Marseille : Gaudin en appelle à l'Etat après l'effondrement d'immeubles

Par César Armand  |   |  561  mots
Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, a refusé de démissionner. (Crédits : JEAN-PAUL PELISSIER)
Trois jours après l'effondrement des trois immeubles dans le quartier de Noailles, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a défendu son bilan tout en demandant une intervention plus efficace de l'Etat.

Au lendemain du drame qui a frappé trois immeubles et occasionné la mort de six individus, le maire de Marseille promettait de « faire plus ». Visitant une crèche le 7 novembre, Jean-Claude Gaudin avait annoncé, à nos confrères de La Marseillaise, vouloir « une vérification totale de tout ce qui peut paraître aujourd'hui comme de l'habitat insalubre ».

Ce matin du 8 novembre, lors de sa conférence de presse, l'élu a communiqué sur les « actions multiples, importantes et constantes » que sa ville déploie depuis son élection en 1995. « Cette ambition vise l'amélioration des conditions de vie dans les quartiers les plus dégradés et paupérisés », a-t-il poursuivi.

Jean-Claude Gaudin, refusant « les polémiques et l'expression d'intérêts particuliers », a notamment rappelé que depuis 2005, Marseille a engagé 200 millions d'euros de dépenses dont 110 au titre de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine, 35 contre l'habitat indigne et 28 au profit du logement social.

Des préconisations pour l'habitat privé en 2015

« Nous l'avons fait pour préserver l'habitat et réhabiliter les logements avec des aides publiques », a encore ajouté le maire citant « des opérations de résorption de l'habitat insalubre » via la démolition et la construction de nouveaux logements sociaux. Le chantier reste « immense », a-t-il également souligné, en appelant à l'Etat pour que « la réglementation évolue et facilite » les démarches.

« C'est un domaine qui implique un très grand nombre d'acteurs publics et privés, qui fait appel à des procédures terriblement longues, complexes et coûteuses. Certains savent les utiliser au détriment de l'intérêt collectif », a insisté Jean-Claude Gaudin.
« C'est un habitat qui est en outre majoritairement privé. L'intervention publique doit se confronter à des réglementations protectrices de la propriété. »

En 2015, dans le cadre d'un rapport sur le patrimoine immobilier dans la cité phocéenne, l'inspecteur général de l'administration du développement durable Christian Nicol avait pourtant émis quelques préconisations quant à l'habitat privé.

Par exemple, il recommandait de « structurer et renforcer le traitement de l'habitat privé, indigne ou dégradé en lien avec les projets urbains » de « sécuriser, à court et moyen terme, l'intervention sur les îlots prioritaires identifiés par la Ville » ou encore de « définir et formaliser une stratégie globale et partagée de traitement du centre ancien qui s'inscrive dans le long terme ».

Un audit de la préfecture et un plan national

L'association marseillaise ''Un centre-ville pour tous'', citée par l'agence de presse Reuters, a ainsi pointé « une conséquence directe de l'incurie de la mairie dans la prévention et le traitement de l'habitat indigne et dangereux dans le centre-ville ».

« Au pouvoir depuis 25 ans, l'équipe de Jean Claude Gaudin n'a pas varié dans ses objectifs de chasser les familles modestes du centre-ville, laissant pourrir l'habitat indigne et refusant obstinément une rénovation au profit des habitants et la production de logement social dans le centre-ville », écrit-elle.

Mardi, c'est l'Etat, par la voix du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, qui annonçait avoir demandé à la préfecture locale de mener un audit « immeuble par immeuble ». Le 10 octobre dernier, lors du congrès HLM qui se déroulait justement à Marseille, Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement, avait, lui, lancé le plan « Initiative copropriétés » visant à lutter contre ces habitats dégradés voire indignes.