L'espagnol Ferrovial déménage son siège social aux Pays-Bas : Madrid voit rouge

Par latribune.fr  |   |  521  mots
Fondé en 1952 à Madrid, le groupe d'infrastructures Ferrovial est propriétaire de l'aéroport de Londres-Heathrow. (Crédits : Ferrovial)
Propriétaire de l'aéroport de Londres-Heathrow, à Londres, le groupe d'infrastructures espagnol a proposé de fusionner la société mère de Ferrovial basée à Madrid « avec sa filiale Ferrovial International SE », société anonyme de droit néerlandais. Si cette décision induit le transfert du siège social aux Pays-Bas, Ferrovial assure qu'il continuera de cotiser en Espagne. Inacceptable pour le gouvernement espagnol. Qui demande au groupe de revenir sur sa décision.

Madrid parviendra-t-il à retenir l'un de ses fleurons économiques ? Au lendemain de l'annonce de transfert du siège social de Ferrovial de Madrid aux Pays-Bas, le gouvernement espagnol a fait part de son mécontentement ce mercredi 1er mars.

« Il est inacceptable qu'une entreprise qui est née et s'est développée en Espagne, et cela, grâce à l'investissement public des citoyens espagnols, fasse preuve d'un tel manque d'engagement envers son pays », a estimé le ministère de l'Économie espagnol dans une réaction transmise à l'AFP.

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Le ministère attend désormais des détails afin de mesurer les implications possibles « de cette décision erronée ». Fondé en 1952 à Madrid, le groupe d'infrastructures Ferrovial est propriétaire de l'aéroport de Heathrow à Londres, mais aussi de nombreuses autoroutes, aux États-Unis et au Canada.

L'argument de l'internationalisation croissante de l'activité...

Lors de la publication de ses résultats le 28 février dernier, il a fait part de son intention de transférer son siège social aux Pays-Bas. Pour ce faire, il propose de fusionner la « société mère » de Ferrovial, basée à Madrid, avec la filiale Ferrovial International SE, société anonyme de droit néerlandais. Ferrovial précise qu'il continuera de cotiser en Espagne. Le groupe cotisera également « aux Pays-Bas » et « demandera à cotiser aux Etats-Unis », précise le communiqué. L'entreprise se veut rassurante : le transfert du siège social ne se traduira pas par des licenciements en Espagne, où les investissements prévus seront maintenus.

Pour justifier cette réorganisation, Ferrovial invoque « l'internationalisation croissante » de son activité. « En 2022, 82% des revenus » du groupe ont été tirés de « ses activités internationales », souligne le communiqué.

L'an dernier, le géant espagnol avait engrangé 186 millions d'euros de bénéfice net. Le chiffre d'affaires du groupe d'infrastructures a dépassé les prévisions du marché, à 7,55 milliards d'euros. Cette dynamique s'explique selon le groupe par les bons résultats engrangés par ses autoroutes, notamment aux Etats-Unis.

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... ne convainc pas ceux qui dénoncent un choix de nature fiscale

Ferrovial précise avoir également profité de la « solide reprise » du trafic aérien grâce à la levée des restrictions sanitaires au Royaume-Uni, qui a dopé l'activité de l'aéroport de Londres-Heathrow. Près de 61,6 millions de passagers ont ainsi transité l'an dernier par l'aéroport londonien.

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Les explications de Ferrovial peinent toutefois à convaincre. Le transfert du siège social aux Pays-Bas a été perçu comme un choix de nature fiscale par certains analystes et par une partie de la classe politique espagnole, le pays étant connu pour proposer une fiscalité avantageuse aux entreprises qui s'y établissent.

Plusieurs grands groupes ont fait le choix de s'installer aux Pays-Bas ces dernières années, comme Airbus Group et Stellantis.

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(avec AFP)