Depuis le 1er janvier, les plus énergivores des passoires thermiques sont interdites à la location. Ce, afin d'inciter leurs propriétaires à les rénover. Une mesure qui sera étendue dès 2025 à l'ensemble des logements dont la performance énergétique est notée G (note la plus basse) puis aux F et aux E, respectivement à partir de 2028 et 2034.
Un calendrier que la Fnaim dénonce une nouvelle fois. Car pour la principale organisation patronale de l'immobilier, afin de mener à bien des travaux de rénovation en copropriété, les étapes sont nombreuses et fastidieuses, ce à quoi s'ajoutent des délais importants entre le vote des travaux et leur lancement. D'après un sondage réalisé en septembre dernier par la fédération, dans plus de 40 % des cas, les travaux sont tributaires d'une décision en Assemblée générale de copropriété. Et, en général, engager des travaux d'isolation, nécessite une décision collective.
« La temporalité de la politique publique n'est pas celle de la réalité de nos métiers et des syndics de copropriété en France. Il va falloir le comprendre », a martelé Loïc Cantin, nouveau président de la Fnaim. Et d'ajouter, sur la base des retours des adhérents de la fédération : « En France, pour parvenir à une simple intervention d'isolation thermique par l'extérieur, le délai moyen est de 18 mois ».
Des calendriers qui ne collent pas
En cause notamment pour expliquer ces délais à rallonge, le manque de professionnels habilités dans le bâtiment. « Vous le savez tous, le marché des prestataires dans le bâtiment est un marché encombré. Quel Français n'a pas connu de difficultés pour trouver un couvreur, un maçon, un plombier, un électricien ? », interroge Loïc Cantin.
Dans ces conditions, le calendrier de l'interdiction progressive des logements très énergivores est « intenable », a-t-il dénoncé, faisant écho à un grief récurrent de la Fnaim. Calendrier qui n'est d'ailleurs, selon lui, pas cohérent avec celui édicté par le gouvernement pour la rénovation des copropriétés. Dans les immeubles de plus de 15 ans, les syndics des copropriétés de plus de 200 lots ont l'obligation, depuis le 1er janvier, d'élaborer un projet de plan pluriannuel de travaux. Une obligation qui va progressivement être étendue aux plus petites copropriétés d'ici à 2025. Ce qui est trop court pour entrer dans les clous de l'interdiction de louer les passoires thermiques, dénonce la Fnaim, qui réclame de longue date la suspension de cette interdiction dès lors qu'un plan pluriannuel de travaux est engagé.
17% des logements français sont des passoires thermiques
La France compte 5,2 millions de passoires énergétiques (biens classés F et G) sur 30 millions de résidences principales, selon les chiffres de janvier 2022 de l'Observatoire national de la rénovation énergétique. Soit 17% du parc. C'est beaucoup plus que lors de la précédente estimation en 2018 (4,8%), le calcul du diagnostic de performance énergétique ayant changé en 2021 pour désormais tenir compte à la fois de la consommation primaire d'énergie et des émissions de gaz à effet de serre des logements. La part de passoires énergétiques est plus élevée parmi les résidences secondaires (32%, soit 1,2 million de logements) et parmi les logements vacants (27%, soit 0,8 million de logements).
La situation de l'Île-de-France est particulièrement alarmante : environ la moitié des logements sont menacés par la future interdiction de louer des biens énergivores, selon une étude de l'Insee et de l'Institut Paris Région parue mi-octobre. Dans le détail, 45% des résidences principales d'Ile-de-France entraient, en 2018, dans l'une de ces trois classes énergétiques soumises à l'interdiction (G, F et E). Un chiffre qui monte à 55% pour les logements locatifs privés, et à 48% pour les logements occupés par leur propriétaire. Les logements sociaux, gérés de façon plus centralisée, sont les meilleurs élèves avec seulement 29% d'étiquettes E, F ou G.
(Avec AFP)
Sujets les + commentés