Volkswagen : le PIB allemand affecté à hauteur de 1,1% ?

Par Nabil Bourassi  |   |  520  mots
La chancelière allemande Angela Merkel en 2011 lors du salon de Francfort.
D'après une étude d'Axa Investment Managers, l'économie allemande risque d'être fortement affectée par la crise des moteurs diesels truqués. Les analystes craignent une contagion de la défiance à toute l'industrie allemande et son image de marque.

L'affaire Volkswagen n'en finit pas de faire couler de l'encre. Les analystes rivalisent de calculs pour tenter de chiffrer le coût de la déflagration survenue par l'annonce par Volkswagen d'un système de tricherie planétaire. Cette fois, c'est Axa Investment Managers (Axa IM) qui a tenté d'évaluer l'impact de cette affaire sur l'économie allemande.

     | Lire Volkswagen a-t-il les moyens de payer la facture ?

Un effet papillon ?

La note rappelle tout d'abord que l'industrie automobile est extrêmement intégrée dans l'économie allemande, c'est-à-dire que les constructeurs et les fournisseurs de rang 1 et de rang 2 (les fournisseurs de fournisseurs), bref, toute l'échelle de production, participent à la formation du PIB. Grosso modo, si l'industrie automobile représente 3% de l'économie allemande, son poids économique réel est de 5%.

Ainsi, tel l'effet papillon, un événement sur cette industrie a un impact plus que proportionnel sur l'ensemble de l'économie, ce qu'on appelle l'effet multiplicateur. Les analystes d'Axa IM estiment que cet effet multiplicateur est de 1,6 soit un effet très élevé. Autrement dit, si l'industrie automobile baisse de 1%, l'impact dans le reste de l'économie sera de 1,6%. A partir de là, les analystes d'Axa IM ont échafaudé trois scénarios possibles.

Du léger impact à la catastrophe

  • Dans la première situation, seul Volkswagen est impacté par la crise. Le géant automobile allemand accuse une chute de 10% de ses ventes sur son marché domestique, et 20% dans les pays tiers. Le PIB allemand pourrait alors être affecté très modestement, à hauteur de 0,1%, d'après l'étude. La facture serait néanmoins salée puisque le PIB de l'Allemagne était de 3.731 milliards d'euros en 2014.
  • Le second scénario fait l'hypothèse que toute l'industrie automobile allemande est touchée par cette affaire. Les autres groupes (BMW, Mercedes) seraient contaminés par la crise de confiance créée par cette affaire, et les ventes seraient déportées vers d'autres constructeurs. Dans ce cas, le scandale coûterait 0,4% au PIB allemand.
  • Enfin, le scénario catastrophe imaginé par Axa IM, serait le cas où cette crise se transforme en défiance de l'image de marque de l'industrie allemande dans son ensemble. Dans ce cas de figure, les dégâts s'élèveraient à 1,1% du PIB.

L'impact de la disparition du diesel difficile à évaluer

Les analystes d'Axa IM estiment que les consommateurs vont probablement s'éloigner de la technologie du diesel. Ils se disent néanmoins incapable d'évaluer l'impact de la disparition du diesel sur l'industrie automobile européenne "compte tenu des incertitudes à la fois sur la rapidité et la capacité des constructeurs européens à s'adapter et à maintenir leurs parts de marché grâce à des technologies alternatives (hybride, électrique)".

     | Lire aussi Succès pour les voitures hybrides d'ici à 2020, contrairement aux 100% électriques

Si les analystes d'Axa IM reconnaissent qu'il est difficile d'établir un pronostic fiable des conséquences de ce scandale, ils jugent néanmoins être dans la fourchette basse de ce qui risque d'arriver. "Nos chiffres sous-estiment probablement la réalité", concluent-ils.

>> Aller plus loin Tous nos articles sur le scandale Volkswagen