Logement neuf : les promoteurs alertent le gouvernement et les maires

Par César Armand  |   |  730  mots
La chute de 7% des permis de construire et des mises en chantier en 2018 inquiète les professionnels de l'immobilier à un an des élections municipales. La fédération des promoteurs demande au gouvernement "une politique claire, lisible et continue" et, appelle les maires à se saisir du "choc d'offres".

Le ralentissement de la production de logements neufs et des ventes se poursuit. 40.000 permis de construire en moins ont été accordés en 2018 par rapport à 2017 et 20.000 logements de moins ont été mis en chantier l'an dernier par rapport à l'année précédente. « Ces chiffres sont vraiment préoccupants », souligne le délégué général de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Alexis Rouque.

L'année 2018 a effectivement été marquée par l'entrée en vigueur de l'impôt sur la fortune immobilière, la suppression de l'APL accession et l'expectative des élections municipales du printemps 2020.

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Ce « tassement » est notamment dû à « une cacophonie du gouvernement sur la fiscalité », estime Alexandra François-Cuxac, présidente de la FPI. Selon elle, « l'ambiance est assez anxiogène » « Il y a un attentisme des investisseurs car on ne sait pas où cela va nous mener ». C'est pourquoi la professionnelle du logement neuf demande à l'exécutif « une politique claire, lisible et continue ».

"Une alerte plus qu'une alarme"

La chute de 7% des permis de construire et des mises en chantier en 2018 sont "irrattrapables"se désespère la présidente François-Cuxac. « On fait clairement face à un problème d'offre ». Les raisons sont nombreuses : terrains trop chers, coûts de construction qui ont augmenté significativement et des prix de vente qui ne parviennent pas à absorber ces dépenses. « C'est une alerte plus qu'une alarme », insiste encore la patronne de la Fédération des promoteurs immobilières.

Alors qu'un projet d'aide aux maires-bâtisseurs se dessine au ministère de la Ville et du Logement, les professionnels se tournent vers les élus locaux : « Les clés du choc d'offres sont entre vos mains ». Dans le même temps, ils se rapprochent de la Fédération française du bâtiment (FFB) pour travailler tant sur les délais de paiement que sur la formation et la qualité.

Le défi du mille-feuille francilien

Plus tard dans la journée du 28 février, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers d'Île-de-France s'est livré, devant les notaires du Grand Paris, à un véritable réquisitoire contre les politiques actuelles. Si Marc Villand se félicite de la "restructuration de la ville sur la ville" avec "une densification qui ne cesse de s'accentuer"il montre son impatience quant à la livraison du Grand Paris Express.

« Les prévisions de financement ont été multipliées par trois et tout le surcoût va reposer sur les entreprises avec l'augmentation de la taxe sur les bureaux. »

Les parlementaires ont effectivement augmenté de 10% la taxe sur les bureaux de Paris et des Hauts-de-Seine, mais ils ont également adopté une taxe additionnelle régionale de 15% à la taxe de séjour.

Par ailleurs, le PDG d'Interconstruction semble détester le mille-feuille francilien.

« Etablissements publics territoriaux dont la ville de Paris, métropole du Grand Paris qui est un établissement public de coopération intercommunale, communautés urbaines, communes... Comment répondre à ces enjeux avec des paramètres aussi peu stabilisés ? » s'interroge le patron régional de la FPI.

Il en oublierait presque les sept départements et la région, mais il est vrai que ceux-ci n'ont pas le pouvoir de délivrer les permis de construire que détiennent les maires.

S'assurer du "oui" de celui qui peut dire "non"

Les élus locaux, justement, « nous demandent des logements toujours plus grands et les habitants des logements toujours plus petits », poursuit Marc Villand. A un an des élections municipales, il cite le Grand Londres et son assemblée de 25 élus qui a la compétence logements. En France, au contraire, « il faut s'assurer du "oui" de celui qui peut dire "non" ». Le professionnel préfère donc ironiser sur « ces entreprises qui paient des commerciaux pour être à tous les cocktails » ou celles qui lancent des fondations d'art contemporain. Avant d'avouer que lui-même y songe.

« Nous sommes des adeptes de Darwin : on s'adapte et on se singularise pour être visibles ». Le président de la FPI Île-de-France se refuse néanmoins à prendre parti dans le débat institutionnel : « Nous raisonnons région-capitale ». Comme une certaine Jacqueline Gourault, alors ministre auprès du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, venue devant les mêmes notaires dans la même salle en décembre 2017.