Logement neuf : la crise menace 300.000 emplois dans la construction d'ici 2025, alertent les promoteurs

Par latribune.fr  |   |  602  mots
Les estimations de la FPI publiées ce jeudi confirment la crise profonde de la construction neuve, avec une chute des réservations de logements neufs au deuxième trimestre de 30% sur un an (Photo d'illustration). (Crédits : iStock)
La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a tiré la sonnette d'alarme lors d'un point trimestriel. La construction neuve rencontre une crise inédite, avec une chute des réservations de logements neufs au deuxième trimestre de 30% sur un an, particuliers et professionnels compris.

Les acteurs de la construction neuve s'inquiètent. Quelque 300.000 emplois sont menacés d'ici à 2025 si rien n'est fait pour relancer la construction, a averti ce jeudi le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), Pascal Boulanger.

« On s'attend d'ici 2025 à 300.000 pertes d'emplois, à peu près 150.000 dans le bâtiment, et 150.000 dans tout ce qui gravite autour, bureaux d'études, promoteurs, assureurs, etc. », a-t-il détaillé lors du point presse trimestriel de la FPI.

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Son estimation rejoint ainsi celle de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui table sur 150.000 emplois menacés dans son secteur au même horizon. « Il n'y a plus personne qui embauche chez les promoteurs, il y en a qui commencent à préparer des PSE » (plans de sauvegarde de l'emploi, activés en cas de licenciements économiques, ndlr), a illustré Pascal Boulanger.

« S'il devait y avoir un danger ce serait plus sur les promoteurs intermédiaires, qui sont des promoteurs indépendants, souvent seuls au capital de leur société et qui ont beaucoup de produits à l'offre et ces produits se sont stoppés ».

Une chute des réservations

Pascal Boulanger a réitéré ses revendications. Il a réclamé une aide « d'urgence », pouvant prendre la forme d'une exonération de droits de succession sur l'achat de logements neufs, et des incitations financières à la construction pour les communes. Pour limiter l'ampleur de la crise, la FFB, elle, réclame notamment le redéploiement du PTZ sur 40% du territoire et la revalorisation de ses barèmes.

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Les estimations de la FPI publiées ce jeudi confirment la crise profonde de la construction neuve, avec une chute des réservations de logements neufs au deuxième trimestre de 30% sur un an, particuliers et professionnels compris. Elles rejoignent celles du ministère de la Transition écologique, qui faisait état, au deuxième trimestre, d'une chute de 40% des réservations de particuliers.

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Cette dégringolade s'explique d'abord par la baisse de pouvoir d'achat des acquéreurs. Le resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) a entraîné une remontée brutale du coût du crédit. En outre, les coûts de construction ont fortement augmenté. Les permis de construire délivrés depuis un an se sont eux repliés de 23%, selon les derniers chiffres du ministère remontant à fin juillet.

« Cela fait environ trois ans que nous voyons les signes avant-coureurs de cette crise, et nous constatons que les réponses apportées par les décideurs, nos gouvernants, ne sont pas à la hauteur des enjeux de la filière », fustigeait fin juillet le PDG du groupe Vinci, Xavier Huillard.

Selon toute vraisemblance, la crise du logement et de l'immobilier devrait être largement abordée à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances 2024 au Parlement. Pour rappel, il doit être présenté en Conseil des ministres à la fin du mois.

Lundi dernier, le président du groupe MoDem à l'Assemblée a dit espérer un projet de loi pour répondre à la crise. « Ce ne sont pas quelques propositions ou des petites mesures sur Airbnb et autres qui vont résoudre le problème », a-t-il insisté, proposant par exemple une « fiscalité ciblée pour récompenser des élus vertueux qui font un travail important » pour permettre aux gens de se loger.

(Avec AFP)