Immobilier : Bruno Le Maire prolonge et dope le prêt à taux zéro (PTZ)

Par latribune.fr  |   |  642  mots
Le montant maximum du PTZ « passera de 80.000 à 100.000 euros » a affirmé Bruno Le Maire ce mercredi. (Crédits : JOHANNA GERON)
Le prêt à taux zéro (PTZ) qui devait disparaître en 2024 sera au contraire amélioré pour les ménages les plus modestes, afin de répondre à la crise du crédit immobilier, mais il ne pourra plus servir à faire bâtir une maison, par souci écologique.

Le gouvernement semble finalement avoir entendu les cris des professionnels de l'immobilier. ​​Dans l'espoir de redynamiser le marché du crédit et les transactions immobilières, Bruno Le Maire a annoncé que le prêt à taux zéro n'allait pas être supprimé l'an prochain, comme prévu.

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Au contraire, il sera prolongé en 2024 « parce qu'il y a un effondrement du crédit immobilier et que nous voulons que le plus grand nombre possible de ménages aient accès à un crédit immobilier alors que cela devient extraordinairement difficile avec l'augmentation des taux » d'intérêt liée à l'inflation, a-t-il précisé, ce mercredi, au micro de RTL. Ces taux tournent autour de 4%, Bercy les évaluant mercredi à 4,4% en moyenne, avec les frais. Le ministre a notamment rappelé qu'il « y avait 20 milliards d'euros de crédits mensuels, on est tombé à 10 milliards ».

Un dispositif augmenté

Bruno Le Maire a même annoncé un élargissement de ce type de prêt. Le montant maximum du PTZ « passera de 80.000 à 100.000 euros », la part qu'il pourra représenter par rapport à un autre crédit souscrit auprès de la banque sera rehaussée « de 40% à 50% pour les ménages modestes ».

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Par ailleurs, « les classes moyennes y seront éligibles », alors qu'actuellement les personnes gagnant entre 2.500 et 4.000 euros n'y ont pas droit. « Cela fait six millions de personnes éligibles en plus », a-t-il affirmé. Au total, 40.000 ménages pourraient ainsi en profiter en 2024. Enfin, le PTZ « concernera 210 villes de plus », a détaillé le ministre, rappelant que ce prêt concerne « les zones où il y a le plus de difficultés à se loger ». Il a cité « Bordeaux, Auxerre, Besançon, Bidart, Le Mans, Cournon-d'Auvergne... » parmi les nouvelles villes éligibles.

La réforme, qui se prolongera jusqu'en 2027, va recentrer le PTZ sur les achats d'appartements neufs en zone tendue - c'est-à-dire dans les communes où il est difficile de se loger - ou d'un logement ancien avec travaux en zone non tendue. Il ne financera donc plus les constructions de maisons individuelles, « par souci de cohérence avec nos objectifs de lutter contre l'artificialisation des sols », a indiqué le ministère de l'Economie, évoquant « un choix courageux » du gouvernement.

Un coût de 850 millions d'euros pour l'Etat

Cela représentera un effort pour l'Etat de 850 millions d'euros. « C'est la preuve qu'on a voulu prendre le problème à bras-le-corps » a fait remarquer le ministre accusé par les professionnels du secteur d'abandonner l'immobilier ces derniers mois. Il a par ailleurs demandé aux banques de « se mobiliser » et de consentir aux ménages un prêt sans intérêt d'un montant équivalent à celui de l'Etat. Selon lui, le Crédit Agricole a déjà répondu favorablement à cette demande.

Ces mesures coûteront environ 800 millions d'euros par an à l'Etat. Une économie par rapport au 1,2 milliard que le PTZ a coûté l'an dernier, mais une grosse dépense par rapport à sa suppression pure et simple. Pour Bruno Le Maire, « c'est la preuve qu'on a voulu prendre le problème à bras-le-corps ».

Bruno Le Maire veut aussi « continuer à travailler avec le gouverneur de la Banque de France à la simplification des règles d'octroi du crédit ». Sans citer explicitement le plafond d'un tiers des revenus qui constitue actuellement le maximum des sommes empruntables pour un logement, le ministre a indiqué « continuer à travailler sur l'assouplissement des règles avec le gouverneur ».

Enfin, Bercy a rappelé aussi qu'il était possible de bénéficier du « Prêt accession » de 30.000 euros maximum accordé par Action Logement aux salariés au taux réduit de 1% et pour un montant pouvant atteindre 30.000 euros, ou encore d'avoir recours au Plan épargne Logement (PEL) qui permet également des emprunts à taux favorable.

(Avec AFP)