L'Allemagne pourrait acheter 30 millions de doses du vaccin russe Spoutnik V

Par AFP  |   |  444  mots
Toujours pas autorisé en Europe, l'Allemagne envisage de commander 30 millions de doses du vaccin russe Spoutnik. (Crédits : Ognen Teofilovski)
Alors que l'Agence européenne des médicaments (EMA) n'a toujours pas autorisé son utilisation, l'Allemagne a annoncé qu'elle envisage de commander 30 millions de doses du Spoutnik. Très controversé en Europe, le vaccin russe a été accusé de servir de « propagande » par le ministre français des Affaires étrangères.

L'Allemagne envisage d'acheter 30 millions de doses du vaccin russe Spoutnik V, qui n'a pas encore reçu le feu vert de l'Europe, a indiqué le ministre-président de la Saxe, Michael Kretschmer.

"Nous plaidons avec force en faveur d'un processus d'approbation rapide d'ici le mois de mai", a tweeté cet élu conservateur d'ex-RDA, qui s'est entretenu avec le ministre russe de la Santé, Mikhaïl Mourachko.

L'Allemagne souhaiterait acheter 30 millions de doses, à raison de 10 millions de doses chaque mois entre juin et août, précise le ministre-président saxon.

Un « contrat d'achat anticipé »

M. Kretschmer effectue depuis mercredi une visite de plusieurs jours en Russie, dans un contexte tendu entre Moscou et Berlin, marqué par la concentration de troupes russes à la frontière avec l'Ukraine ou le sort réservé à l'opposant Alexeï Navalny, soigné en Allemagne après un empoisonnement et depuis incarcéré en Russie, où son état de santé est jugé alarmant par ses proches et médecins.

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 Le dirigeant allemand a notamment eu un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine.

Le président russe a "confirmé la disponibilité de la partie russe à coopérer avec les partenaires allemands à cette fin, notamment pour organiser les livraisons et la production commune de vaccins", selon un communiqué du Kremlin.

Le Fonds souverain russe (RDIF), qui a financé le développement de ce vaccin, avait indiqué le 8 avril avoir débuté les négociations avec Berlin "pour un contrat d'achat anticipé".

Des accusations de « propagande »

Le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, avait justifié la décision de Berlin de faire cavalier seul par le refus de la Commission européenne de négocier au nom des Vingt-Sept l'achat du Spoutnik V, contrairement à ce qu'elle a fait avec d'autres vaccins contre le Covid-19.

La Bavière avait de son côté négocié un "contrat préliminaire" en vue de recevoir 2,5 millions doses du vaccin russe, sous réserve du feu vert européen. La région de Mecklembourg-Poméranie occidentale lui avait emboîté le pas, annonçant également une pré-commande.

La question de l'utilisation du Spoutnik V est controversée en Europe. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a ainsi reproché récemment à la Russie d'en faire un outil de "propagande" dans le monde.

L'EMA n'a pas fixé d'échéance concernant sa décision sur le Spoutnik V alors que, pour les autres laboratoires ayant jusqu'ici soumis leur vaccin contre le Covid à une approbation, l'EMA avait examiné les données fournies durant 2 à 4 mois.