Immobilier : la chute de 39,9% des réservations de logements neufs accentue la crise

Selon les statistiques provisoires fournies par le ministère de la Transition écologique, les réservations de logements neufs auprès des promoteurs immobiliers ont chuté de 39,9% sur un an au deuxième trimestre 2023. Cette crise trouve ses causes dans la hausse des taux d’intérêt, la hausse des coûts de construction et la diminution des aides à la construction neuve. La panne de la construction de logements neufs contraint les promoteurs à chercher d'autres sources de revenus pour préserver leur activité.
Les réservations cd logements neufs chutent à 18.000 au deuxième trimestre, en baisse de 39,9% sur un an.
Les réservations cd logements neufs chutent à 18.000 au deuxième trimestre, en baisse de 39,9% sur un an. (Crédits : Nexity)

La commercialisation enregistre un cinquième trimestre de baisse consécutif avec seulement 18.000 logements réservés. Selon les statistiques dévoilées jeudi par le ministère de la Transition écologique, les réservations de logements neufs auprès des promoteurs ont chuté de presque 40% (39,9%). Ce niveau est inférieur à celui connu au plus fort des effets de l'épidémie de Covid-19 : une baisse de 18% par rapport au deuxième trimestre 2020.

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Ce repli est plus fort pour les maisons (-44,9% sur un an et -16,3% par rapport au trimestre précédent) mais concerne aussi les appartements (-39,5% sur un an et -10,1% par rapport au trimestre précédent).

Quant aux mises en vente, qui représentent l'offre nouvelle des promoteurs, elles tombent à 21.000, avec une baisse de 10,3% en un trimestre et de 29,5% sur un an.

Inégalités territoriales

La baisse des réservations concerne particulièrement les zones les plus denses qui restent peu dynamiques, alors que la zone C, qui comprend les petites communes, se singularise par une progression de mises en vente de 15,7%Ainsi les niveaux des mises en vente et des réservations retrouvent leur niveau d'avant crise sanitaire. Le niveau de l'encours des logements dans cette zone est en constante augmentation depuis le début 2022 : il atteint désormais 9 .000 logements.

Les causes de la crise

Les promoteurs pâtissent d'un contexte économique très défavorable. Tout d'abord, la remontée rapide des taux d'intérêt réduit le pouvoir d'achat des emprunteurs. Ensuite, la hausse des coûts de construction se répercute sur les prix de vente.

Autre sujet d'inquiétude dans le secteur, la diminution, annoncée par le gouvernement, des aides à la construction neuve, avec la suppression programmée de la niche fiscale Pinel et le recentrage des prêts à taux zéro.

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Les promoteurs en difficultés

Chez Bouygues, le chiffre d'affaires de la branche immobilier a reculé de 14% au premier semestre. Même tendance chez Vinci où les réservations de logements neufs ont plongé de 36%, alors que les autres filiales du géant du BTP (construction, énergies, autoroutes...) affichent une santé de fer.

« Cela fait environ trois ans que nous voyons les signes avant-coureurs de cette crise, et nous constatons que les réponses apportées par les décideurs, nos gouvernants, ne sont pas à la hauteur des enjeux de la filière », dénonçait fin juillet le PDG du groupe, Xavier Huillard.

Quant à Nexity, le premier promoteur français, il a dû abaisser ses objectifs financiers pour 2023 alors que ses réservations de logements diminuaient de 20%. Le groupe table à présent sur un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros à la fin de l'année, contre 4,5 milliards jusqu'ici.

Se diversifier pour limiter l'impact de la crise

Pour diminuer son exposition aux soubresauts du marché de la construction, le groupe Nexity a déjà commencé sa diversification au-delà de la promotion immobilière, son cœur de métier historique. L'objectif est de devenir un « opérateur global d'immobilier », présent dans tous les métiers de l'immobilier et servant tous types de clients, particuliers, professionnels ou collectivités.

Altarea s'est également lancé dans un projet de diversification, plus radical, dans les entrepôts logistiques, data centers et installations photovoltaïques. Au premier semestre, il a fortement réduit ses investissements dans la promotion immobilière, achetant beaucoup moins de terrains à bâtir. Le groupe « assume la forte baisse de résultats qui en découle », a affirmé son président Alain Taravella dans un communiqué. Altarea est, en effet, passé dans le rouge, avec une perte nette de 18 millions d'euros au premier semestre contre un bénéfice de 327 millions un an auparavant.

« Altarea peut se permettre de mener une politique plus radicale grâce à son modèle diversifié et à sa puissance financière », a assuré Alain Taravella, dont le groupe mise gros sur la construction écologique, à travers les bâtiments en bois ou la rénovation des logements.

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Chantiers tertiaires et investissements de la part des promoteurs

À court terme, des promoteurs aident davantage leurs clients à financer leurs acquisitions malgré la hausse des taux d'intérêt.

« Un certain nombre de confrères et nous-mêmes essayons de compenser en partie le différentiel, pour tenter d'enrayer un peu le sujet en attendant que les taux se stabilisent », explique à l'AFP Franck Hélary, directeur général adjoint de Crédit Agricole Immobilier.

D'autres compensent les difficultés rencontrées dans le secteur du logement par de grands chantiers tertiaires. Nexity, par exemple, a réussi à présenter un chiffre d'affaires en hausse au premier semestre notamment grâce à ses opérations en cours dans l'immobilier de bureaux. Le promoteur par ailleurs annoncé début juillet un partenariat avec Carrefour pour transformer des zones commerciales.

