Scandale Volkswagen : l'UE était au courant depuis 2011 et non pas depuis 2013

Par latribune.fr  |   |  469  mots
Le constructeur allemand a donné à ses salariés jusqu'au 30 novembre pour dénoncer des malversations commises en son sein.
Le préjudice subi par les Etats et les citoyens européens s'aggrave donc encore. Les services du commissaire à l'Industrie de l'époque, l'Italien Antonio Tajani, auraient été prévenus de manipulations dès 2011, et ce, par l'un des constructeurs, selon un hebdomadaire allemand. Où l'on apprend aussi que ce sont des fonctionnaires européens mis au courant et "si frustrés de l'inaction de la Commission", qu'ils ont contacté une ONG pour les aider à dévoiler ce double scandale.

On la pensait au courant de la fraude de Volkswagen depuis 2013, la Commission européenne aurait en fait eu connaissance dès l'année 2011 des manipulations dans les mesures d'émissions polluantes et donc de consommation de carburant chez plusieurs constructeurs automobiles, révèle l'hebdomadaire économique allemand WirtschaftsWoche dans un article publié vendredi 13 novembre.

"Ce sont des fonctionnaires de l'administration de l'UE qui ont alerté l'organisation environnementale américaine ICCT sur de possibles tricheries aux émissions d'oxydes d'azote", a déclaré la chef de l'autorité californienne de l'environnement CARB, Mary Nichols, citée dans cet article.

"Frustrés face à l'inaction de la Commission"

Selon le magazine, les services du commissaire à l'Industrie de l'époque, l'Italien Antonio Tajani, a été prévenu de manipulations par l'un des constructeurs. Les fonctionnaires mis au courant étaient "si frustrés de l'inaction de la Commission" qu'ils se sont tournés vers l'ICCT.

C'est par le truchement de cette ONG, qui a fait effectuer une série de mesures puis prévenu les autorités américaines compétentes, que l'affaire des moteurs truqués a éclaté en septembre de cette année. Volkswagen a avoué avoir équipé 11 millions de moteurs diesel d'un logiciel truqueur.

"Si cette information est confirmée, cela signifie que l'ancien et l'actuelle commissaire à l'industrie, respectivement M. Tajani et Mme (Elzbieta) Bienkowska, ont maquillé les faits et ont sciemment menti devant le Parlement européen", ont réagi dans un communiqué deux euro-députés verts, Yannick Jadot et Karima Delli.

Une enquête élargie

Pour mémoire, les eurodéputés ont rejeté fin octobre la création d'une commission d'enquête parlementaire comme le désiraient les Verts soutenus par le centre, appelant les les États membres et la Commission à enquêter sur le scandale.

De nouvelles révélations ont poussé le 6 novembre la Commission européenne à demander aux 28 états membres de l'UE "d'élargir leurs enquêtes pour déterminer l'existence d'éventuelles infractions aux réglementations européennes" après Volkswagen a admis avoir sous-estimé la consommation de carburant d'environ 800.000 véhicules, dont certains dotés d'un moteur à essence.

Le constructeur allemand a donné à ses salariés jusqu'au 30 novembre pour dénoncer des malversations commises en son sein. Ce programme vise à encourage les personnes au courant du système de fraude. Les salariés qui contracteront les enquêtes internes échapperont aux sanctions, selon un courrier qui leur est adressé par le directeur de la marque, Herbert Diess.

Les ventes mondiales de la marque Volkswagen ont baissé de 5,3% en octobre, le premier mois entier depuis qu'a éclaté le scandale. La marque phare du groupe de Wolfsburg a livré 490.000 véhicules le mois dernier, soit 27.400 de moins qu'en octobre 2014 et accuse ainsi son huitième mois consécutif de baisse des ventes.

(avec AFPet Reuters)