Passoires thermiques : Le Maire souhaite modifier les diagnostics de performance énergétique (DPE)

Par latribune.fr  |   |  646  mots
« Je souhaite que le diagnostic de performance énergétique soit modifié pour tenir compte aujourd'hui des biais qu'il a », a annoncé Bruno le Maire (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
Pour répondre aux critiques des propriétaires qui accusent le DPE d’avoir des biais sur le chauffage ou encore la taille des surfaces, le ministre de l’Économie a annoncé « souhaiter » modifier les critères du diagnostic de performance énergétique.

Le gouvernement met le paquet sur la communication autour des rénovations énergétiques des logements ces derniers jours. Après la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, vendredi, c'est au tour de Bruno le Maire, le ministre de l'Économie, de se prononcer sur la problématique des passoires thermiques. Et en particulier, sur les diagnostics de performance énergétique. Pour rappel, ce document note les logements entre A et G, en fonction de leur consommation d'énergie et de leur impact sur le climat.

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« Je souhaite que le diagnostic de performance énergétique soit modifié pour tenir compte aujourd'hui des biais qu'il a, à la fois sur les modalités de chauffage et sur la taille des surfaces. Nous sommes là pour apporter des solutions aux gens, pas pour apporter des problèmes », a-t-il notamment déclaré, ce lundi au micro de Sud Radio.

Tout en rappelant que le projet de budget du gouvernement pour 2024 prévoit le renforcement du dispositif Ma Prime Rénov', Bruno Le Maire a ajouté « qu'on voit qu'il y a ici et là des impasses, on ne peut pas laisser des gens dans les impasses, car ça crée de l'anxiété, et l'écologie ne doit pas être source d'anxiété, mais elle doit être source de liberté et doit permettre à chacun de s'adapter au réchauffement climatique ».

Des diagnostics jugés biaisés

Le DPE est en effet une vraie source de stress pour certains propriétaires, car il est obligatoire dans les logements destinés à être habités. Problème, il ne se base plus sur les factures d'énergie, mais sur les caractéristiques du bâtiment (qualité de l'isolation, type de fenêtres, système de chauffage...).

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« Vous avez des propriétaires qui me disent, "mais c'est absurde votre truc, ça favorise le chauffage au gaz plutôt que le chauffage à l'électricité, ça pénalise les petites surfaces qui sont demandées par les étudiants". Changeons le diagnostic énergétique puisque visiblement, ce n'est pas le bon indicateur », a déclaré le ministre.

L'association Plurience, qui représente les grandes entreprises de la gestion et de la transaction immobilière, propose, de son côté, de rendre le diagnostic de performance énergétique (DPE) collectif opposable aux DPE individuels. « Il est important d'informer l'occupant avec le DPE individuel, mais il y a des disparités énormes entre un appartement au 1er étage plein Nord et un autre au milieu de la copro plein Sud », illustre Pierre Hautus, délégué général de Plurience.

Un premier recul sur l'interdiction de location des passoires thermiques

Le DPE est donc loin d'être parfait, de l'aveu même du ministre, alors qu'il est l'alpha et l'oméga de l'interdiction à la location des passoires thermiques à partir de 2025, tel que prévu dans la loi « Climat et Résilience », promulguée le 24 août 2021.

Concrètement, cette loi menace d'interdire à la location les logements classés F ou G dès le 1er janvier 2025, mais aussi les logements classés F en 2028 et les E en 2034, dans l'objectif de pousser les propriétaires à faire des rénovations énergétiques dans leurs logements.

Pour tenter de rassurer ces derniers, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, avait d'ailleurs assuré vendredi que cette date sera « maintenue », mais que le gouvernement réfléchit à de possibles « dérogations ».

« On peut imaginer des dérogations très ciblées et pragmatiques pour permettre aux propriétaires qui, de bonne foi, n'arrivent pas à mettre en œuvre leur projet de rénovation, de gagner peut-être un tout petit peu de temps », avait-elle déclaré au micro de BFM Business.

(Avec AFP)