur le Vieux continent, « l'approche holistique » intégrant entreprises, recherche, sécurisation des matières premières et des produits intermédiaires, « n'a pas lieu ». La Chine a, au contraire, bâti depuis plusieurs années « un écosystème pour la motorisation électrique », incluant « les batteries et les matériaux pour les batteries ». « Ce que les Chinois ont très bien fait, est de soutenir l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement pendant plusieurs années », a également confirmé à l'AFP en septembre Stephan von Schuckmann, chargé au sein du directoire de l'équipementier allemand ZF de la mobilité électrique et de la région Asie-Pacifique.

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Produire et ne vendre qu'en Chine

Parmi les stratégies envisagées pour gagner de nouvelles parts de marché sur l'électrique, certains constructeurs européens projettent désormais de localiser en Chine non seulement la fabrication, mais également la conception et la vente de leurs automobiles. À l'instar des marques Volkswagen et Audi, qui se sont rapprochées respectivement des constructeurs chinois XPeng et SAIC pour développer conjointement de futurs véhicules électriques à destination du marché local.

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« Cela nous permet de raccourcir de 30% le temps pour introduire de nouveaux produits » sur le marché chinois, a expliqué à ce sujet Ralf Brandstätter alors que le groupe a déjà multiplié les partenariats avec des entreprises chinoises comme Horizon Robotics, spécialiste de l'intelligence artificielle. Autre bénéfice de cette stratégie selon le cadre de Volkswagen : créer une certaine « autarcie » des activités dans le pays et rendre le groupe « plus résilient face à d'éventuelles mesures politiques qui découleraient de tensions géopolitiques ».

(Avec AFP)