PSA en Chine : Peugeot au zénith, Citroën flanche

Par Nabil Bourassi  |   |  848  mots
Peugeot affiche la deuxième plus forte hausse des ventes en Chine, parmi les marques étrangères.
Alors que Peugeot affiche des ventes insolentes pour une marque étrangère, Citroën est en perte de vitesse. Le premier dispose d'un catalogue offensif et ambitieux, tandis que le second vient à peine d'installer un SUV dans ses concessions, conditions pour survivre dans un marché en plein marasme.

La Chine est passée de l'état d'eldorado à celui de cauchemar pour les constructeurs automobiles. Après des années de croissance à deux chiffres, la croissance a été divisée par 2 en 2014 avant que les ventes stagnent voir baissent comme en juillet (-7%). Certaines marques comme Volkswagen s'y cassent les dents après y avoir pourtant rencontré la martingale. PSA en revanche, semble tirer son épingle du jeu, au moins grâce à sa marque Peugeot.

La marque au lion est en tout cas une des rares à ne pas avoir été emportée par le violent coup de frein du marché. Elle ne se contente d'ailleurs pas de le surperformer, elle est même la deuxième marque étrangère en termes de progression des ventes.

Peugeot survole ses concurrentes étrangères

Ainsi, d'après des chiffres non-officiels que La Tribune a pu se procurer, Peugeot affiche une hausse de 11,05% de ses ventes sur les six premiers mois de l'année. En comparaison, le marché total a enregistré une hausse de 5% sur cette période. Chez les marques étrangères, seul Honda fait mieux que Peugeot avec des ventes en hausse de 20%.

Pour Peugeot, cette performance est remarquable, elle est à mettre en perspective avec le recul de Volkswagen dont les immatriculations baissent de près de 6% sur les six premiers mois de l'année. Certes la marque allemande continue à y vendre 1,3 million de voitures contre 203.700 pour Peugeot, il n'empêche, la tendance est favorable pour Peugeot.

La marque française bénéfice du succès de son monospace 2008 lancé au premier semestre 2014, et qui s'est vendu à 29.000 exemplaires entre janvier et juin. Ce modèle s'inscrit parfaitement dans l'évolution du marché chinois qui accélère sur le segment des SUV.

Même les tricorps Peugeot se vendent bien

Mais plus surprenant, Peugeot réussit sur le segment le plus en difficulté, celui des tricorps. Ainsi, la 408 s'est vendu à 49.000 unités, soit une hausse de 70% par rapport aux ventes un an auparavant. En fait, il s'agit d'une nouvelle génération de 408, mais rien ne laissait présager un tel succès compte tenu de la désaffection des Chinois pour ce segment.

Ce succès est renouvelé pour la 308 tricorps dont la progression est moindre (+8%) mais enregistre tout de même 48.000 ventes. Cette performance est d'autant plus remarquable qu'il s'agit d'un modèle lancé il y a déjà plusieurs années.

Pour le groupe PSA, cette bonne tenue des ventes est une bonne nouvelle puisqu'avec l'évolution du marché chinois, le groupe devrait en théorie atteindre plus rapidement son objectif de part de marché. Mais, c'est sans compter la marque Citroën qui suit, elle, une trajectoire radicalement opposée.

Le coup de frein de Citroën

Sur les six premiers mois de l'année, la marque aux chevrons a ainsi vu ses ventes baisser de 7% avec 148.000 unités. Aux antipodes de ses consœurs, les tricorps de Citroën ont particulièrement souffert. Il faut dire que la marque dispose de pas moins de trois modèles sur le seul segment C.

La C-Quatre (tricorps sur la base de l'ancienne C4), la C4L (tricorps sur base de l'actuelle C4) ont vu leurs ventes s'inscrire en baisse. La C-Elysée a vu ses ventes légèrement augmenter (environ 1%), mais sans pour autant compenser la disparition de l'ancien modèle qui cohabitait encore avec la nouvelle génération. Sur le segment D, enfin, la C5 s'est vendu à 12.840 unités, contre plus de 17.000 un an auparavant.

L'arrivée de la C3XR en décembre 2014 devrait permettre à la marque de reprendre son souffle en pénétrant le segment des SUV. D'ailleurs, chez Citroën on jure avoir enregistré "un ralentissement de la baisse" au second trimestre sous l'impulsion du C3XR. Est-ce que cela sera suffisant pour autant pour relancer la marque dans une conquête de parts de marché ? Rien n'est moins sûr. Il ne faudra pas non plus s'appuyer sur DS pour améliorer ses performances commerciales. Certes, les ventes ont augmenté de 4% sur la période, mais pour atteindre les... 10.800 ventes.

Un environnement difficile, mais incontournable pour PSA

Il n'en reste pas moins que la Chine reste un marché stratégique pour le groupe français. D'abord, parce que le pays est son premier marché devant la France (734.000 ventes en 2014 contre 660.000 en France).  Ensuite parce que si la conjoncture est mauvaise, les perspectives sont encore énormes pour ce pays encore sous-équipé.

Il faut dire que PSA revient de loin. L'histoire du groupe dans l'ex-Empire du Milieu est  parsemée d'embûches et de déboires. Après avoir été l'un des premiers constructeurs automobiles installés dans le pays dès les années 1980, le groupe français n'a commencé à prendre son envol que depuis quelques années, après avoir revu sa stratégie, et modernisé son catalogue. Il vend ainsi deux fois plus de voitures aujourd'hui en Chine qu'en 2009. Mais celui qui voulait marcher sur deux jambes, voire à trois, doit pour le moment avancer à cloche-pied...