Semi-conducteurs  : les patrons Stellantis et Renault ne se veulent pas rassurants

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  435  mots
Carlos Tavares, PDG de Stellantis, prend son mal en patience sur la pénurie des semi-conducteurs. (Crédits : MASSIMO PINCA)
Changement structurel du marché, inertie de la montée en puissance occidentale face à la production asiatique... la crise des semi-conducteurs pourrait encore durer de longs mois à en croire Carlos Tavares, PDG de Stellantis, et Lucas de Meo, directeur général de Renault.

La pénurie avant la surabondance. C'est ce qui attend le secteur automobile européen pour l'approvisionnement en semi-conducteurs à en croire les patrons des groupes Stellantis et Renault, réunis dans une interview croisée par Le Parisien en amont du salon de l'automobile.

Alors que la crise semblait un temps se résorber, Carlos Tavares, PDG de Stellantis, a estimé que « la situation restera très compliquée jusqu'à fin 2023, puis se détendra ensuite, notamment parce que le marché de l'électronique grand public plonge un peu ». Il confirme ainsi les prévisions faites par son groupe, lors de la publication de ses résultats semestriels cet été. Entretemps, le groupe a dû procéder à la mise à l'arrêt de son usine de Sochaux fin août, faute de semi-conducteurs.

Pour expliquer cette situation qui perdure, le directeur général de Renault, Lucas de Meo, évoque une évolution structurelle du marché suite à la baisse des prévisions de demande de semi-conducteurs de la part du secteur automobile pendant la crise sanitaire, alors que celles pour les équipements individuels (ordinateurs, téléphones, consoles de jeu...) explosaient. « L'industrie des semi-conducteurs s'est adaptée et s'est concentrée sur des produits à haute valeur ajoutée pour le marché de l'électronique grand public », détaille-t-il avant d'ajouter qu'il a « du mal à trouver la puce basique qui fait monter et descendre la vitre ». Ce qui freine la production.

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Une production occidentale encore en attente

Le patron de Stellantis souligne tout de même les efforts faits par les Etats-Unis et l'Union européenne, qui ne représentent chacun que 10 % de la production mondiale, pour réimplanter des filières locales et réduire leur dépendance face à la poignée de sociétés asiatiques qui détiennent le marché aujourd'hui.

Avec l'European Chips Act lance en juillet dernier, l'UE veut doubler sa part de marché d'ici 2030. « C'est un enjeu absolument essentiel car nous sommes passés de 40% de production à moins de 10% sur le territoire européen », avait ainsi rappelé Thierry Breton, commissaire européen pour le marché intérieur, lors de la visite du site STMicroelectronics à Crolles (Isère). L'entreprise franco-italienne et son partenaire américain GlobalFoundries sont d'ailleurs en train d'y créer une « méga-fab » avec le soutien de l'Etat français.

« Quand ces investissements se matérialiseront, il y aura des semi-conducteurs, et même une surabondance », s'enthousiasme Carlos Tavares, avant de tempérer : « Mais il va falloir attendre trois ans minimum ».