Feu vert à l'extension de l'aéroport de Londres-Heathrow

La Cour suprême britannique, la plus haute juridiction au Royaume-Uni, a donné raison mercredi à l'aéroport d'Heathrow en autorisant son projet controversé de troisième piste, en débat depuis des décennies. Ce faisant, la Cour Suprême a contredit un jugement en appel qui avait retoqué le projet pour des raisons environnementales. A l'heure du Brexit, l'agrandissement de l'aéroport londonien contribuerait à améliorer la connectivité du Royaume-Uni avec le reste du monde, et stimulerait la croissance.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Luke MacGregor)

C'est au moment où les aéroports sont vides que l'extension de l'aéroport londonien d'Heathrow est confortée. Ce mercredi, quatre ans après le feu vert de l'ancienne premier ministre britannique, Theresa May, la Cour Suprême britannique a validé la construction controversée d'une troisième piste à Heathrow, en débat depuis une trentaine d'années. Saisie par l'aéroport et non par le gouvernement de Boris Johnson -lequel a toujours été hostile à ce projet- la plus haute juridiction au Royaume-Uni a en effet contredit un jugement en appel de février dernier, qui avait retoqué ce projet d'agrandissement pour des raisons environnementales. La cour d'appel avait estimé que cette extension aéroportuaire n'était pas assez respectueuse de l'environnement et que le précédent gouvernement conservateur, qui l'avait approuvé, aurait dû tenir davantage compte de l'Accord de Paris sur le réchauffement climatique. Un point retoqué par la Cour Suprême britannique, selon laquelle la décision du gouvernement de l'époque était légale car il "n'avait pas d'obligation" de tenir compte de l'Accord de Paris.

La Cour Suprême britannique confirme ainsi un premier jugement de mai 2017 qui avait donné tort aux associations écologistes. La direction d'Heathrow espère à présent décrocher un permis de construire mais le gouvernement aura le dernier mot sur l'avenir de la troisième piste. Pour l'ONG Greenpeace, à l'approche de la conférence de l'ONU sur le climat (COP 26), prévue l'an prochain sous l'égide du Royaume-Uni, "le gouvernement devrait tirer un trait sur ce triste feuilleton".

Stimuler la croissance

Les milieux économiques sont ravis. A l'heure du Brexit, l'ajout de capacité aéroportuaire procurerait au pays d'importants bénéfices économiques. Des patrons et des responsables politiques favorables au projet ont maintes fois répété que l'agrandissement d'Heathrow était crucial avec le départ de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, car cette nouvelle capacité aérienne leur permettrait de renforcer les liens commerciaux et stimuler la croissance. Cette nouvelle piste permettrait en effet au Royaume-Uni d'améliorer sa connectivité avec le reste du monde, notamment en Asie, aujourd'hui mise à mal par les compagnies du Golfe et leur hub du Moyen-Orient.

"C'est un bon résultat pour le pays", s'est réjoui l'aéroport, pour qui cet agrandissement est le seul moyen pour le Royaume-Uni d'être connecté aux marchés en pleine croissance à travers le monde.

En raison de la procédure judiciaire et la crise sanitaire, l'aéroport avait décidé de retarder d'au moins deux ans la construction de cette piste, dont les travaux devaient en principe débuter en 2022 et durer quatre ans.

70.000 emplois nouveaux

 En 2015, une étude réalisée par une commission indépendante assurait qu'une nouvelle piste à Heathrow permettrait la création de 70.000 emplois nouveaux d'ici 2050 et augmenterait la croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0,65 à 0,75 point sur la même période, ce qui représenterait une contribution économique de 147 milliards de livres (165 milliards d'euros) sur 60 ans.

Une troisième piste à Heathrow permettrait au Royaume-Uni de rattraper son retard sur ses concurrents européens. Paris et Francfort disposent en effet de quatre pistes, et Amsterdam est désormais plafonné. En augmentant de 260.000 le nombre de mouvements annuel (décollages, atterrissages), cette nouvelle piste permettrait à l'aéroport d'accueillir un trafic de 135 millions de passagers par an, contre près de 80 millions avant la crise.

"La demande pour l'aviation va se rétablir après le COVID-19, et les capacités supplémentaires d'Heathrow permettront à la Grande-Bretagne, en tant que nation souveraine, de rivaliser sur le plan commercial avec nos rivaux en France et en Allemagne et de l'emporter", a déclaré un porte-parole d'Heathrow.

La facture du chantier s'annonce salée. Avec les expropriations, la construction de parkings..., le coût du chantier s'élèverait à près de 15 milliards de livres. Elle sera financée par les propriétaires de l'aéroport (composés notamment des fonds souverains de Chine, de Singapour et du Qatar).

Pour British Airways, une nouvelle piste à Heathrow constituerait une mauvaise nouvelle. Solidement installée à l'aéroport et relativement protégée de la concurrence par la saturation de cet aéroport, la compagnie britannique devra affronter une concurrence beaucoup plus vive.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 3
à écrit le 17/12/2020 à 8:32
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Quoi !? Seulement une extension ? Et pas un projet de 8000 hectares de supermarchés et galeries marchandes ? Bouh les nuls ! ^^

à écrit le 17/12/2020 à 3:42
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Premier acte de la reconstruction du RU. Future plateforme deregulee aux portes de la France. Ca va saigner.

à écrit le 16/12/2020 à 18:54
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