Santé : ces défauts que la France doit corriger en priorité selon l'OCDE

Par Jean-Yves Paillé  |   |  662  mots
L'étude rapporte que 30 doses journalières d'antibiotiques sont consommées pour mille habitants dans le pays par an, ce qui en fait le deuxième pays plus gros consommateur de l'OCDE, derrière la Grèce.
Un rapport de l'OCDE se satisfait des performances globales en santé de la France, mais déplore la surconsommation de tabac, d'alcool et d'antibiotiques.

Dans son dernier panorama 2017, diffusé le jeudi 9 novembre, l'OCDE a publié dix-neuf indicateurs comparant les performances dans la santé des 35 pays membres de l'organisation. L'institution évoque un accès et une qualité des soins "généralement bons" pour les patients en France, ajoutant qu'elle "bénéficie d'un meilleur état de santé que la moyenne" des pays étudiés. Mais l'étude juge que la France est une mauvaise élève dans trois domaines.

Surconsommation d'antibiotiques

C'est le domaine dans lequel la France est la plus mal classée par rapport à la moyenne des pays de l'OCDE. L'étude rapporte que 30 doses journalières d'antibiotiques sont consommées pour mille habitants dans le pays par an, ce qui en fait le deuxième pays plus gros consommateur de l'OCDE, derrière la Grèce. La France recourt trois fois plus à ces molécules que les Pays-Bas, pays le mieux classé. Et le nombre de prescriptions a augmenté entre 2010 et 2015 dans l'Hexagone.

Or, cette surconsommation favorise la résistance antimicrobienne, responsable de 12.500 morts chaque année en France. Les effets néfastes de cette consommation d'antibiotiques à outrance sont également d'ordre économique. Dans une étude publiée en septembre 2016, comparant les pratiques de la France avec celle des pays européens plus vertueux en matière de consommation de ces médicaments, l'Agence nationale de sécurité du médicament estime que ce problème représente un surcoût annuel de plusieurs centaines de millions d'euros pour la sécurité sociale.

La consommation de tabac ne baisse pas contrairement à la tendance générale

D'après les chiffres de l'étude, 22,4% de la population française fume, contre 18,4% en moyenne dans les autres pays de l'OCDE. Alors que globalement, la consommation de cigarettes diminue, explique le rapport, elle a tendance à stagner en France chez les 15-75 ans, selon l'Institut nationale de veille sanitaire (Invs). Une tendance due à l'augmentation du pourcentage de tabagisme chez les personnes aux bas revenus. Cette consommation de tabac, jugée responsable de plus de 70.000 morts par an, coûterait 10 milliards d'euros à la collectivité sur cette période, avance Santé publique France.

Par ailleurs, selon l'OCDE, la France est aujourd'hui le troisième pays ayant la prévalence la plus forte de tabagisme chez les adolescents âgés de 15 ans est la plus forte à 19%, contre 12% en moyenne dans les autres pays, malgré les hausses successives du prix du tabac. Pas sûr que l'objectif d'une génération sans tabac pour les Français nés aujourd'hui soit atteint, malgré le passage progressif du paquet de cigarettes à 10 euros en 2020...

Quatrième plus gros consommateur d'alcool

Troisième indicateur pour lequel l'OCDE tire la sonnette d'alarme: la consommation d'alcool dans l'Hexagone. La moyenne des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques grimpe à 9 litres par habitant et par an en moyenne. Les Français sont les quatrièmes plus gros buveurs, avec 11,9 litres. L'alcool est actuellement responsable de 49.000 décès par an dans le pays, avec un coût économique qui atteint 2,5 milliards d'euros pour les seules hospitalisations, selon l'Invs.

Inquiétude de l'OCDE sur l'augmentation des taux de surpoids

Dans l'indicateur consacré à l'obésité, la France est encore loin d'être dans le rouge. Mais l'OCDE s'inquiète de l'augmentation régulière. Le taux de surpoids a augmenté de 16% chez les jeunes âgés de 15 ans entre les périodes 2001-02 et 2013-14, touchant désormais 12% d'entre eux. L'OCDE se rassure toutefois de deux mesures prévues par le gouvernement: le "Nutriscore" et de la "taxe soda. La première, qui consiste à mettre en place un étiquetage nutritionnel pour les produits alimentaires, a été mise en place à la fin du mois d'octobre par arrêté ministériel. Elle classe par couleur les aliments de A (bon pour la santé) à E (limiter). La seconde a été votée par l'Assemblée nationale dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS 2018).