Covid-19 : Inquiétude sur l’effet de certains traitements contre la sclérose en plaques sur l’efficacité des vaccins

Par latribune.fr  |   |  489  mots
A ce stade, ces observations sont avant tout basées sur des cas particuliers, mais des études cliniques permettront d'en savoir plus. (Crédits : Stephane Mahe)
Certains traitements à effet immuno-suppresseur administrés contre la sclérose en plaques semblent rendre le vaccin contre la Covid-19 moins efficace. Aucune publication scientifique ne permet cependant de confirmer ces observations, qui s'appuient sur des cas particuliers.

Ce ne sont pour l'heure que des observations de « cas particuliers », mais cela suffit à inquiéter certains spécialistes, qui tirent la sonnette d'alarme sur l'effet possible de la Covid-19 et de ses vaccins lorsqu'ils sont associés à certains médicaments contre la sclérose en plaques (SEP), cette maladie auto-immune du système nerveux central. Sont concernés ce qu'on appelle les anti-CD20 : le rituximab et l'ocrelizumab.

« Les patients traités avec cette classe de traitements sont à la fois plus exposés aux formes graves de Covid et risquent de moins bien répondre à la vaccination », affirme le neurologue Jean Pelletier, de la Fondation Arsep (Aide à la recherche sur la sclérose en plaques), rapporte l'AFP ce samedi.

Parmi les plus de 2,8 millions de personnes touchées par la sclérose en plaques dans le monde (110.000 en France), « autour de 20% » des patients recçoivent ce type de traitements, soit dès le début de leur maladie, soit parce que les autres n'ont pas fonctionné, explique le médecin. Administrés « sous la forme de perfusions tous les six mois », ils sont « extrêmement efficaces dans le traitement de fond de la sclérose en plaques ». Mais du point de vue du Covid, c'est en revanche la double peine, avance-t-il.

Lire aussi 3 mnCovid-19: Sanofi lance l'essai de phase 3 de son vaccin développé avec GSK

Fabrication des anticorps

D'après le médecin, des personnes atteintes de SEP et traitées par ces anti-CD20 ne produisent en effet pas d'anticorps avec la vaccination contre la Covid. Une observation d'autant plus préoccupante que l'impact de ces traitements semble « probablement beaucoup plus prolongé » que les six mois d'intervalle entre chaque prise.

Les effets que semblent provoquer les anti-CD20 du point de vue du Covid pourraient s'expliquer par le fait que « ces médicaments agissent sur les lymphocytes B, les cellules qui fabriquent les anticorps », ajoute le spécialiste.

Une étude en cours

A ce stade cependant, aucune publication scientifique ne permet de confirmer cette hypothèse. Pour en savoir plus, une étude française chapeautée par l'Inserm et baptisée COV-POPART visera « à évaluer l'effet de la vaccination contre le Covid » chez des patients traités pour plusieurs maladies (cancers, maladies rénales, diabète, SEP, etc.), en fonction des traitements qui leur sont administrés.

Pour la sclérose en plaques, 600 patients doivent y participer, et « on pourra avoir une première réponse dans 6 mois », espère Jean Pelletier, qui estime que cela pourrait rendre nécessaire une adaptation de la stratégie vaccinale chez les personnes concernées.

Lire aussi 4 mnLes membres de l'OMS se réunissent pour construire le monde post-Covid

Par ailleurs, il n'existe pas de signal similaire concernant les autres traitements de fond de la SEP, comme les interférons administrés par injection intramusculaire ou sous-cutanée, qui pourraient même avoir un effet « un peu protecteur », avance Jean Pelletier.

Avec AFP