Immobilier :  le marché continue sa chute dans toute la France

Par latribune.fr  |   |  756  mots
Selon les chiffres de la Banque de France, la production de crédit immobilier a ainsi chuté de 40% en juillet à 12,7 milliards d'euros. (Crédits : DR)
La flambée du coût du crédit, qui exclut de nombreux primo-accédants, est la cause principale de cette baisse du marché immobilier. Toutes les grandes métropoles de France sont touchées, à l'exception de certaines situées dans le sud-est.

Suivant la tendance de ces derniers mois, le marché de l'immobilier ancien poursuit sa chute, et ce, dans l'ensemble de la France. C'est ce que relèvent les réseaux d'agences tricolores dans leurs baromètres du 3e trimestre publiés cette semaine. Elles observent en particulier un ralentissement cet été, avec un nombre de transactions en net recul, du fait des difficultés d'accès au crédit et des prix d'achat globalement en baisse.

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Pour Century 21, qui détectait déjà une baisse des prix au deuxième trimestre, celle-ci s'est encore accentuée sur la période allant de juillet à septembre, avec 4,1% de baisse sur un an pour les appartements et 2% pour les maisons. Même chose pour le gestionnaire Laforêt, qui enregistre une baisse de 3,1% des prix au mètre carré, et pour Orpi, pour qui les prix depuis le début de l'année ont reculé de 2%Seule la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) détectait toujours une progression des prix, de 1,1%, dans son dernier baromètre remontant au 1er septembre dernier.

Toute la France touchée

« La baisse des prix, même si elle est aujourd'hui relativement faible et hétérogène, commence à gagner progressivement toute la France et des régions ou des villes qui étaient orientées à la hausse, comme la Bretagne », a commenté pour l'AFP Yann Jéhanno, président de Laforêt.

Bordeaux, Rennes ou Lyon suivent, en effet, la même tendance à la baisse, relèvent les professionnels. Exceptions qui confirment la règle, plusieurs villes, notamment au bord de la Méditerranée, ont, selon la plupart des réseaux, continué de voir leurs prix grimper, en premier lieu Marseille et Nice.

La flambée des coûts de crédit, principale fautive

Selon ces réseaux d'agences, ce phénomène s'explique principalement par la flambée du coût du crédit, qui exclut de nombreux primo-accédants, obligés de s'endetter plus pour acheter leur résidence principale. Le marché est porté par les « secundo-accédants », qui achètent en vendant leur bien précédent et ont donc un apport conséquent. Pour Laforêt, ils représentent désormais plus d'un acquéreur sur deux, contre moins de 20% pour les primo-accédants.

Conséquence : tous les réseaux font état d'une chute des transactions. Leur nombre a ainsi reculé de 22% selon Orpi, de 15% selon Laforêt et de 23 à 27% selon Century 21.

Les taux du crédit immobilier, affichés par les banques, augmentent, en effet, constamment depuis plusieurs mois avec, selon le courtier en crédit immobilier VousFinancer, « des taux rarement inférieurs à 4% » en septembre. « La révision mensuelle est actée jusqu'à la fin de l'année ce qui devrait conduire les taux d'usure à des niveaux aux alentours de 6 % », a estimé fin septembre Julie Bachet, directrice générale du courtier en ligne Vousfinancer, dans un communiqué. Selon l'Observatoire Crédit Logement, le taux moyen (hors assurance et frais de dossier) d'un crédit immobilier était de 3,61% en juillet, soit trois fois plus qu'en juillet 2021 (1,05%).

Selon les chiffres de la Banque de France, la production de crédit immobilier a ainsi chuté de 40% en juillet à 12,7 milliards d'euros. Des chiffres assez proches cette fois-ci de ceux relevés par l'Observatoire Crédit Logement. Pour rappel, le taux d'endettement des emprunteurs, en incluant le coût de l'assurance des crédits, est actuellement limité à 35% de leurs revenus, avec cependant des dérogations pour les primo-accédants. En juin, par exemple, le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) avait relevé la part des crédits immobiliers sur lesquels les banques peuvent appliquer de manière dérogatoire leurs propres critères et aller au-delà des 35%.

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Mis sous pression, le gouvernement se mobilise

Conscient du problème, le ministre de l'Économie étudie depuis début septembre l'hypothèse d'un assouplissement des conditions d'accès au crédit, dans le but de redynamiser le marché immobilier. Pour arriver à une telle mesure, Bruno Le Maire a tenté de convaincre le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) qui statue sur ces questions. Malheureusement, l'instance a refusé cette idée dans une décision rendue le 26 septembre dernier. Le HCSF a justifié celle-ci en expliquant qu'une telle modification n'apporterait pas de solution concrète aux difficultés du marché immobilier.

(Avec AFP)