C'est quasiment deux fois plus qu'en France. Alors qu'ils représentent 12% des ventes dans l'Hexagone, les véhicules électriques sont beaucoup plus vendus en Chine. En août, près d'une vente sur quatre concernait une voiture était électrique. Soit 551.000 véhicules sur 1,92 million de voitures particulières. Une véritable locomotive. En effet, avec une hausse de 11,2% sur un an, la croissance des ventes de voitures électriques dépasse largement celle du marché (+2,5%). S'ajoutent aussi plus de 80.000 modèles hybrides. Du côté des marques, pas de surprise : le groupe chinois BYD reste le nouveau le champion incontesté de l'électrique . Avec plus de 274.000 voitures vendues, il détint près de 50% du marché, loin devant l'américain Tesla (84.159), qui dispose d'une gigantesque usine à Shanghai et prépare l'implantation d'une deuxième pour fabriquer des batteries.
Développement extrêmement rapide
Le marché chinois de l'électrique a connu ces dernières années un développement extrêmement rapide, porté notamment par des subventions à l'achat, qui ont toutefois disparu fin décembre 2022. Pour maintenir la cadence, les constructeurs se sont lancés ces derniers mois dans une guerre des prix. Parallèlement, le ministère chinois du Commerce a annoncé en juin le début d'une campagne nationale d'incitation à l'achat de voitures électriques qui doit s'achever en décembre. Outre des rabais et des aides, le ministère préconise d'accélérer l'installation de stations de rechargement dans les zones rurales. Il s'agit de l'une des mesures de soutien ciblé du gouvernement pour parer au ralentissement de l'économie.
Conquête du monde
Mais au-delà de la Chine, les constructeurs poussent les feux à l'export. BYD, qui commercialise ses voitures dans une cinquantaine de pays, y compris en Europe, fait partie de cette multitude de constructeurs chinois à mettre désormais le turbo à l'étranger. Logiquement, les exportations de véhicules chinois à nouvelle énergie ont ainsi progressé de +1,7% sur un an. La Chine est devenue au premier semestre le premier exportateur mondial de voitures, surpassant pour la première fois le Japon, selon les Douanes chinoises. Les modèles électriques des constructeurs automobiles chinois ont l'avantage d'être peu chers ou high-tech, alors que les voitures électriques d'entrée de gamme sont encore rares.
Démonstration de force à Munich
En tout cas, cette semaine au salon automobile de Munich, ils ont fait une véritable démonstration de force. Parmi les exposants en effet 41% ont leur siège social en Chine. Le géant BYD est arrivé avec une série de modèles électriques pour le marché européen, aux côtés de Leapmotor, Dongfeng, ou encore Geely. Sur son stand, encore plus bondé que ceux des marques allemandes, BYD a présenté son modèle de SUV Seal U qu'il compte introduire dans les quinze pays du continent où il est présent.
De quoi inquiéter les constructeurs européens
La Chine a deux à trois ans d'avance dans la mise en place d'un « écosystème » complet autour de la voiture électrique, a averti un dirigeant de Volkswagen, un constat partagé au salon de l'automobile de Munich.
« L'Europe doit agir » pour le pas rater le coche car « les Etats-Unis y travaillent aussi », avec l'Inflation Reduction Act (IRA) qui vise notamment à rapatrier les étapes de production des véhicules électriques sur le continent, a souligné dans un entretien à l'AFP Ralf Brandstätter, membre du directoire de Volkswagen.
« L'Europe s'est faite légèrement devancer », a-t-il relevé dimanche soir en marge du salon de l'automobile de Munich qui a démarré lundi.
Sur le Vieux continent, « l'approche holistique » intégrant entreprises, recherche, sécurisation des matières premières et des produits intermédiaires, « n'a pas lieu », a constaté Ralf Brandstätter, responsable depuis un peu plus d'un an du marché chinois. Il est chargé d'y redresser les performances décevantes de Volkswagen sur l'électrique.
La Chine a, au contraire, bâti depuis plusieurs années « un écosystème pour la motorisation électrique », incluant « les batteries et les matériaux pour les batteries ».
« Ce que les Chinois ont très bien fait, est de soutenir l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement pendant plusieurs années », a également confirmé Stephan von Schuckmann, chargé au sein du directoire de l'équipementier allemand ZF de la mobilité électrique et de la région Asie-Pacifique.
« Il faut qu'on rattrape ça très très vite » (Luca de Meo)
Le directeur général de Renault Luca de Meo a également affirmé que les concurrents chinois « sont très compétitifs sur la chaîne de valeur de la voiture électrique », estimant sur RTL « qu'ils sont partis une génération avant ». « Il faut qu'on rattrape ça très très vite », a-t-il lancé.
« Le train est passé », estime de son côté le patron de l'équipementier français Forvia, Patrick Koller. « Cela fait au moins trente ans que cette stratégie est exécutée en Chine ».
Pour les voitures électriques, « tous les matériaux viendront de Chine, car ils sont raffinés en Chine, même s'ils n'y sont pas extraits », a-t-il expliqué.
« Sur l'hydrogène, l'Europe fait exactement la même bêtise », a ajouté Patrick Koller dans un entretien à l'AFP.
Volkswagen tente de s'inscrire dans cet écosystème, en développant une stratégie de production « en Chine pour la Chine ». L'enjeu est de localiser dans le pays non seulement la fabrication, mais également la conception des voitures.
« Cela nous permet de raccourcir de 30% le temps pour introduire de nouveaux produits » sur le marché chinois, a expliqué Ralf Brandstätter alors que le groupe a déjà multiplié les partenariats avec des entreprises chinoises comme Horizon Robotics, spécialiste de l'intelligence artificielle.
Dernières annonces en date cet été : les marques Volkswagen et Audi se sont rapprochées respectivement des constructeurs chinois XPeng et SAIC pour développer conjointement de futurs véhicules électriques à destination du marché local.
Avec le bénéfice de créer ainsi une certaine « autarcie » des activités dans le pays et rendre le groupe « plus résilient face à d'éventuelles mesures politiques qui découleraient de tensions géopolitiques ».
Sujets les + commentés