Médicaments : En 2015, les Américains ont (encore) dépensé une fortune

Les dépenses des Etats-Unis en médicaments ont progressé de 8,5%, grimpant à 310 milliards de dollars, selon IMS Health, contre une hausse de plus de 14% un an plus tôt. Le cabinet prévoit une croissance des dépenses du système de santé au ralenti dans les années à venir malgré l'arrivée de nouveaux médicaments innovants et onéreux.
Jean-Yves Paillé
Les dépenses des Etats-Unis en médicaments grimperont à 370- 400 milliards de dollars en 2020, soit une croissance annuelle de 4% à 7%.

Les derniers chiffres publiés sur les dépenses concédées par les Etats-Unis en médicaments risquent de nourrir un débat déjà enflammé outre-Atlantique. Elles s'inscrivent en hausse de 8,5% sur un an et atteignent 310 milliards de dollars (274 milliards d'euros) en 2015, selon une étude du cabinet de conseil IMS Health publiée jeudi 14 avril. Ce montant représente environ 1,7% du PIB du pays (18.000 milliards de dollars environ en 2015).. A titre de comparaison, en France, l'Assurance maladie avait couvert 23 milliards d'euros de dépenses en médicaments en 2014, autour de 1,1% du PIB.

En 2015, la croissance des dépenses américaines a été soutenue par l'achat de nouveaux médicaments de spécialité, comme le Sovaldi et le Harvoni de Gilead contre l'hépatite C ou les nouveaux anticancéreux (immunothérapie). Ces traitements ont représenté 121 milliards de dollars de dépenses nettes, c'est 15% de plus qu'en 2014.

Davantage de remises accordées

Pourtant, un retournement de situation semble se profiler. Les dépenses consenties par le système de santé américain en 2015 ont moins crû qu'en 2014, où elles avaient augmenté de 14,2%. En effet, le montant des rabais, ristournes et autres concessions accordées sur les prix est de plus en plus élevé.

Si l'on ne compte pas les remises consenties par les laboratoires pharmaceutiques, les dépenses brutes du système de santé américain atteignait 425 milliards de dollars en 2015, soit 115 milliards de plus. Le montant total de ces remises a augmenté de 20% par rapport à 2014 et de plus de 100% par rapport à 2009.

Murray Aitken, directeur exécutif d'IMS Heath, estime que cette croissance des dépenses nettes moins importante qu'en 2014 (+15%) est due notamment à la concurrence exacerbée dans plusieurs domaines.

"Le niveau des concessions de prix atteintes en 2015 marque un changement dans la dynamique du marché. Les fabricants acceptent des hausses de prix plus modestes sur les produits existants."

Avec des cas ou les prix des médicaments reculent après des hausses conséquentes. C'est le cas du diabète par exemple. Le prix de l'insuline Lantus de Sanofi a baissé en 2015 pour la première fois, face à l'arrivée d'un produit concurrent de Novo Nordisk. Mais entre 2010 et 2015, le blockbuster du laboratoire pharmaceutique français avait été augmenté de 168%, selon des données compilées par Bloomberg.

A cela s'ajoute, selon lui, les résultats de la politique plus agressive de l'assurance maladie et des "pharmacy benefit managers". Il s'agit de tiers administrateurs qui négocient les prix avec les fabricants de médicaments. Ils ont pour objectif de réduire les dépenses en médicaments tout en visant une amélioration les soins. Les assureurs santé restreignent également l'accès à certains traitements, "sauf si les fabricants acceptent d'importants rabais".

IMS Health prévoit que les dépenses des Etats-Unis en médicaments continueront à augmenter quoi qu'il arrive. Elles grimperont à 370, voire 400 milliards de dollars en 2020, soit une croissance annuelle de 4% à 7% sur les 4 ans à venir. Une inflation toujours, mais un peu plus au ralenti.

Jean-Yves Paillé

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