C'est le premier rapport d'une longue série. À l'occasion du lancement du « Plan Bornes » qui réunit les ministres des Transports et de la Transition énergétique et les acteurs de la recharge, l'Avere France et P3 Group ont publié un premier rapport semestriel sur le prix de la recharge publique. L'objectif est d'établir un bilan semestriel de l'évolution des prix. « Cette étude apporte de la transparence. Nous savons qu'il est moins coûteux de recharger à domicile, mais il y a davantage de doutes sur la recharge publique », explique Clément Morizon, directeur général de l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere).
Premier bilan : pour un conducteur effectuant 15.000 kilomètres par an, la recharge électrique occasionnelle publique (environ 15 % du temps), coûte en moyenne trois fois moins cher que l'essence. Pour les gros rouleurs de plus de 30.000 kilomètres, qui seraient amenés à utiliser la recharge rapide, la recharge électrique coûte 30 % de moins que le carburant d'une voiture thermique. Globalement, le coût d'une voiture essence tourne autour de 1.500 euros à l'année contre 500 euros pour une voiture électrique avec 150 euros de recharge publique. Seul bémol, pour les conducteurs qui chargent leur véhicule uniquement sur des bornes publiques, la facture devient alors plus salée et surpasse l'essence, en moyenne à 218 euros par mois.
L'abonnement, une solution rentable
L'étude montre également l'évolution des prix moyen du kWh de recharge publique entre avril et août 2023. Tous les types de recharge ont stabilisé leurs prix entre les mois d'avril et d'août. À titre indicatif : 1 kWh en recharge publique à débit normal coûte actuellement 0,370 euro contre 0,542 euro en recharge rapide. Pour diminuer la facture, les usagers peuvent se tourner vers les abonnements proposés par les constructeurs ou les opérateurs de recharge. Ces derniers permettent de proposer des prix très agressifs dans la recharge et de réaliser des économies entre 18 % et plus de 30 % par an pour les plus gros rouleurs. Ces cartes d'abonnement coûtent autour de 20 euros en moyenne à l'achat.
« Cette différence majeure entre l'abonnement et la recharge ponctuelle nous a étonnée, nous confie Clément Morizon. L'autre point qui nous interpelle est que la recharge uniquement sur les bornes publiques, même avec un abonnement, reste plus chère que l'essence. Il ne peut pas y avoir une mobilité à plusieurs vitesses. »
L'Avere propose ainsi des tarifs compétitifs de nuit pour les personnes ne pouvant pas disposer de bornes de recharge à leur domicile. C'est le cas en particulier des appartements en copropriétés dans les grandes villes.
Le gouvernement veut 400.000 bornes publiques
La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, devrait d'ailleurs annoncer un nouveau dispositif d'information pour le déploiement en copropriété, à l'occasion de cette journée dédiée à la recharge électrique.
« Aujourd'hui, 50 % des Français habitent en copropriété et seulement 2 % d'entre elles sont équipées de bornes de recharge », constatait avec regret Olivier Huet, directeur du projet infrastructure de recharge pour Enedis dans les colonnes de La Tribune au début du mois.
En plus de cette accélération à domicile, le gouvernement table sur le déploiement de 400.000 bornes publiques d'ici 2030, soit une multiplication par quatre de la situation actuelle. L'Avere, de son côté, prévoit que la part des recharges à domicile diminuera par rapport à la recharge publique, pour atteindre 63 % en 2025 et 56 % en 2030 contre 85 % aujourd'hui. L'association espère également que le bilan semestriel des tarifs de la recharge pourra servir d'appui gouvernemental, en particulier sur les impacts du bouclier tarifaire.
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