Les particuliers ont massivement et brutalement abandonné le diesel

Par Nabil Bourassi  |   |  494  mots
Les observateurs s'attendent à un rééquilibrage du diesel sur l'essence, mais à sa disparition.
Alors que le diesel représente encore 52% du marché total, il n'est plus choisi que par 36% des clients particuliers, soit près de 15 points de baisse en deux ans. Pour l'heure, le diesel reste soutenu par les flottes, mais risque de souffrir de la disparition d'un dispositif fiscal...

Le diesel n'a plus la cote chez les Français. Jusqu'ici, nous savions que cette motorisation avait largement reculé en France. Après un pic à 77% des ventes en 2008, elle ne représentait plus que 52% des ventes. Mais une étude commandée à AAAData par AutoPlus, a montré qu'en réalité, le diesel avait chuté beaucoup plus fortement chez les seuls clients particuliers. Ainsi, en 2016, ils ne sont que 36,7% à avoir opté pour une motorisation diesel, contre 52% deux ans auparavant. En 2012, ils avaient même été 63% à s'acheter un diesel.

Les SUV assoiffés de diesels

La baisse n'est pas partout la même. Ainsi, sur les grands SUV, le diesel reste de mise dans 88% des ventes. Il se maintient également à un niveau élevé sur les familiales, avec 73% des immatriculations de particuliers. Sur ces gros engins, le diesel garde un avantage économique majeur puisqu'il reste autrement plus compétitif que l'essence pour ces véhicules très consommateurs de carburant. D'ailleurs, certaines marques ne proposent que des diesels sur ce segment, comme Ford avec son Edge. Et lorsqu'un moteur essence est disponible, le diesel est largement plébiscité comme les Audi Q7 et Toyota Land Cruiser (97% des ventes en diesel).

De l'autre côté du spectre, les citadines de type Clio ou 208 sont, à l'inverse, choisies à 80% en motorisations essence, et à 60% pour la catégorie des compactes (308, Mégane).

Pour l'heure, c'est donc les achats de flottes d'entreprises qui continuent à soutenir les achats de diesel. Ils les soutiennent d'autant plus que ce canal commercial est de plus en plus important puisqu'il représente une vente sur deux aujourd'hui en France, contre une sur trois il y a cinq ans. Mais, il se pourrait que même les flottes d'entreprises abandonnent petit à petit ce segment. Le gouvernement a ainsi prévu de modifier le dispositif fiscal pour aligner la TVA sur le diesel, sur celle de l'essence, d'ici 2021. Aujourd'hui, la TVA sur le diesel est quasi intégralement récupérée par les entreprises (100% s'il s'agit d'un véhicule utilitaire, 80% si c'est un véhicule de tourisme). Ce régime est beaucoup moins avantageux pour les véhicules essence.

Le diesel encore utile...

Faut-il pour autant tirer la sonnette d'alarme sur l'avenir du diesel ? Les observateurs estiment que le marché français opère un rééquilibrage entre les deux motorisations, dont le diesel avait pris une place anormalement élevée. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il va disparaître du marché. Ils continuent de penser que le diesel restera nécessaire dans certains arbitrages économiques, notamment pour les grands rouleurs. Le seuil le plus souvent retenu est la barre des 20.000 km par an au-dessus duquel, le diesel garde un avantage comparatif à l'essence. Au-delà, du kilométrage, le diesel reste nécessaire sur les gros véhicules comme le montre justement l'étude d'AutoPlus. La dynamique des SUV pourraient ainsi donner une seconde vie au diesel...

|Lire aussi :  Diesel: le gouvernement va-t-il porter le coup de grâce ?