Ces pays qui tapent du poing sur la table contre les prix des médicaments

Par Jean-Yves Paillé  |   |  543  mots
La Colombie a lancé un ultimatum contre Novartis, le 18 mai.
Pression sur les prix des laboratoires pharmaceutiques, autorisation de l'utilisation d'un brevet sans l'accord de son détenteur... Plusieurs pays mènent ou ont mené une bataille rude pour maîtriser le coût de certains médicaments.

Lors du G7 (en juin) et du G20 (en septembre) à venir, la France va soumettre l'idée d'une entente collective en vue d'"une maîtrise universelle du prix des médicaments". En attendant, les autorités de santé et les organismes payeurs de nombreux pays dans le monde accroissent leurs pression sur les industries du médicament.

  • L'exemple le plus récent est celui de la Colombie. Le 18 mai, le pays a lancé un ultimatum à Novartis, rapporte Reuters. Si le géant Suisse ne réduit pas les prix du Glivec (imatinib), un anticancéreux pour les personnes atteintes de leucémie très utilisé dans le pays, le gouvernement colombien promet de faire en sorte que le monopole de Novartis soit brisé. Le pays est prêt à imposer une licence obligatoire. En clair, il s'agit de l'autorisation de l'utilisation d'un brevet sans l'accord de son détenteur. Cela permet la fabrication de génériques moins chers que la molécule d'origine, en considérant leur importance vitale pour la santé publique. Actuellement, une tablette de 400 milligrammes de Glivec coûte 43 dollars, le gouvernement colombien veut l'abaisser à 18,50 dollars.
  • En 2012, l'Inde avait également imposé une licence obligatoire pour un anticancéreux de l'Allemand Bayer, afin de produire un générique moins onéreux. Jeudi 10 mai, l'autorité indienne chargée de réguler les prix des médicaments (National Pharmaceutical Pricing Authority) a cette fois-ci serré la vis sur les prix de 54 médicaments faisant partie de la liste nationale des médicaments. Ils ont été baissés de 55%, rapporte le Time of India. Cela concerne des médicaments contre plusieurs cancers et contre le diabète, notamment... Le gouvernement veut rendre les médicaments dédiés aux maladies critiques plus abordables, ajoute le journal.
  •  La Chine mène en ce moment une campagne très offensive pour baisser les prix des médicaments, relève Bloomberg en mars. Le pays a assuré avoir remporté des baisses de prix de plus de 50% sur cinq types de médicaments importés et notamment des anticancéreux, des molécules qui créent la polémique en raison de leur coût. Résultat : les ventes des plus gros laboratoires pharmaceutiques ont ralenti fortement l'année dernière. Pis, GSK a connu une baisse de ses revenus de plus de 15% dans le deuxième marché mondial des médicaments, rapporte Bloomberg. La Chine doit faire face à des dépenses de plus en plus importantes en raison du nombre grandissant de personnes âgées et de malades chroniques (diabète, cancer, etc).