Le phénomène est le même chez Kaufman & Broad, qui a compensé une érosion de 11% de ses réservations de logements par le lancement d'un méga-chantier de bureaux dans le quartier de la gare d'Austerlitz à Paris, purgé de tout recours après des années de bataille judiciaire. Le promoteur indique aussi s'être davantage tourné vers les gros investisseurs, comme les bailleurs sociaux ou les collectivités.

« C'est une aide complémentaire pour essayer d'engager des travaux et de ne pas se retrouver dans une position où les chantiers devraient être retardés », estime Franck Hélary.

(Avec AFP)

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Commentaires 19
à écrit le 20/08/2023 à 11:06
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Sur le titre: Pourquoi "accentue"? C'est bien l'origine de la crise?

à écrit le 19/08/2023 à 9:46
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Nous avons acquis un appartement à Toulouse construit par Vinci. Livré en décembre alors qu'il n'était pas terminé ! Certainement pour des raisons fiscales. Vinci fait appel aux entreprises les moins chères. Celles-ci emploient de pauvres gens totale...

le 19/08/2023 à 11:21
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En principe, la vente d'un appartement sur plan est considérée comme une vente à terme. Normalement, il est alors d'usage de verser un acompte à la signature (puisque la prise de possession de l'objet interviendra dans le temps, à terme) et le solde ...

à écrit le 18/08/2023 à 9:52
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Oh ben ça alors, "la populace" n'a plus (à présent) les moyens de faire s'écouler une offre excédentaire (ce n'est pas cool ça). STOP ! Comme si - selon les mantras "mainstream" - l'offre devait systématiquement engendrer sa propre demande (Jean-Bapt...

à écrit le 17/08/2023 à 16:54
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J'ai voulu acheter cash une maison à 500 K€ en 2021, un acheteur l'a eu pour 550 K€ avec un crédit. Faut être un peu dingue pour faire un emprunt de cette somme, on a ou pas l'argent devrait être la règle pour les particuliers.

à écrit le 17/08/2023 à 16:02
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"Immobilier : la chute de 39,9% des réservations de logements neufs accentue la crise" titrez-vous votre article. Corrigez-moi si je me trompe, mais ça n'est pas l'économie russe que Bruno Le Maire devait effondrer?

à écrit le 17/08/2023 à 13:43
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Correction logique après des années où propriétaires, constructeurs, agents immobiliers se sont "gavés". Les vendeurs vont devoir revoir leur prix à la baisse, surtout si le bien n'est pas d'une qualité exceptionnelle. Pour l'immobilier de luxe: No...

le 18/08/2023 à 9:26
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la penurie fera monter les prix

à écrit le 17/08/2023 à 13:30
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Ben oui, vu les tarifs, avec la fin de l'argent gratuit pour tous, va falloir atterrir... sinon c'est très curieux mais je n'ai pas lu que les programmes neufs avaient 40% de logements sociaux histoire de faire du vivre ensemble, et sachant que c'es...

à écrit le 17/08/2023 à 11:47
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La fête est finie avec les tx bas qui ne se justifient plus. Une bulle a émergé en 15 ans de baisses continues des tx alors que les prix augmentaient en parallèle. Les professionnels / artisans du bâtiments et des matériaux pratiquaient » l entente...

le 17/08/2023 à 17:21
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A Bréhat, les prix ont augmenté de 60% en cinq ans, sans doute "pour des biens moyens voire bricolés par les propriétaires eux mêmes"...

le 18/08/2023 à 8:40
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Plus que 15 ans, en fait, c'est cette bulle qui a tiré l'essentiel de la croissance française depuis l'éclatement de la bulle Internet en 2001. Il y avait aussi du clientélisme électoral, arroser les rentiers de l'immobilier étant le fonds de commerc...

à écrit le 17/08/2023 à 11:40
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Un manque cruel de logements à louer est également la conséquence e cette crise de l'immobilier qui ne dit pas son nom, déjà qu'il n'y en avait pas beaucoup il n'y en a plus du tout. Alors je peux parfaitement comprendre que certains propriétaires ai...

le 17/08/2023 à 12:03
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Vu la natalite francaise, je me demande bien pourquoi on parle sans cesse de penurie. Certes il y a des regions sinistrees ou plus personne habite, il y a les divorces et AirBnB mais est ce que ca peu expliquer vraiment une penurie ? Et celle ci est...

le 17/08/2023 à 12:23
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@cd : le gros problème, c'est que les logements ne sont pas forcément là où il y en a besoin, c'était d'ailleurs souvent l'arnaque des dispositifs de defiscalisation car les biens étaient généralement construit là où les terrains n'étaient pas chers....

le 18/08/2023 à 9:18
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Il n'y a pas de pénurie de logements c'est sûr et certain par contre il y a une pénurie d'offres et si personne ne va chercher la cause de cette récurrente anomalie particulièrement dévastatrice en cette période de hausse des taux, c'est bien qu'il d...

à écrit le 17/08/2023 à 11:34
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Certains programmes immobiliers affichent des prix astronomiques pour des maisons « écologiques « ,pourtant sans charme,accolées,sans garage.C’est le cas près de chez moi. Que ces promoteurs reviennent sur terre!

à écrit le 17/08/2023 à 11:21
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la féte est finie .on va revenir sur les fondamentaux et en finir avec des aides de l etat donc du contribuable . quand aux prix des matériaux a voir les résultats financiers des fournisseurs y a pas que les canards qui se gavent .on revient sur ter...

à écrit le 17/08/2023 à 11:06
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c est amusant ces reactions. Quand l immobilier prenait 20 % par an alors que les revenus des acheteurs faisait +2 % on les entendait pas. pourtant il etait bien clair que ca pouvait pas durer. La situation actuelle est transitoire : pas de vente car...

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