Après des années difficiles, la biotech Transgene tente de rebondir en immunologie

Par Jean-Yves Paillé  |   |  667  mots
"Aujourd'hui, nous avons les financements nécessaires pour continuer nos études cliniques jusqu'en 2018", promet Philippe Achinard, PDG de Trangene.
En convalescence après une importante restructuration, Transgene compte sur un pipeline de cinq traitements en développement clinique, et mise sur un maximum de partenariats pour minimiser les coûts de développement et les risques.

Transgene est une des plus anciennes biotechs cotées en France, mais elle n'a pas encore réussi à confirmer dans le marché pharmaceutique. Mardi 21 mars, lors de la présentation des résultats de la société strasbourgeoise, Philippe Achinard, PDG de la société, a promis "un plan de développement clair".

La biotech mise sur mise sur cinq produits en immunothérapie, avec une stratégie orientée vers la combinaison de vaccins thérapeutiques et de virus oncolytiques (visant à stimuler le système immunitaire pour attaquer les tumeurs) avec des inhibiteurs de points de contrôle immunitaires (des anticorps monoclonaux). Une stratégie pour augmenter l'efficacité des anticancéreux sur un plus grand nombre de patients.

Transgene veut "transformer ses essais cliniques en accord de partenariats", dit Philippe Achinard. La biotech strasbourgeoise a déjà passé plusieurs accords, dont un avec BMS pour développer le produit TG4010, un vaccin thérapeutique contre le cancer du poumon dit "non à petites cellules" associé à l'inhibiteur nivolumab. Ou encore avec Merck Kgaa et Pfizer pour le TG4001 contre les cancers de la tête et du cou positifs au virus HPV combiné avec l'inhibiteur avelumab. Et enfin, avec Sillajen pour développer son virus oncolytique.

En multipliant les partenariats, Transgene opte pour la sécurité, pouvant débourser moins d'argent pour le développement de ses traitements, et en ayant plus de chances de les lancer un jour sur le marché. Y a-t-il un risque de faible retour sur investissement ? Transgene assure que sa stratégie fournira un retour sur investissement important car elles n'a "pas d'accords d'exclusivité".

Division par deux des effectifs

L'année 2015 fut celle des sacrifices pour Transgene, avec une profonde remise en question. Le groupe décide de réorienter ses activités. Il lance un plan de sauvegarde de l'emploi, divisant ses effectifs par deux, pour arriver à 140 salariés aujourd'hui. Il inscrit 7,5 millions d'euros de charges la même année, suite à la restructuration. Un an plus tard,Transgene cède son site de production, censé concevoir ses traitements, à ABL Europe, et devient une société totalement focalisée sur la recherche et développement (R&D). Elle bénéficie d'un prêt de 20 millions d'euros de la Banque européenne d'investissement pour pouvoir se relancer, en janvier 2016..

Toutefois, suite au coût de la restructuration, le groupe a toutefois dû diminuer ses dépenses en R&D, concède Philippe Achinard. En 2016, Transgene a ainsi dépensé 26,4 millions d'euros dans ce secteur, contre 32,1 millions d'euros en 2015.

 Autrefois une star attendue dans la thérapie génique

Transgene avait connu ses années folles avant d'en arriver là. Créée en 1979 par Pierre Chambon et Philippe Kourilsky, deux biologistes, la biotech strasbourgeoise dédie son activité à la réalisation de projets de recherche pour des tiers. Elle connait un premier succès en vendant son vaccin contre la rage à Merial, laboratoire de santé animale.

Puis, elle se spécialise dans la  thérapie génique en 1992, espérant développer et commercialiser ses produits sur le modèle d'un labo pharmaceutique. Elle s'introduit à Euronext mais également au Nasdaq en 1998. La biotech soulève de grands espoirs dans le monde scientifique avec cette stratégie thérapeutique très prisée alors. Ne parvenant pas à confirmer dans ce domaine thérapeutique, elle l'abandonne peu à peu, se recentrant dans les années 2000 sur d'autres stratégies thérapeutiques contre cancer et les maladies infectieuses. Elle quitte le Nasdaq en 2005.

La biotech connait plusieurs échecs les années suivantes. En 2011, Roche met fin à l'accord de licence pour le traitement de maladies dues au virus du papillome humain. En 2014, autre mauvaise nouvelle pour Transgene, Novartis choisit de ne pas lever l'option sur les droits du TG4010, une immunothérapie contre le cancer du poumon dit "non à petites cellules".

Elle aborde néanmoins l'avenir avec sérénité. "Aujourd'hui, nous avons les financements nécessaires pour continuer nos études cliniques jusqu'en 2018", promet Philippe Achinard.