Ampere pourrait valoir en Bourse autant que Renault aujourd’hui

Par latribune.fr  |   |  871  mots
Renault prévoyait initialement l’introduction en Bourse d'Ampere au minimum fin 2023, mais l'année 2024 offre des conditions plus favorables à la marque au losange. (Crédits : TOBY MELVILLE)
Le directeur général de Renault, Luca de Meo, a déclaré au Financial Times que la future entité regroupant les activités électriques du groupe, baptisée Ampere, pourrait être valorisée jusqu'à 10 milliards d'euros lorsqu'elle effectuera son entrée en Bourse l'an prochain. Un ordre de grandeur proche à la valorisation actuelle de l'ensemble du groupe.

Entre 8 et 10 milliards d'euros. C'est le montant que pourrait atteindre la valorisation d'Ampere, la filiale électrique et logiciels de Renault. Une estimation donnée par le directeur général du groupe dans les colonnes Financial Times. La valeur de l'activité pourrait être de « huit, neuf, dix milliards » d'euros, a ainsi déclaré Luca de Meo, selon des propos cités par le quotidien britannique. Un niveau proche de celui de la capitalisation actuelle de l'ensemble du groupe (10,37 milliards)

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La veille, le directeur général du constructeur automobile français avait confirmé à Reuters au salon de l'automobile de Munich que la fenêtre pour l'introduction en Bourse de l'activité, appelée à devenir un « pure player » de l'électrique et du logiciel, était toujours fixée au printemps prochain, si les conditions de marché le permettent. En revanche, il avait refusé d'évoquer le montant de la valorisation d'Ampere en Bourse lors de son IPO.

« Ce n'est pas moi qui fixe le prix. La seule chose que je peux faire, c'est donner des éléments, et c'est ce que nous allons faire la semaine prochaine, nous allons à New York, il faut qu'on fasse le tour des investisseurs », a détaillé Luca de Meo à des journalistes.

« Un raisonnement industriel »

Confrontés à des investissements massifs pour financer l'électrification des voitures, plusieurs stratégies sont en présence. Stellantis, par exemple, se refuse à scinder ses activités de moteurs thermiques historiques et ses nouvelles activités électriques au nom de l'unicité du groupe, tandis que Renault a créé Horse pour le thermique, et Ampere pour l'électrique.

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Le pari de Renault est inédit, et les analystes s'interrogent sur la valeur que peut représenter la nouvelle entité du constructeur. La semaine dernière, UBS a estimé que la valeur d'Ampere pourrait n'être que de trois à quatre milliards d'euros, lors de son introduction en Bourse.

« Vous pensez qu'Ampere, avec tout ce qu'il y a dedans - deux plateformes, une architecture électronique centralisée, les usines, les moteurs ... ne fait que 1/25 de Vinfast ? », a lancé Luca de Meo à des journalistes lundi, en référence au montant très élevé - 85 milliards de dollars atteint en Bourse -, peu après son IPO, par le constructeur vietnamien Vinfast, dont les volumes de ventes sont bien inférieurs à ceux de Renault

« Ampere, ce n'est pas en premier une motivation liée à la valorisation de la Bourse, c'est un raisonnement industriel pour spécialiser des gens et donner une réponse substantiée et holistique à la concurrence potentielle des Chinois et des Américains », a poursuivi Luca de Meo devant des journalistes.

Etape décisive au 1er novembre

Nissan, partenaire historique de Renault au sein d'une alliance en cours de restructuration, s'est engagé à investir jusqu'à 600 millions d'euros dans Ampere. L'autre partenaire japonais de l'alliance, Mitsubishi, pourrait lui aussi investir dans l'entité, tout comme le géant américain des semi-conducteurs Qualcomm, qui pourrait y prendre une petite participation, a dit à plusieurs reprises Luca de Meo. Renault, qui restera majoritaire dans Ampere, estime par ailleurs que plus de 10% du capital de l'entité devraient rester flottants pour assurer « assez de liquidité » en Bourse au nouveau titre.

Avant de pouvoir être introduite en Bourse, Ampere est appelée à être séparée techniquement du reste du groupe dans les prochains mois. « Un processus comme ça commence par le fait qu'il faut techniquement séparer l'entreprise (...) du reste. La cible qu'on se donne pour Ampere, c'est le 1er novembre », avait indiqué Luca de Meo, qui deviendra le PDG d'Ampere, au micro de BFM Business, le 28 août dernier.

« Une fois qu'on a fait ça, il y a tout le système derrière pour éventuellement aller dans la logique d'une IPO où il faut présenter le projet aux investisseurs. Evidemment, on a déjà commencé, ça se passe bien, et puis il y a des fenêtres dans le marché (...) et on a dit que ce serait plutôt le printemps 2024 », avait-il poursuivi.

30% de croissance annuelle

Le groupe la prévoyait initialement au minimum fin 2023, mais l'année 2024 offre des conditions plus favorables à la marque au losange. L'année prochaine sera notamment marquée par le lancement de plusieurs véhicules électriques, qui permettront de donner de la visibilité aux investisseurs.

Le printemps prochain sera aussi l'occasion d'avoir vu passer les premiers résultats financiers d'Ampere. Surtout, ne pas introduire cette dernière en Bourse en fin d'année permet à Renault de gagner du temps et d'attendre un marché plus favorable et moins volatile qu'en 2023. Pour rappel, Ampere vise plus de 30% de croissance annuelle dans les huit prochaines années, à mesure que le marché européen de l'automobile s'électrifie.

Elle ambitionne aussi de réduire ses coûts « de 40% par voiture pour la prochaine génération de véhicules d'ici 2027 et au-delà », notamment en améliorant « la productivité de la fabrication aux meilleurs niveaux, atteignant moins de 10 heures de temps de production par véhicule », avait indiqué le groupe Renault dans un communiqué en juin.

(Avec agences)