
C'est une politique publique qui a le mérite de la clarté : les pires passoires thermiques, c'est-à-dire les logements laissant passer le froid l'hiver et la chaleur l'été, sont progressivement interdites à la location depuis le 1er janvier 2023. Suivront l'ensemble des habitats classés G en 2025, F en 2028 et E en 2034. Des milliards d'euros d'argent public sont fléchés vers la rénovation, mais, à l'échelle des individus, ils ne suffisent pas pour se lancer dans des travaux de rénovation globale.
« Il faut que le secteur bancaire s'empare du sujet pour faciliter au prêt des particuliers ! », exhorte le directeur général de Saint-Gobain, Benoît Bazin.
Les établissements sont « peu enclins à financer » la rénovation des copropriétés, appuie le président de la Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM), Loïc Cantin.
Une réunion à Bercy dans l'après-midi du 16 février
Pas plus tard qu'en décembre, ce dernier a interpellé le ministre du Logement en lui demandant d'« instaurer un dialogue avec les banques » - et avec les compagnies d'assurance, plaidait la présidente de l'Union des syndicats de l'immobilier (Unis). Une réclamation acceptée à moitié par Olivier Klein :
« Vous avez raison, trop d'établissements bancaires rechignent à financer » la rénovation des copropriétés.
Et d'annoncer qu'il réunirait 5 ou 6 principaux établissements bancaires, et non les assureurs, pour « engager le dialogue » et « trouver des solutions ».
La promesse a été tenue : en compagnie des ministres de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, Bruno Le Maire, et de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, le ministre du Logement Olivier Klein a reçu, à Bercy dans l'après-midi du 16 février, les représentants des grandes banques françaises.
Dans un communiqué publié à la sortie de la réunion, le gouvernement et les établissements de crédit affirment avoir « souligné la nécessité de poursuivre un travail commun permettant de mieux articuler les solutions de financement bancaire et les dispositifs de soutien public en matière de rénovation énergétique ».
Des réflexions engagées pour soutenir l'accès au financement
« Des réflexions seront engagées afin de faciliter l'engagement des copropriétés dans les travaux de rénovation et de soutenir leur accès au financement », est-il également écrit dans la déclaration transmise à la presse.
Contacté par La Tribune à l'issue du rendez-vous, Olivier Klein explique qu'il s'agit de mobiliser les banques autour du financement du reste à charge, notamment en faisant de l'avance de trésorerie comme le fait déjà la Caisse d'Epargne Île-de-France. Avec ses collègues, il plaide ainsi pour que l'éco-prêt à taux zéro, en théorie ouvert à tous, soit étendu à plus de banques pour déclencher les chantiers.
Des chantiers sont aussi en cours sur la « simplification de la gouvernance ». Aujourd'hui, les règles de majorité dans les assemblées générales de copropriété diffèrent selon la nature des travaux. Les travaux d'économie d'énergie qui ne relèvent pas de l'entretien, comme ceux portant sur l'isolation thermique du bâtiment, ou les chantiers d'intérêt collectif réalisés sur les parties privatives (fenêtres), doivent être adoptés à la majorité. C'est là que le bât blesse : des copropriétaires, qui n'ont pas les moyens, peuvent bloquer tout processus.
« Que les banques regardent les clients avec une forme de bienveillance »
Autre sujet sur la table hier : « L'état et les perspectives de production de crédits immobiliers en ce début d'année ». Les représentants du gouvernement Borne déclarent avoir évoqué « les effets positifs » de la révision mensuelle du taux d'usure. « Il est important que les banques regardent les clients avec une forme de bienveillance », déclare à La Tribune le ministre du Logement, qui pousse à des prêts d'accession à la propriété, pressé par les promoteurs immobiliers dont les opérations de logement neuf sont mises à mal.
Sans attendre le prochain raout, que pense le ministre du Logement du « passeport rénovation » défendu par le directeur général de Saint-Gobain, qu'il a reçu dans son bureau cette semaine ? Benoît Bazin défend en effet l'idée que plus un Français avance dans la rénovation globale, plus il doit obtenir de subventions en fonction du calendrier de réalisation des travaux. Olivier Klein n'y est pas hostile et rappelle le rôle de l'« accompagnateur Rénov' » qui doit permettre d'indiquer aux différents propriétaires les gestes qu'ils doivent faire.
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