Pourquoi 30.000 emplois sont menacés dans l'énergie selon Force Ouvrière

Par Jean-Yves Paillé  |   |  579  mots
Près de 20.000 salariés d'EDF seraient menacés par l'ouverture du marché de l'énergie à la concurrence, selon Jean-Pierre Vallery de FO.
"L'ouverture du marché" à de nouvelles entreprises pourrait provoquer un dumping social, selon le syndicat qui a lancé un appel à la grève dans les Industries électriques et gazières ce mardi 4 novembre.

Le projet de loi de transition énergétique a été adopté mardi 14 octobre par l'Assemblée nationale au grand dam d'Énergie Europe Force Ouvrière (EeFO). Selon le syndicat, 30.000 emplois sont menacés dans le secteur de l'énergie dans les entreprises EDF et GDF Suez sur les cinq années à venir.

EeFO met en cause "l'ouverture du marché de l'énergie à de nouveaux acteurs de l'énergie comme Lampiri (société belge), Direct Énergie (fournisseurs d'électricité français)", combinée à "la suppression progressive des tarifs régulés de vente (TRV) pour les fournisseurs historiques d'énergie GDF Suez et EDF pour les consommateurs non-résidentiels".

Ainsi, ces entreprises de l'énergie concurrentes ne vont pas "respecter les règles sociales françaises et mettent en place un véritable dumping social" car le statut protecteur du personnel des industries électriques et gazières (IEG) "n'est pas prévu pour les nouveaux entrants", d'après Jean-Pierre Vallery, délégué syndical central Force Ouvrière GDF-Suez.

13.000 emplois seraient menacés chez GDF

Pour FO, GDF Suez sera "pénalisé avec des pertes de parts de marché qui incitent encore plus la direction à remettre en cause le statut des IEG". Et de renchérir:

"L'externalisation des activités se développe à un rythme effréné, et l'ambition d'ôter le statut aux salariés en place est ouvertement affichée."

Jean-Pierre Vallery avance "13.800 emplois de GDF Suez menacés, dont 6.000 emplois directs".

16.000 salariés sur la sellette à EDF?

Même son de cloche du côté d'EDF, où EeFO estime que 12.000 salariés directs sont menacés, et plus de 4.000 prestataires:

"La situation n'est pas plus réjouissante vu que l'ouverture du marché de l'électricité va attiser l'appétit de nombreux 'commercialisateurs' qui, s'ils interviennent sur le marché sans appliquer le statut des IEG, provoqueront une crise sociale impactant près de 20.000 salariés."

En effet, s'ajoutent les entreprises locales de distribution (les régies) menacées de disparition avec ses 2.500 travailleurs, d'après Jean-Pierre Vallery.

Amendement pour un traitement égal entre opérateurs électriques et gaziers

Ainsi, le syndicat, comme la Fédération nationale des mines et de l'énergie CGT, a lancé un appel à la grève ce mardi 4 novembre dans les industries électriques et gazières pour mettre sous pression le gouvernement sur ce point. Elle dénonce également les cessions d'actifs d'EDF et GDF Suez prévues par le gouvernement, mais il "devrait être peu suivi", avoue le syndicaliste.

"Nous avons rencontré plusieurs députés de gauche et de droite qui disaient nous soutenir auparavant", assure le syndicaliste. Mais, de son propre aveu, l'amendement de Force Ouvrière prévu dans la loi de transition énergétique pour "que tous les opérateurs électriques et gaziers et leurs salariés soient traités de manière équitable [...] afin d'éviter un dumping social" n'avait pas été déposé par les élus rencontrés lors du vote le 14 octobre.

Le syndicat compte désormais jouer son va-tout et faire déposer l'amendement au Sénat, début 2015. Et de recourir à "un jeu politique" qui pourrait assurer Force Ouvrière d'obtenir satisfaction: "L'UMP devrait déposer l'amendement. S'il est voté, soit les socialistes le suppriment et ils ont alors le mauvais rôle social vis-à-vis des salariés et syndicats, soit l'amendement n'est pas retiré et l'UMP pourrait se vanter qu'elle défend plus les salariés que le Parti socialiste."