C'est une étude qui avait fait beaucoup de bruit lors de sa publication en octobre 2021, lors du Salon de l'immobilier commercial (Siec). A cette occasion, le Centre national des centres commerciaux (CNCC), désormais rebaptisé la Fédération des Acteurs du Commerce dans les Territoires (FACT), avait dévoilé une étude réalisée avec EY. Cette dernière portait sur l'impact environnemental et sociétal de la vente de produits non-alimentaires, en comparant le centre commercial et le commerce en ligne.
Sans surprise, elle révélait « l'impact positif du centre commercial ». Passant au tamis la lutte contre le dérèglement climatique, l'utilisation des ressources, la protection de la biodiversité, l'émission de particules fines et le développement des territoires, la fédération professionnelle le martelait : « L'achat en centre commercial se révèle plus vertueux ».
Unibail revoit ses objectifs climatiques
Deux ans plus tard, alors que l'été a longtemps joué les prolongations en France ces dernières semaines, Unibail-Rodamco-Westfield (2,226 milliards d'euros de loyers en 2022) a revu à la hausse ses objectifs climatiques. Pour rappel, le champion du monde du secteur coté au CAC 40 s'était engagé à réduire, dès 2016, de 50% ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici à 2030 sur la base de 2015, et sur les trois scopes. Le scope 1 renvoie aux émissions directes de GES, le scope 2 aux émissions indirectes liées à l'énergie et le scope 3 à toutes les émissions indirectes - le plus gros volume de la filière.
Le 10 octobre dernier, URW a annoncé de nouveaux objectifs : -90% de gaz à effet de serre d'ici à 2030 sur les scopes 1 et 2 et -90% de GES sur les scopes 1, 2 et 3 d'ici à 2050, sur la base de 2015, avec un plan de neutralisation des 10% d'émissions résiduelles « à finaliser ». Le scope 3 reste en effet le plus dur à baisser. Et pour cause, il recouvre, notamment, les déplacements des visiteurs.
Klépierre entend atteindre la neutralité carbone dès... 2030
Dès février, son concurrent Klépierre, leader européen des centres commerciaux au SBF 120 (921,7 millions d'euros de loyers en 2022), a, lui, fait savoir qu'il atteindrait la neutralité carbone, c'est-à-dire l'équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption dudit CO2, d'ici à 2030. Soit avec vingt ans d'avance sur la stratégie nationale bas-carbone (SNBC), la feuille de route de la France pour lutter contre le dérèglement climatique. Mais uniquement sur les émissions qu'il maîtrise, et non sur les consommations privatives ou le mode de transport de ses clients.
Pour atteindre ses objectifs, Unibail-Rodamco-Westfield se fixe de son côté trois priorités, à commencer par réduire de 80% les émissions de gaz à effet de serre liées aux opérations.
Dans les faits, il prévoit de mobiliser les locataires des cellules commerciales en matière d'efficacité énergétique et d'investir 55 millions d'euros dans les panneaux photovoltaïques pour toute l'Europe. Et ce, alors que 100% de sa consommation électrique provient déjà de sources renouvelables depuis 2021, assure la major.
Son rival Klépierre va, lui, mesurer les consommations d'énergie privatives de ses locataires et les aider à réduire de 20% leurs consommations d'énergie. Il entend aussi installer des unités de production d'énergie renouvelable sur ses actifs pour atteindre jusqu'à 30% d'autoconsommation dans ses 40 premiers « centres co ».
Dans les deux cas, la loi française relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables les y contraint. Ce texte prévoit en effet prévoit l'installation obligatoire d'ombrières photovoltaïques sur tous les parkings extérieurs existants et futurs de plus de 1.500 m².
Transport de visiteurs et intensité carbone également au menu
Quant à la part des modes de transport durables - les transports publics, le vélo ou la voiture électrique - liée aux visites, URW compte la relever d'environ 50% à 62% d'ici à 2030. Comment ? En passant de 1.300 à 4.000 le nombre de points de recharge électrique.
Objectif : -40% de GES pour la mobilité des visiteurs d'ici à sept ans. Un même pourcentage communiqué par Klépierre il y a huit mois qui compte « mobiliser [ses] visiteurs » en ce sens. Unibail promet par ailleurs d'améliorer l'intensité carbone des projets de « centres co » en développement via un plan d'action, notamment, en matière de biodiversité et de déchets.
En matière de biodiversité, le groupe veillera à ce qu'il y ait un gain net sur tous les projets en développement et de la renaturation sur les sites existants. Klépierre s'engage au zéro artificialisation nette (ZAN) pour tous ses projets de développement.
Comment seront financés ces plans d'action ?
En termes de déchets, URW vise « zéro déchets mis en décharge », une réduction de 15% de ses déchets générés par ses centres et un taux de recyclage global de 70% d'ici à 2030. Klépierre s'engage à valoriser 100% de ses matières premières - 50% de recyclage et 50% de réutilisation - et 100% des déchets alimentaires en compost ou en méthanisation.
Reste à financer tous ces plans d'action. Le géant mondial assure ainsi que le besoin d'investissements complémentaires est « limité » avec 28 millions d'euros par an - dont 8 pour le photovoltaïque - jusqu'en 2030, mais qui permettront de générer, « à terme », des économies d'exploitation de 23 millions d'euros chaque année. Le leader européen ne communique, lui, pas pour l'heure sur le montant du plan d'investissement et renvoie aux résultats financiers 2023 qui seront connus début 2024.
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